mardi 17 mars 2015

Histoire, génétique, neurosciences et sciences du vivant.

Histoire, génétique, neurosciences et sciences du vivant. Quelles données, quels discours, quel dialogue ?


Atelier


le 23 mars 2015
15h-18h


Organisation : Département d’histoire, Labex SMS, IUF
Corinne Bonnet et Claire Judde de Larivière (corinne.bonnet@sfr.fr ; judde@univ-tlse2.fr)

Participants :
Grégory Hanlon, professeur d’histoire, Dalhousie University
Antoine Doré, chargé de recherche INRA
Jean-Paul Zuniga, maître de conférences en histoire, EHESS
Thomas Glesener, maître de conférences en histoire, Université Aix-Marseille

Programme :
L’atelier vise à informer collègues et étudiants, et à engager un débat autour de la question des relations que la discipline historique entretient déjà et sera amenée à entretenir avec les données, les méthodes et les conclusions des sciences du vivant, de la génétique et des neurosciences. Il prendra la forme d’une séance publique et ouverte d’une durée de 3 heures, qui permettra un échange ouvert et sera l’occasion de présenter des recherches en cours ainsi que des réflexions encore au stade d’ébauche.
Les sciences du vivant passent régulièrement des seuils, promettant aux historiens des données nouvelles sur la théorie de l’évolution, la génétique ou la neuropsychologie. Le «Genographic Project» lancé par National Geographic se propose par exemple de cartographier et de reconstituer l’histoire génétique de l’humanité et des migrations. Dans certains pays, les recherches en génétique annoncent des données essentielles sur l’histoire des peuplements, dont les enjeux sont hautement politiques. De leurs côtés, les sciences cognitives insistent toujours davantage sur le primat des conditions biologiques sur les comportements humains et sociaux.
Si ces nouvelles données semblent pouvoir enrichir notre compréhension des sociétés, en particulier dans le domaine de l’histoire des migrations, des peuplements ou des phénomènes de colonisation, elles ne sont pas sans poser un certain nombre de problèmes d’interprétation. Les historiens comme les autres chercheurs en sciences sociales savent que l’appartenance sociale n’est pas qu’une question de naissance, de couleur de la peau ou de patrimoine génétique. Au même titre que les travaux sur le genre ont permis d’établir que le sexe biologique n’est qu’une des composantes du sexe social, les recherches en sciences sociales montrent que les données neurologiques et biologiques sont encadrées, modifiées, altérées, transformées par les conditions sociales et les expériences individuelles ou collectives.
Cet atelier permettra de réfléchir aux nouvelles données qui sont déjà, ou ne manqueront pas d’être offertes aux historiens, et à la façon dont nous pouvons les appréhender. On se demandera comment porter un discours intelligible sur la nature de ces données et leur nécessaire mise en perspective avec d’autres types de sources et de questionnements, en particulier ceux des sciences sociales. On analysera également les enjeux politiques et sociaux conditionnant la circulation de ces données, tant du point de vue des modalités de leur production que de celui des effets qu’elles ont sur les populations et les objets qu’elles qualifient.
Le travail de l’historien sur les sources, sa capacité à reconstituer les cadres des sociétés passées devraient éclairer et accompagner les recherches en science du vivant, et proposer les nuances herméneutiques nécessaires dans la construction des protocoles scientifiques.
Pour information :
Lundi 23 mars, 10h-13h, salle D30, Maison de la Recherche
Séminaire interdisciplinaire « L’espace des sciences sociales » (Labex/EHESS/TESC, MSHS-T)
L’environnement : un objet comme un autre pour les sciences sociales ?

Bibliographie sélective :
Dossier « AHR Round table : History Meets Biology », The American Historical Review, 119-5, déc. 2014.
Dossier « Traduire et introduire les sciences humaines : Daniel L. Smail », Tracés. Revue de sciences humaines, 2014, hors-série.
Jean-Paul Zuniga, « ‘Muchos negros, mulatos y otros colores’. Culture visuelle et savoirs coloniaux au XVIIIe siècle’ », Annales HSS, 2013-1, p. 45-76.
Rafael Mandresi, « Le temps profond et le temps perdu : usages des neurosciences et des sciences cognitives en histoire », Revue d’histoire des sciences humaines, 25, 2011, p. 165-202.
Andrew Shryock and Daniel L. Smail éd., Deep History. The Architecture of Past and Present, Berkeley, Berkeley University Press, 2011.
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