Appel à contributions
Colloque international « Représentations de la souffrance »
12-14 mai 2016 - Université Paris-Est Créteil
Organisé par l’équipe LIS (Lettres – Idées – Savoirs; EA 4395)
Le colloque international « Représentations de la souffrance » a pour ambition de croiser les regards sur le phénomène, complexe, de la souffrance, à travers des approches à la fois trans-séculaires (de l'antiquité à nos jours) et pluridisciplinaires (littérature, philosophie, psychanalyse, médecine, sciences humaines et sociales). Les expériences de la souffrance sont en effet multiples : souffrances événementielles (deuil, échec, humiliation, peine…) ou structurelles (angoisse, phobie, traumas, mélancolie…), souffrances morales, psychiques ou physiques (culpabilité, remords, mauvaise conscience ; pathologies mentales, douleurs corporelles, handicaps), souffrances intimes ou politiques, souffrances en amour ou dans la guerre, souffrances familiales, sociales, religieuses, souffrances à l’hôpital, à l’école, au travail… Qu’y a-t-il de commun à toutes ces formes de souffrance, à toutes ces épreuves et ces représentations de la souffrance ? Comment approcher cette constellation d’idées et d’affects qui se dit sous le nom de « souffrance » ?
Deux directions majeures de cette approche plurielle de la souffrance peuvent être distinguées: l'une qui envisage les représentations de la souffrance, l'autre qui porte sur les pratiques et les remèdes de la souffrance.
Notre colloque, qui est le premier volet d'une recherche qui prendra appui également sur un second colloque en 2018, envisage la première direction (le second colloque portera sur la seconde direction). Esquissons brièvement ces deux directions:
1- La souffrance se présente comme une réalité difficile à saisir, comme si l’analyser, l’élaborer, et l’exprimer, c’était déjà nécessairement la laisser échapper – le mutisme et la solitude, la coupure avec autrui et le repli sur soi étant peut-être les meilleures conditions d’une perpétuation de la souffrance. La souffrance semble donc s’éprouver en dehors de la symbolisation, voire contre elle.
Néanmoins (ou peut-être à cause justement de cette résistance au symbolique), la souffrance enveloppe une multitude de représentations, chez ceux qui souffrent, qui observent la souffrance, qui la racontent, qui tentent d’y remédier… Il faut donc comprendre la souffrance à partir de ses propres représentations. Les multiples représentations de ce qui fait souffrir (la cause de la souffrance), de ce qui souffre (le sujet de la souffrance), de l’épreuve même de la souffrance (l’affect de souffrance), de ce qui permet de lutter contre la souffrance (le remède à la souffrance) – toutes ces représentations ne sont pas extérieures à la souffrance, mais en constituent la chair même, l’expérience à la fois la plus singulière, et la plus historiquement déterminée.
Il est donc nécessaire que soient mises au jour ces représentations en rapport avec la souffrance, qui sont autant des représentations de la souffrance que des représentations dans la souffrance : c’est pourquoi le colloque « Représentations de la souffrance » entend mettre au centre de son projet une approche interdisciplinaire et trans-séculaire de la souffrance, et montrer la nécessaire articulation de discours d'horizons divers.
2- La souffrance cependant, en plus d’être un objet privilégié d’analyse théorique est indissolublement un objet de pratiques multiples, sur lequel les techniques littéraires, philosophiques, psychanalytiques, médicales s’agencent et se déploient afin sinon de l’annihiler, du moins d’en diminuer la force ou de l’apprivoiser, d’en contrarier les effets ou de les sublimer. Qu’il s’agisse de pratiques littéraires (d’écriture ou de lecture), philosophiques (d’exercices spirituels, de sagesses), psychanalytiques (de cures), médicales (de soins), une attitude face à la souffrance (la sienne ou celle de l’autre) est à chaque fois requise, qui déploie des pensées et des paroles, des gestes et des regards, et dont l’objectif est d’instaurer une autre mode d’être au monde, une nouvelle allure de vie.
Penser la souffrance par les voies de la littérature, de la philosophie, de la psychanalyse, de la médecine et des sciences humaines et sociales a donc d’emblée un enjeu éthique : il s’agit d’élaborer théoriquement la souffrance pour agir pratiquement sur elle. Notre projet a donc aussi une dimension pratique (thérapeutique ou instrumentalisante) qui consistera à envisager comment nous pouvons utiliser la souffrance, la modifier ou nous modifier en elle.
C'est à cette autre grande perspective sur la souffrance que sera consacré, en 2018, le second volet de notre recherche, dans le cadre du colloque « La souffrance: pratiques et remèdes ».
Comité scientifique : Ali Benmakhlouf (professeur de philosophie, UPEC), Papa S. Diop (professeur de littérature, UPEC), Frédéric Gros (professeur de philosophie, SciencesPo, Paris), Hans-Jürgen Lüsebrink (professeur, Chaire d'études culturelles romanes, Université de Sarrebrück, Allemagne), Bruno Petey-Girard (professeur de littérature, UPEC), Pascal Sévérac (maître de conférences en philosophie, UPEC).
Comité d’organisation : Bruno Petey-Girard et Pascal Sévérac.
Les propositions de communication d’environ 2000 signes sont à envoyer àpseverac@yahoo.fr ou petey-girard@u-pec.fr avant le 30 avril 2015.
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