Le goût de l'archive audiovisuelle à l'ère numérique
Appel à communications
Nombre d’historiens familiers des sources écrites reconnaissent le rôle que tient le « goût de l’archive » dans leurs recherches, c’est-à-dire le plaisir lié à l’appréhension du document dans sa matérialité. Mais alors que les sources audiovisuelles ont progressivement conquis leur légitimité, les chercheurs ont rarement mis des mots sur la relation qu’ils entretiennent avec les images et les sons, ou leurs divers supports d’enregistrement et dispositifs de lecture. La réflexion sur la matérialité de ces archives, en dehors des milieux professionnels de la conservation, semble cantonnée à l’histoire des techniques et des médias - elle reste largement impensée dans la plupart des études qui mobilisent ces sources.
Cet angle mort entrave la compréhension de l’impact, pour la recherche, des politiques de numérisation massive des archives audiovisuelles, ou de l’enjeu de collecte en temps réel des flux audiovisuels, nés numériques et désormais accessibles via une diversité de terminaux.
Comment les chercheurs se sont-ils emparés de cet immense terrain de fouille ?
Le colloque sera l’occasion de faire le point sur la reconfiguration des pratiques de recherche par le numérique – poursuivant une réflexion précédemment esquissée dans un ouvrage en ligne[1] et une journée d’études[2] en l’appliquant aux sources audiovisuelles.
Appréhende-t-on les collections numériques et numérisées différemment de celles conservées sur support analogique ? Cette distinction a-t-elle un sens, ou le numérique n’est-il qu’un support supplémentaire de sauvegarde, succédant à bien d’autres (copie sur film, bande magnétique, etc.) ? Les archives de l’audiovisuel « né numérique » (plateformes vidéos, productions de vidéastes Web, Webdocumentaires, Webradio, etc.) modifient-elles les pratiques de recherche sur des sources audiovisuelles ? Quel peut être « le goût de l’archive » à l’heure de sa « discrétisation », de sa transformation en (big) data, et de son analyse par les outils de l’intelligence artificielle ?
On pourra s’interroger sur ce qui disparaît, lorsque l’on n’a plus accès au(x) premier(s) support(s) d’enregistrement, mais aussi montrer les multiples opportunités qu’offre le numérique pour l’appréhension du son et de l’image, en termes :
- de facilité d’accès, d’écoute et de visualisation ;
- d’accès à une qualité d'origine retrouvée par la restauration et l'étalonnage ;
- de définition d’objets et sujets de recherche ;
- de constitution de corpus et de mise en relation de diverses collections ;
- d’analyse de corpus et de bases de données ;
- de valorisation des résultats de recherche..
Le colloque sera ouvert aux partages d’expérience, avec une dimension réflexive et dans la mesure où ils permettent de problématiser la question de l’archive audiovisuelle numérique, mais aussi à la présentation de démarches plus expérimentales et prospectives, permettant d’imaginer ce que sera, demain, la place de l’archive audiovisuelle dans le travail du chercheur.
Le format des interventions sera résolument dynamique et court (15 minutes), afin de privilégier l’échange entre les participants, et les présentations devront être appuyées sur des images.
[1] Né de l’initiative de Frédéric Clavert et Caroline Muller (voir http://www.gout-numerique.net/le-gout-de-larchive-a-lere-numerique-a-propos), plusieurs articles de ce projet «Le goût de l’archive à l’ère numérique» ont ensuite été publiés dans La Gazette des archives n° 253 (2019-1).
Informations pratiques
Le colloque aura lieu à Paris, à l’INHA, les 9 et 10 décembre 2019.
Les propositions de communications (3000 signes maximum) devront être accompagnées d’une présentation de l’auteur (300 signes + renvoi vers une page personnelle le cas échéant) à Géraldine Poels gpoels@ina.fr avant le 20 juin 2019.
Les réponses seront envoyées aux auteurs au plus tard le 26 juillet 2019.
Comité scientifique :
Frédéric Clavert (C2DH, Université du Luxembourg)
Sylvie Lindeperg (HiCSA, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Agnès Magnien (INA)
Caroline Muller (Tempora, Université Rennes 2)
Valérie Schafer (C2DH, Université du Luxembourg)
Contact/informations : Géraldine Poels : gpoels@ina.fr - 01 49 83 30 14
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