vendredi 9 mars 2018

L'État hospitalier

L'État hospitalier. Réformes hospitalières et formation d'une administration spécialisée en France (années 1960-années 2000)

Soutenance de thèse de Renaud Gay

La soutenance aura lieu le 16 mars 2018 à 9 heures, à Sciences Po Grenoble en salle Claude Domenach.

Devant le jury composé de :
  • M. Philippe Bezes, Directeur de recherche, CEE, Sciences Po Paris
  • M. Yves Déloye, Professeur des universités, Sciences Po Bordeaux, rapporteur
  • Mme Françoise Dreyfus, Professeure des universités, Université de Paris I, rapporteuse
  • M. Olivier Ihl, Professeur des universités, Université Grenoble Alpes, directeur de thèse
  • Mme Martine Kaluszynski, Directrice de recherche, PACTE, Université Grenoble Alpes
  • M. Frédéric Pierru, Chargé de recherche, CERAPS, Université de Lille

 Elle sera suivie du traditionnel pot auquel vous êtes chaleureusement convié-e-s. Il suffit simplement de m'informer de votre présence pour prévoir en conséquence.

Résumé de la thèse
L’étatisation libérale du système hospitalier français est un paradoxe bien établi que notre recherche propose de réinterroger par deux détours. Le premier est historique. Il s’agit d’ouvrir la focale temporelle en s’intéressant à un réformisme gestionnaire qui apparaît dès les années 1960, alors que la littérature sur la politique hospitalière se concentre sur la période postérieure aux années 1980. Le second est organisationnel. L’étatisation est moins appréhendée à travers la multiplication de normes et de procédures dans les hôpitaux que comme une mise en administration se traduisant par l’apparition et la stabilisation d’organisations publiques spécialisées. Au croisement de la sociologie de l’action publique et de l’étude de l’administration, notre questionnement porte sur la façon dont les réformes hospitalières successives peuvent contribuer à la définition, à l’affirmation et à la reconnaissance d’un centre politico-administratif dans une perspective sociohistorique. Nous avançons l'hypothèse générale que ces réformes cristallisent trois processus étroitement imbriqués participant à l'institutionnalisation d'une organisation administrative spécialisée que l'on appelle l'État hospitalier. Premièrement, elles soutiendraient une redistribution et une concentration des prérogatives administratives en matière hospitalière au sein d'une seule organisation (processus de monopolisation). Deuxièmement, elles favoriseraient l'accumulation par cette organisation de capacités administratives nouvelles qui lui donneraient une plus grande autonomie à l'égard des groupes extérieurs (processus d'autonomisation). Troisièmement, elles produiraient et seraient éclairées par un ensemble de savoirs spécialisés qui fonderaient la légitimité des interventions étatiques (processus de légitimation). Notre observation historique des activités réformatrices permet de dégager trois séquences temporelles qui montrent l’inégale continuité de ces processus et leur plus ou moins forte articulation en fonction des périodes historiques. Si les réformes contribuent à forger un État hospitalier relativement autonome, ses frontières organisationnelles et ses principes de légitimation sont loin d’être définitivement arrêtés. Notre enquête s’appuie sur un protocole combinant travail archivistique, entretiens semi-directifs avec des conseillers ministériels, des hauts fonctionnaires et des experts du ministère de la Santé, lecture de la littérature grise (rapports administratifs et experts, publications ministérielles), de la presse professionnelle et généraliste, étude des débats parlementaires et analyse biographique du personnel administratif d'encadrement du ministère de la Santé.

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