Faire des enfants ? Procréation humaine et planning familial à l’épreuve de l’évolution des valeurs au XXe siècle
Appel à communications
14-16 avril 2016
Mayence, Allemagne
Aidé par les progrès technologiques et médicaux accomplis au cours du XXe siècle dans le domaine de la contraception, de l’avortement, de la stérilisation et de l’aide médicale à la procréation, l’homme (et, de plus en plus, la femme) des sociétés occidentales s’est progressivement approprié la maîtrise de sa fécondité. Cependant, cette appropriation ne s’est pas déroulée sans heurts. Ainsi, la question de savoir par qui, quand, en quel nombre, dans quelles conditions, dans quel but mettre des enfants au monde, et même si on devrait le faire, a fait l’objet de réflexions individuelles et de conflits sociaux et a pu recevoir, au cours des décennies, des réponses fort différentes. Dans le contexte des vastes transformations sociétales qui ont affecté les domaines de la politique, de l’économie et de la culture, les rapports entre ce qui était faisable, ce qui apparaissait comme souhaitable et ce qui était permis en matière de procréation ont dû être sans cesse renégociés.
C’est sur ce phénomène que souhaite se pencher notre colloque international organisé en avril 2016 à Mayence par le département d’Histoire Contemporaine de l’Université Johannes Gutenberg (dans le cadre d’un projet de recherche intitulé « Les valeurs et leur mutation dans le monde moderne et postmoderne », regroupant plusieurs doctorants et post-doctorants et financé par la Deutsche Forschungsgemeinschaft – équivalent allemand de l’ANR). Ainsi, nous souhaitons réunir toutes les personnes intéressées afin d’examiner ensemble la problématique suivante :
Quels changements les nouvelles possibilités ouvertes par le progrès médical et technologique dans le domaine du contrôle des naissances ont-elles apporté à la pensée, au discours et aux pratiques individuelles et collectives concernant la procréation ? Ces changements, qui ont eu lieu en Europe et aux États-Unis au XXe siècle, peuvent-ils être décrits en termes d'évolution des valeurs?
De cette problématique découlent un certain nombre de questions qui méritent d’être examinées de près, à la fois sur le long-terme et d’un point de vue transnational :
Tout d’abord, on doit se demander quelles sont ces valeurs : quelles représentations normatives prédominaient quant à la sexualité, la procréation, la grossesse, l’embryon et la naissance et comment se sont-elles transformées ? Comment concevait-on la famille, le fait d’être parent et la sphère privée ? Quel rôle était attribué à la religion, la juridiction et la médecine? Comment voyait-on les rapports entre l’individu et la collectivité ?
Ensuite, il s’avère nécessaire de déterminer la façon dont s’est déroulée cette mutation des valeurs : S’agissait-il d’un développement linéaire et continu ou d’un processus opérant par à-coups et caractérisé par des ruptures et des mouvements contraires ?
Troisièmement, quel a été le rôle des différents acteurs sociaux (politiques, médicaux, économiques, juridiques, religieux, féministes etc.) où comment peut-on identifier leurs intérêts propres sous-jacents ?
Enfin, quels sont les liens entre l’évolution des valeurs sur le plan discursif et la transformation des pratiques sociales (développement des pratiques contraceptives et besoin croissant de recourir à l’aide médicale à la procréation) ainsi que les changements institutionnels (réformes du droit pénal et du droit de la famille…) ?
Notre colloque vise tout particulièrement à prendre en compte la dimension internationale de ce phénomène. Étant donnée l’introduction quasi simultanée de nouvelles possibilités médicales et techniques de régulation des naissances en Europe et aux États-Unis, nous nous proposons, dans une perspective comparatiste, d’examiner dans quelle mesure les réactions ont pris des formes spécifiquement nationales et si l’on peut reconnaître des tendances transnationales.
Sur quels points se ressemblent et s’opposent un pays marqué par le catholicisme comme l’Italie, un État laïque comme la France, un pays de tradition sociale-démocrate et protestante comme la Suède et des pays ayant subi des régimes fasciste ou communiste comme l’Allemagne et la Hongrie?
Quel a été le rôle joué par les acteurs transnationaux dans ce processus d’évolution des valeurs ?
Dans quelle mesure l’évolution des valeurs en matière de procréation a-t-elle été affectée, dans les différents pays, par les mutations sociétales profondes comme la sécularisation, les transformations démographiques et l’émancipation des femmes ?
Nous invitons cordialement tous les intéressés à nous envoyer leur contribution écrite à ce colloque. Vos propositions de communication peuvent se rattacher à l’un ou l’autre des thèmes suggérés ci-dessous ou encore éclairer d’autres aspects de la question.
Champs thématiques possibles
- Contraception
- Stérilisation
- Avortement
- Diagnostic prénatal
- Aide médicale à la procréation (insémination artificielle, FIV etc.)
Axes de recherche possibles
- Evolution des pratiques procréatrices
- Evolution du cadre institutionnel et processus de négociation
- Evolution des discours dans les débats publics
- Aspects transnationaux
...
Cadre spatio-temporel
Époque étudiée : 1920-1990 (environ)
Délimitation géographique : l’Europe et les États-Unis
Ce colloque s’adresse aux spécialistes en histoire culturelle, histoire des mentalités, histoire des discours, histoire des mouvements sociaux, histoire de la médecine, histoire des savoirs, histoire du droit…
Modalités de soumission
Nous vous prions de faire parvenir vos propositions de communication sous forme électronique (500 à 700 mots) à Theresia Theuke ttheuke@students.uni-mainz.de) ou à Ann-Katrin Gembries (angembri@uni-mainz.de)
au plus tard le 06 janvier 2016.
Vos frais de déplacement, d’hébergement et de restauration seront pris en charge.
La publication des contributions est prévue.
Comité scientifique
Andreas Rödder, professeur titulaire et directeur de la section d’histoire contemporaine à l’université Johannes Gutenberg de Mayence (Allemagne).
Bernhard Dietz, maître de conférences en histoire contemporaine à l’université Johannes Gutenberg de Mayence (Allemagne).
Ann-Katrin Gembries, doctorante en histoire contemporaine à l’université Johannes Gutenberg de Mayence (Allemagne).
Theresia Theuke, doctorante en histoire contemporaine à l’université Johannes Gutenberg de Mayence (Allemagne).
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