Appel à communications
Colloque organisé par Alexandre Klein (Université d’Ottawa) dans le cadre des activités du réseau Historiens de la santé
11 et 12 mai 2016
84e congrès de l’ACFAS
Université du Québec à Montréal
Depuis
sa création en mai 2012, le réseau de recherches Historiens de la santé permet à des chercheur(e)s francophones du
monde entier de s’informer, d’échanger, de partager et de régulièrement se
réunir autour des problématiques historiques relatives à la santé et à la
maladie. Après deux colloques, qui se sont tenus respectivement en 2012 et 2014
lors des 80e et 82e congrès de l’ACFAS, et la publication
en 2015 d’un premier ouvrage collectif, le réseau se propose d’organiser une
nouvelle rencontre à l’occasion du 84e congrès de l’ACFAS qui aura
lieu à l’Université du Québec à Montréal du 9 au 13 mai 2016. Dans la lignée de
ses précédentes manifestations, consacrées à l’historiographie de la santé puis
à la notion de réseau en histoire de la santé, le réseau a à nouveau choisi une
thématique actuelle d’importance et de nature transversale afin de permettre à
des historiens de différents horizons et travaillant sur des questions variées
de se retrouver pour échanger et dialoguer : les relations de santé.
Rarement
abordée pour elle-même, car difficilement appréhendable par l’historien, la relation
soignant-soigné est longtemps restée le point aveugle de l’histoire de la
santé, alors même qu’elle en constitue le cœur. Heureusement, depuis quelques années,
et sous l’impulsion du renouvellement de l’historiographie médicale, elle fait l’objet
d’une attention nouvelle que ce soit directement au moyen de collectifs dédiés
(Belmas & Nonnis-Vigilante, 2013 ; Chabot, Hickey & Paquêt, 2012)
ou indirectement par le biais de travaux spécifiques comme ceux sur l’histoire
des patients (Rieder, 2010 ; Pilloud, 2013). Mettant en évidence
l’importance et la richesse de cet objet d’étude central en histoire de la
santé, ces différents travaux ont rappelé la nécessité d’en poursuivre et d’en approfondir
l’analyse. C’est l’objectif de ce colloque qui entend se pencher sur les
différents types de relations autour desquelles se sont organisés les soins de
santé au cours des XIXe et XXe siècles.
Loin
du fameux et réducteur colloque singulier entre le médecin et son patient, la
notion de « relation de santé » entend rendre compte de la pluralité
des acteurs engagés dans les questions de santé et de maladie, ainsi que de la
diversité des relations qui peuvent les unir. Des interactions au sein d’une
équipe de soin au dialogue qui s’instaure entre un malade et ses proches, en
passant par les relations entre un patient et son infirmière, son ostéopathe, son
représentant religieux ou son pharmacien, les rapports entre médecins
généralistes et médecins spécialistes, les liens des professionnels de santé à l’administration
ou au gouvernement, le monde de la santé est traversé, modelé et déterminé par
un nombre incalculable de relations diverses et complexes. Questionner ces
relations permet de témoigner de la diversité du champ de la santé, et ainsi de
rappeler la nécessaire pluralité de son histoire.
En
se concentrant sur la période contemporaine, ce colloque entend questionner et
éclairer les fondements historiques d’une relation de santé actuelle qui,
au-delà de son inhérente diversité, apparaît souvent comme problématique. Il souhaite
ainsi combler un certain vide historiographique fondé sur les idées reçues
selon lesquelles d’une part, il n’y aurait pour le XIXe siècle,
contrairement au Siècle des Lumières, que peu d’archives permettant d’étudier
la relation soignant-soigné, et d’autre part, il reviendrait uniquement à la sociologie
ou à l’anthropologie d’étudier cette relation, particulièrement à partir de la
seconde moitié du XXe siècle. Les relations de santé contemporaines
sont en outre des objets historiques de choix, à la fois répondant aux
exigences historiographiques nouvelles de l’histoire globale et
interdisciplinaire de la santé et offrant la possibilité d’aborder les
principaux champs de recherche qui composent cette dernière. Du développement
des différentes professions de soins à l’émergence et à la prolifération des
sciences et technologies médicales, en passant par la médicalisation des
consciences et des territoires, la normalisation déontologique et légale des
cadres du soin, l’affirmation du patient comme acteur et agent de sa santé, ou
la transformation des rapports entre santé et société, la question des
relations de santé permet d’aborder, de relier et de faire dialoguer l’ensemble
des domaines de recherche de l’histoire de la santé. Véritable cœur de l’expérience
de la santé et du soin, les relations de santé ne peuvent qu’être le point
nodal de leur histoire.
