vendredi 26 décembre 2014

Le cas de Proust

Littérature et médecine : le cas de Proust

Appel à communications

Journée organisée par le Centre de Recherches Proustiennes de la Sorbonne nouvelle-Paris3 (CRP 19)

Responsable : Mireille NATUREL


Comité scientifique : Marianne BAUDIN, Professeur honoraire de psychologie clinique à l’université de Villetaneuse-Paris 13, Michel ERMAN, Professeur de Littérature française à l’université de Bourgogne, Mireille NATUREL, maître de conférences-HDR en Littérature française à la Sorbonne nouvelle.

Comité d’organisation : Mireille NATUREL, Marianne BAUDIN, Michel ERMAN, Isabelle DUMAS (doctorante en cotutelle Universités de Montréal et de la Sorbonne nouvelle)

Dates : 3-4-5 juillet 2015

Lieux : 3 et 4 juillet, Maison de la Recherche, Université de la Sorbonne nouvelle, 4, rue des Irlandais, 75 005 PARIS.

5 juillet : ILLIERS-COMBRAY, village natal du Professeur Adrien PROUST. Déjeuner de clôture dans les jardins.

Proposition de communication (30 ou 45 minutes) : jusqu’au 20 janvier 2015 (statut professionnel, intitulé et descriptif de 5 à 10 lignes) ; réponse du comité scientifique le 30 janvier. (N.B. Le transport est, en règle générale, à la charge du participant).


Présentation
Le lien littérature/médecine serait-il un facteur de filiation biographique d’abord, littéraire ensuite ? Dès Les Plaisirs et les jours, Proust peuple son univers imaginaire d’êtres en souffrance. Comment la maladie s’articule-t-elle avec les thèmes majeurs de l’œuvre, le mal, la mort, la mémoire, le temps, la création ? Quelle représentation romanesque est-il donné de la maladie dans la Recherche, à travers les personnages de médecins et de malades ? Comment soigne-t-on ? comment se soigne-t-on ? comment vit-on sa neurasthénie ? Comment meurt-on ? Quel tableau est donné des perversions, des passions elles-mêmes vécues comme états pathologiques ? À la recherche du temps perdu se prête-t-elle à une lecture psychanalytique - Proust est-il le rival de Freud ou Freud le rival de Proust ? Que peut-elle apporter à l’art-thérapie ? Autant de questions que pose Marcel Proust, à travers sa création.


Argumentaire 
L’univers médical est un thème qui traverse toute l’œuvre de Proust, d’abord, dans Les Plaisirs et les Jours, par un traitement thématique de la maladie, avec des personnages de convalescents sériels, souffrant de leurs nerfs et malades du manque de volonté, ou contrôlant de leur lit la vie de leur aimée. Puis, dès les premiers mots du Contre Sainte-Beuve, le narrateur se réfère à une époque où il était « déjà malade ». On y retrouve aussi des réflexions sur des « médicaments immoraux », chez un sujet enclin à des crises, nerveuses ou asthmatiques (ou les deux), parfois « causée[s] précisément par le beau temps ». Ce dernier, qui se qualifie de « despotique malade », mais aussi sa Maman, se méfient des médecins. Mais c’est évidemment dans À la recherche du temps perdu que la médecine, les médecins, les maladies, les médicaments et les corps malades reviennent sans cesse dans le discours du narrateur proustien, grand malade, grand jaloux et grand observateur, adoptant en quelque sorte et sans arrêt, la position, passive, effacée et « hors-jeu », du convalescent retiré de tout, qui n’a que ses yeux (et ses oreilles) pour vivre.

Le grand roman déploie, déplie en effet un monde de réflexions et de comparaisons médicales qui « travaille » tout le texte comme un système nerveux, des couchers de bonne heure à la crainte, dans les heures extatiques – quand l’art est éclairci et toute l’œuvre encore à faire –, d’une artère qui cède, de la fin de la vie et d’une mort à jamais. Les médecins semblent toujours aussi peu fiables, les médecines, souvent nuisibles, et surtout, administrées à la suite de décisions peu solides. L’amour lui-même est un mal, et l’amoureux n’est parfois plus « opérable ». La jalousie est un poison, et le jaloux s’y immunise à petites doses, mais sans jamais y parvenir. Et le corps se souvient plus des nuits où il a pris froid que de ses heures tendres au clair de lune. Détaché de l’esprit, il poursuit une existence autre, étrange et étrangère.

À la fois, malade, convalescent et bien portant, le narrateur, en surplomb de tout, comme sorti de son corps mais descendu dans ses plus profondes « galeries », s’interroge sur une foule de découvertes médicales, d’affections « de son époque » – notamment celles des « nerveux » –, d’instruments médicaux, de diètes du malade, d’hygiène de l’alité, etc.

Quant à Marcel Proust lui-même, malade intermittent, convalescent permanent… La faiblesse, la fragilité, la maladie ne composaient-elles pas son identité de fils, de frère, voire d’amoureux, et d’assidu épistolier ? Écrivant couché, dans la position du malade, comme l’a écrit Jean-Yves Tadié, donnant son corps à lire à sa mère, mais encore, à ses amis, à la fois pour donner de ses nouvelles, justifier le report perpétuel d’invitations, mais surtout, et tout court, pour être. Et que savons-nous de la bibliothèque médicale de Proust, grand lecteur de l’époque du Progrès (technologies, découvertes médicales, hygiène, textes imprimés) ?


Axes d’étude proposés

  • filiations littérature/médecine (biographiques et littéraires)
  • les théories médicales contemporaines
  • les œuvres de jeunesse et la maladie
  • la représentation romanesque de la maladie : les médecins et les malades
  • le lien avec les thèmes fondamentaux de l’œuvre : le mal, la mort, la mémoire, le temps, la création 
  • les passions, les perversions, les pathologies
  • la rivalité avec la psychanalyse
  • Proust et l’art-thérapie (la musicothérapie notamment)

Bibliographie
Articles du Dictionnaire Marcel Proust, publié sous la direction d’Annick Bouillaguet et Brian G. Rogers, Honoré Champion, 2004 : « Médecine » par Marie Miguet-Ollagnier ; « Médecins » par Jo Yoshida. Ils comprennent des éléments de bibliographie sur le sujet.

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