mardi 15 mars 2016

La céruse : un poison industriel

La céruse : définitions, fabrications et usages d’un poison industriel

Judith Rainhorn (Université de Valenciennes /Esopp)

Séminaire mensuel du groupe TaK- Histoire des Techniques à Koyré « Les savoirs opératoires de la matière de la Renaissance à l’industrialisation » se tiendra jeudi 17 Mars 2016.

Le séminaire se tiendra de 14h à 17h au Centre Alexandre Koyré (27, rue Damesme, 75013 Paris, salle de séminaire, 5e étage)


La perspective adoptée par Judith Rainhorn met en perspective, sur le temps long, l’histoire inachevée des tensions entre un poison industriel et la société humaine qui l’héberge et qui, pendant deux siècles, s'est accommodée de cette cohabitation. Le constat liminaire qui préside à cette enquête est celui-ci : la céruse (ou blanc de plomb), produit reconnu éminemment dangereux pour la santé humaine a, en dépit de cela, été fabriquée, diffusée et très largement utilisée en France pendant près de cent-cinquante ans, de l’aube du XIXe au milieu du XXe siècle, en toute connaissance de cause. Il s’agit par conséquent d’interroger les raisons du maintien durable d’une substance toxique au sein du paysage industriel et sur le marché français et européen, et de questionner les conditions du consentement collectif des acteurs concernés : monde ouvrier au front de la toxicité, industriels entre profit et progrès technique, corps médical constatant les dégâts sanitaires, opinion publique témoin de l’affection, pouvoirs publics confrontés au dilemme entre l'économiquement possible et le sanitairement souhaitable. L’empoisonnement de ceux qui fabriquent, de ceux qui utilisent, voire de ceux qui cohabitent avec le produit, a fait l’objet, pendant deux siècles, d’un consentement quasi général, au regard des mobilisations intermittentes qu’il a suscitées. 
Au carrefour de l’histoire sociale du travail industriel, de l’histoire de la santé et des savoirs médicaux, de l'histoire économique d'un secteur industriel et de celle des mobilisations et des politiques publiques en matière de santé ouvrière, l'histoire de l'appropriation du produit témoigne de la construction collective d'un argument technique, destiné à dénier sa dangerosité et à en faire un "poison légal".

Discutante : Brigitte Van Tiggelen (Mémosciences, Louvain-la-Neuve, & Chemical Heritage Foundation-Europe)


Programme du séminaire : http://techniqcak.hypotheses.org

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