mardi 7 février 2017

Le diagnostic rétrospectif à l’ère de la post-génomique

Est-il légitime d’identifier les maladies dans le passé ? Le diagnostic rétrospectif à l’ère de la post-génomique 

Conférence de Pierre-Olivier Méthot (Philosophe et historien des sciences, Université Laval)

Jeudi 16 février 2017 à 17h
IRSPUM (7101 avenue Parc, Montréal), salle 3192-2.

Séminaire interdisciplinaire « La santé en débat. Rencontres autour des recherches francophones en sciences humaines et sociales sur la santé », organisé par Pierre-Marie David (Université Paris Diderot), Gabriel Girard (IRSPUM) et Alexandre Klein (Université Laval) dans le cadre des activités du réseau Québec Sciences Sociales et Santé (Q3S). 

Résumé : Le philosophe et sociologue Bruno Latour a jadis fait scandale en affirmant qu’il était anachronique de prétendre que Ramsès II serait mort des suites d’une infection au bacille de Koch. Or, Latour n’était pas le seul à questionner la pertinence de l’entreprise visant à identifier les maladies dans le passé à l’aune de nos catégories contemporaines. S’inscrivant dans le prolongement des travaux de Latour et de Kuhn, l’historien de la médecine Andrew Cunningham est sans doute celui qui a le plus fortement contribué à saper les fondements du diagnostic rétrospectif. Séparés par le laboratoire de la fin du XIXe siècle qui reconfigure de manière « radicale » l’identité des maladies, les cadres nosologiques du passé et du présent sont, selon Cunningham, incommensurables. Face à ce problème épistémologique, certains ont opté pour l’amélioration du diagnostic différentiel en se bornant à en préciser les limites méthodologiques alors que d’autres, la jugeant anachronique, présentiste et infondée du point de vue empirique, l’ont rejeté en bloc.
Tirant profit d’une convergence entre les méthodes de l’historien des sciences et celles des scientifiques qui étudient le passé, nous voudrions proposer quelques pistes de réflexion sur la valeur – et la légitimité – du diagnostic rétrospectif. Comment, par exemple, interpréter ce « retour du biologique » à partir des années 2000 au sein du débat sur le diagnostic rétrospectif ? Quel fut le rôle des technologies « post-génomiques » (ADN ancien, phylogénétique moléculaire, etc.) dans l’argumentaire visant à réhabiliter cette pratique longtemps jugée peu historienne ? Ces techniques ont-elles véritablement permis, comme certains le prétendent, d’esquiver la critique de Cunningham et de « franchir la barrière du laboratoire » ? Enfin, de quoi est-il question lorsque l’on parle des maladies dans le passé ? Est-il fait référence à l’expérience vécue de la maladie ou à l’identification de l’agent pathogène ? La critique constructiviste est-elle toujours pertinente ?

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