Les ventres de la nature à la culture. Enjeux médicaux et représentations de l’Antiquité à l’époque contemporaine
Appel à communications
Journée d'étude de la Jeune Equipe du Centre d'Histoire "Espaces et Cultures" (EA 1001) - Université Clermont Auvergne
La journée d’étude aura lieu le 3 juillet 2019
à la Maison des Sciences de l’Homme.
4 rue Ledru, Clermont-Ferrand, France (63)
Argumentaire
Les ventres physiologiques
Le ventre peut être considéré comme une région corporelle où prennent place des organes (matrice, estomac, intestins etc.) qui, s’ils sont plus ou moins valorisés en fonction de facteurs variés (espaces, périodes etc.), évoquent la vie en mouvement à travers leurs fonctions de digestion et de génération. La grossesse pouvant être perçue comme maladie ou au contraire comme remède, prendre en compte le ventre permet d’interroger la construction des limites du pathologique. D’une manière plus générale, le sujet invite à envisager dans une perspective historique les pratiques thérapeutiques et les discours médicaux engageant le ventre.
En tant qu’espace où se loge la majorité de la machinerie digestive, le ventre apparaît, après les poumons, comme l’un des principaux points d’échange entre l’homme et son environnement. Ainsi, il convient aussi d’aborder la nourriture, à laquelle le ventre est fortement associé : faim, appétit, régimes alimentaires, représentations de différentes silhouettes, troubles du comportement alimentaire peuvent constituer autant d’angles d’approches pertinents dans le cadre de ce sujet. L’intérêt actuel pour le rôle du microbiote intestinal renouvelle les réflexions sur la place du ventre dans la santé.
Repenser les représentations du ventre à travers l’histoire des genres
Cavité où sont logés la plupart des organes non-nobles (au contraire du cœur et du cerveau), le ventre semble évoquer ce qui ne peut pas être totalement caché de soi et renvoie ainsi à l’histoire de la pudeur et de l’esthétique. Les valeurs associées au ventre peuvent être comprises par l’analyse des images et des représentations. De la Préhistoire à nos jours, les diverses manières de montrer ou non cette partie du corps et de la mettre en avant selon les personnes représentées permettent de penser la façon dont le ventre a pu être perçu à différentes époques ou cultures. Dans cette perspective, l’archéologie, l’histoire de l’art et les études sur le genre enrichissent la réflexion, en particulier au sujet des représentations féminines, de la grossesse et de l’accouchement ; elles nous poussent ainsi à examiner le lien culturel fort établi entre le ventre et le féminin. Dans le même temps, la place du ventre dans les représentations masculines peut apporter un éclairage complémentaire à ces réflexions. Elle tend à mettre en lumière une pluralité d’éléments de réflexion sur les évolutions de la virilité. Enfin, le ventre masculin peut être le siège d’une symbolique riche allant de l’alcoolisme au statut social en passant par la gloutonnerie. Quel rôle plastique, esthétique et culturel le ventre masculin a-t-il joué à travers l’histoire de l’art ?
Représentations sociales et politiques
Aux XVIIIème et XIXème siècle, « le ventre bourgeois » est une figure récurrente de la mythologie politique depuis la Révolution française, symbolisant l’opulence et la richesse. Traditionnellement peu mis en valeur face au prestige de la tête dans l’imagerie politique, certains discours du XIXème siècle ont pu voir dans l’estomac un nouveau point nodal du corps politique en recomposition. De la comparaison à l’assimilation totale de l’État à un organisme vivant, quelle place accorder au ventre, espace de production et de transformation par excellence ?
Quelques axes de réflexions peuvent être privilégiés, sans être exhaustifs :
- Ventres et histoire des genres : Quels sont les liens entre les ventres et les constructions du genre féminin et masculin ? Quel rôle a pu jouer la visibilité de la grossesse ou de la pratique d’activités de loisir (sports, arts ...) dans ces phénomènes ?
- Histoire médicale de la région épigastrique : Quelle place est accordée aux pathologies du ventre ? Dans quelles mesures les dialogues/conflits entre des discours savants et des savoirs empiriques ont pu contribuer à faire évoluer les pratiques thérapeutiques impliquant le ventre et les pratiques alimentaires ?
- Histoire des représentations ventrues : Comment évoluent les mises en valeur ou au contraire les dissimulations du ventre dans les représentations figurées ou littéraires ? Quels liens peuvent apparaître entre pudeur et ventre ? Jusqu’où les discours politiques et sociaux se sont-ils réappropriés cette partie du corps ?
Modalités
Cette journée s’adresse aux doctorants et aux jeunes chercheurs. Les contributions devront adopter une approche historique centrée sur le ventre, sur un ou plusieurs des aspects évoqués ci-dessus. Toutes les périodes et toutes les civilisations pourront faire l’objet d’une proposition et les domaines de l’archéologie, de l’histoire, de l’histoire de l’art ou encore des études littéraires ou sur le genre pourront être conviés pour enrichir cette réflexion commune.
Les propositions devront être envoyées
avant le 22 février 2019
sous la forme d’un résumé d’environ 2500 signes accompagné d’une courte bio-bibliographie à l’adresse suivante : pauline.dubois@uca.fr. Une réponse sera envoyée le 15 mars 2019.
Comité d’organisation
Pauline DUBOIS, doctorante en histoire moderne, UCA
Ariane AUJOULAT, doctorante en histoire de l’art et archéologie antique, UCA
Comité scientifique
Catherine Breniquet, professeur d’histoire de l’art et archéologie antique, Université Clermont Auvergne (UCA)
Patrick Fournier, maître de conférences en histoire moderne, Université Clermont Auvergne (UCA)
Stéphane Le Bras, maître de conférences en histoire contemporaine, Université Clermont Auvergne (UCA)
Céline Pérol, maître de conférences en histoire médiévale, Université Clermont Auvergne (UCA)
Pierre Sérié, maître de conférences en histoire de l’art contemporain, Université Clermont Auvergne (UCA)
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