Nourrir, se nourrir : enjeux de pouvoir de l’Antiquité au Moyen Âge
Appel à communications
Université de Picardie, Amiens
18-19 novembre 2019
L’histoire de l’alimentation a été beaucoup explorée durant les vingt dernières années, selon des approches variées allant d’une très classique analyse économique au vaste champ de l’anthropologie historique. Les enjeux de pouvoir représentés par la maîtrise du ravitaillement ainsi que par la redistribution de la nourriture, voire ses usages symboliques, ne sont naturellement pas non plus un domaine vierge. Cependant, ces thématiques mériteraient peut-être de se voir accorder une place plus centrale que cela n’a été le cas jusqu’à présent, et c’est là l’ambition du colloque « Nourrir, se nourrir : enjeux de pouvoir de l’Antiquité au Moyen Âge », organisé à Amiens les 18 et 19 novembre 2019 : reprendre ces questions à nouveaux frais dans une perspective diachronique allant de la période archaïque à la fin du Moyen Âge.
Les contributions devront s’inscrire dans l’un des quatre axes suivants :
1) La façon de se nourrir comme mode de représentation et d’expression du pouvoir : l’usage de mets raffinés et d’une cuisine sophistiquée comme le développement d’un véritable art de la table, voire de rituels autour de celle-ci, sont à l’évidence l’un des modes de représentation symbolique du pouvoir et, par là même, d’expression de certains de ses référents idéologiques. Il s’agira donc ici de s’interroger sur la façon dont ce même pouvoir a su utiliser les différentes possibilités qui lui étaient offertes par ce biais dans des contextes aussi variés que celui de la cité grecque, de la Rome impériale ou des cours princières du XVe siècle, pour ne citer que quelques exemples.
2) Nourrir comme fonction essentielle du pouvoir : dans les sociétés anciennes comme aujourd’hui, l’une des sources fondamentales de la légitimité du pouvoir tient à sa capacité à assurer la survie et la prospérité de la communauté. Cela passe bien sûr par la sécurité de celle-ci, et donc par la fonction militaire ; mais également par la fonction nourricière. Et cela explique aussi bien la place des pratiques alimentaires dans la symbolique du pouvoir, évoquées précédemment, que celle de la redistribution dans son exercice. Il conviendra donc d’accorder une attention particulière à toutes les formes de l’évergésie dans le monde antique ou, dans le monde médiéval devenu chrétien, d’une fonction charitable éminemment associée à certains pouvoirs, ecclésiastiques mais également laïcs.
3) Le pouvoir comme gestionnaire du ravitaillement et de la redistribution : la fonction nourricière oblige évidemment le pouvoir à déployer de véritables stratégies économiques qui devront également être étudiées. Les contributions devront ici porter sur le type de produits dont le pouvoir se doit d’assurer la production, l’acheminement et la distribution dans les centres de consommation, mais également sur les métiers comme sur les techniques mis à contribution dans cette perspective.
4) La fonction nourricière comme ressort d’une structuration de l’espace par le pouvoir : des considérations précédentes découle également cette dernière interrogation sur l’articulation entre nécessités vivrières et modes de structuration de l’espace par les détenteurs du pouvoir. Les contributions pourront donc ici explorer la façon dont cette préoccupation constante du ravitaillement a pesé sur le mode de domination et de mise en valeur de l’espace environnant ou plus lointain par les élites sociales et politiques, depuis le temps des premières expériences coloniales dans le monde hellénique jusqu’à celui des grands défrichements bien souvent menés dans le cadre de la seigneurie au sein de la chrétienté médiévale.
Comité d’organisation : Maria Luisa BONSANGUE (MCF histoire romaine) – Michela COSTANZI (MCF histoire et archéologie grecques) – Marie-Laurence HAACK (PR histoire romaine) – Pascal MONTAUBIN (MCF histoire médiévale) – Philippe RACINET (PR histoire médiévale) – Guillaume SAINT-GUILLAIN (MCF histoire médiévale) – Clément SARRAZANAS (MCF histoire et archéologie grecques) – Anne TALLON (MCF histoire médiévale)
Les chercheurs qui souhaiteraient participer au colloque sont priés d’envoyer à l’adresse nourrir.senourrir@gmail.com un court CV, un titre (même provisoire) de communication, ainsi qu’un résumé de la communication compris entre 1500 et 2500 signes (espaces compris). Les propositions de communication sont à envoyer avant le 30 avril 2019.
Les résumés et les communications pourront être présentés dans l’une des trois langues suivantes : français, anglais ou italien.
Il ne sera malheureusement pas possible de dédommager les intervenants pour leur trajet, mais les nuits d'hôtel et les repas seront pris en charge.
Une publication, sous la forme d'un ouvrage collectif, est prévue.
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