Ouvert
à tous les travaux historiques francophones relatifs aux relations de santé
dans leur pluralité, portant sur le XIXe siècle ou le XXe
siècle, et ce indépendamment de leurs orientations historiographiques,
méthodologiques ou géographiques, ce colloque souhaite néanmoins être une
occasion privilégiée de réfléchir aux problématiques suivantes :
-
La
pluralité des relations de soin et la diversité du marché de la santé
Loin
de se limiter au cabinet du médecin, la relation que les hommes et les femmes
entretiennent avec leur santé impliquent des acteurs variés, se déroulent dans
des lieux divers et prend donc des formes multiples. De l’auto-santé à la
médecine hospitalière en passant par le recours aux médecines alternatives ou
complémentaires, la gestion familiale ou communautaire du soin, le suivi par un
médecin de famille ou un spécialiste, l’introduction d’une dimension religieuse
ou spirituelle dans la démarche de soins, la relation soignant-soigné peut
prendre autant de formes qu’elle peut impliquer d’acteurs différents. Qu’en
est-il de ces différentes relations ? Peut-on encore parler d’une relation
soignant-soigné ? Comment le champ de la santé a-t-il répondu à cette
multiplicité au cours de l’époque contemporaine ?
-
L’émergence
de la figure du patient acteur de sa santé
Parmi
les transformations médicales et sociopolitiques qui ont marqué l’histoire
contemporaine de la santé, l’émergence au cours de la seconde moitié du XXe
siècle de la figure d’un patient acteur de sa santé est l’une des plus
importantes, mais également des moins étudiées. Au-delà comme en deçà de
l’apparition de ceux que les sociologues ont nommés « les nouveaux
malades » et de l’apogée d’une revendication marquée par l’épidémie de
Sida, l’histoire de la figure du patient contemporain reste presque entièrement
à écrire, afin de mieux comprendre les transformations du monde de la santé au
XXe siècle, mais surtout de rattraper un important retard
historiographique préjudiciable à toute l’histoire de la santé.
-
Le
rôle et l’impact de la réglementation des relations de santé
De
la morale médicale à l’affirmation d’un droit à la santé en passant par les
grands codes de déontologie médicale et la revendication du droit des malades,
l’histoire contemporaine de la santé a vu la relation de soin s’organiser, se
normaliser, se légiférer, et se définir de manière inédite. Qu’en est-il de ce
phénomène et de son impact sur les relations de santé ? Quels nouveaux
acteurs et quelles nouvelles relations ont ainsi vu le jour ? Qu’en est-il
de la nature même de la relation de santé quand elle se trouve ainsi décrite,
encadrée, voire déterminée ?
-
La
place des technologies médicales
L’évolution
des sciences et des technologies médicales a été si importante au cours de
l’époque contemporaine que la médecine serait entrée dans un paradigme nouveau,
celui de la biomédecine. Quel est l’impact de ces changements sur les relations
de santé ? Existent-ils des relations proprement biomédicales de
santé ? Comment le développement des sciences et des technologies de la
santé modifient les relations existantes, bouleversent leur organisation, voire
en fait apparaître de nouvelles ?
-
Le
cas de la santé mentale
Toujours
abordée en parallèle de l’histoire de la santé, la santé mentale s’impose
pourtant comme un espace de choix, notamment pour aborder la problématique de
la relation de soin. Du traitement moral pinélien à la revendication de soins
communautaires suite au processus de désinstitutionnalisation, en passant par
le développement de la psychanalyse et des diverses psychothérapies, la
question de la relation est cœur de l’histoire contemporaine de la santé
mentale.
Enfin, les propositions mettant l’accent sur
les échanges ou les comparaisons France-Québec seront particulièrement
bienvenues.
Les chercheur(e)s intéressé(e)s sont
invité(e)s à soumettre une proposition contenant :
-
Un résumé
en français d’un
maximum de 250 mots comprenant une courte mise en contexte du
sujet, une problématique claire ainsi qu’une présentation du corpus étudié.
-
Une
courte biobibliographie de 100 mots incluant votre nom complet,
votre statut universitaire, votre rattachement institutionnel, vos coordonnées,
vos champs de recherche ou d’intérêts, ainsi que vos précédents
travaux et principales publications, s’il y a lieu.
Pour plus de détails sur le
congrès de l’ACFAS dans lequel ce colloque aura lieu : http://www.acfas.ca/evenements/congres/congres-2016
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