Les corps impatients. Enquêter sur les
sexualités juvéniles transgressives (18e-21e siècle)
Appel à contribution
Date : 24-25
novembre 2016
Lieu : Université
d’Angers
Comité scientifique : Chadia
Arab (CR, ESO, Université d’Angers), Emmanuel Gratton (MCF, LPPL, Université
d’Angers), Christophe Guibert (MCF, ESO, Université d’Angers), Nahema Hanafi
(MCF, CERHIO, Université d’Angers), David Niget (MCF, CERHIO, Université
d’Angers)
Le colloque pluridiscplinaire Les corps impatients. Enquêter sur les
sexualités juvéniles transgressives (18e-21e siècle),
en interrogeant plus de trois siècles d’histoire, du 18e siècle
– qui voit émerger les discours expertaux sur la sexualité – à nos
jours, entend aider à la compréhension des évolutions importantes concernant
d’une part, le regard porté sur la jeunesse et sa place en société, et d’autre
part, les changements relatifs aux normes et pratiques sexuelles dont les
jeunes sont souvent le moteur.
Une des originalités principales de ce colloque repose sur la prise en
compte des perceptions, motivations et capacités d’action des jeunes, restées
jusqu’ici dans l’ombre. Nous souhaitons avant tout confronter les normes
socio-culturelles (médicales, légales, religieuses…) et les préconisations
expertales relatives à la sexualité à leur réception par les jeunes eux-mêmes,
en étudiant plus particulièrement les lieux de conflits, les prises de risques,
les transgressions conscientes et plus ou moins assumées que révèlent leurs
pratiques. Afin de cerner les points de rencontre et les tensions entre
production de normes, pouvoirs de contraintes et expériences individuelles ou
collectives, nous nous concentrerons sur les sexualités transgressives qui
révèlent des stratégies d’appropriation et de redéfinition des normes édictées
et/ou une tentative de subversion des rapports de pouvoir mis en jeu dans
l’expérience de la sexualité. Il s’agit ainsi de redonner toute leur place aux
marges d’actions des jeunes, objets de discours, et de considérer la sexualité
comme un moyen d’expression, de contestation ou de revendication dans des
espaces et des contextes sociohistoriques variés.
Ce colloque se propose de rassembler des chercheur-e-s spécialistes des
questions de jeunesse, de sexualité, du corps et du genre dans une perspective
pleinement pluridisciplinaire : géographie, sociologie, anthropologie,
histoire, psychologie, littérature, mais encore arts plastiques et arts de la
scène. Il s’agit de questionner des objets communs et d’élaborer conjointement
des grilles d’analyses appliquées à différents terrains, afin de favoriser les
approches intersectionnelles notamment.
Ce colloque sera l’occasion d’explorer les démarches méthodologiques qui
permettent de saisir les sexualités juvéniles transgressives en restituant toute
leur place aux jeunes en tant qu’acteurs de leur sexualité. Nous souhaitons
donc souligner les difficultés des enquêtes sur ce thème et proposer des moyens
de les dépasser. Chaque chercheur sera invité à exposer sa démarche d’enquête
et ses sources (manuscrits, films, observations , littérature, rapports
d’expertise…) ainsi que les questionnements qu’elles impliquent. Nous
souhaiterions en particulier nous pencher sur quatre facteurs qui mettent à
distance, voire invisibilisent la parole et les expériences des jeunes :
-
La prégnance des tabous, de l’autocensure ou de la pudeur
qui, si les sources ne manquent pas ou si les acteurs demeurent accessibles,
perturbent ou interdisent le récit de la sexualité ;
-
La multiplicité et la forte présence des discours
normatifs et expertaux (religieux, médicaux, judiciaires…), lesquels relèvent
d’un discours situé sur la sexualité des jeunes mais qui restent pour autant
très peu réflexifs, donnant rarement à voir ou à comprendre les capacités
d’action et les phénomènes d’appropriation ou de subversion de la part des
jeunes.
-
La question de l’enquête elle-même et de ses apories :
les possibles tris, censures et destructions de la parole des jeunes dans les
archives ; la difficulté d’accès aux acteurs pour les observations de
terrain ; le positionnement du
chercheur-e par rapport aux personnes enquêtées (quelle posture, quelle
reflexivité ?).
-
La difficulté des chercheurs à évoquer l’expérience
juvénile de la sexualité, la tentation d’une autocensure, d’où un
questionnement sur les formes nouvelles d’écriture scientifique, le recours au
récit, ou l’usage de la performance artistique comme moyen de restitution.
Nous inviterons donc chaque intervenant-e à présenter sa façon de mobiliser
son terrain, de faire parler ses sources et ses entretiens, pour en contourner
les écueils ou angles morts, du travail d’interprétation à celui de la
restitution des analyses : recours à la fiction, médiation par les arts
(danse, théâtre, poésie, cinématographie), publication d’archives brutes, mises
en « situation », création d’une scénographie (observer/revisiter les
lieux et les espaces), détournement des archives…
Modalités de soumissions
des propositions :
Les propositions seront à
adresser au comité scientifique via l’adresse suivante : nahema.hanafi@univ-angers.fr
Les
propositions de communications ne devront pas excéder une page et être accompagnées
d’un titre et de l’affiliation des contributeur-rice-s. La proposition de
communication donnera une idée précise de l’angle problématique adopté, des
sources ou terrains présentés et de la démarche d’enquête.
Calendrier :
Les propositions de
communications seront à adresser au comité au plus tard le 10 mai 2016.
Les résultats de la
sélection des propositions seront annoncés en juin 2016.
Langues du colloque :
français, anglais.
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