mercredi 1 octobre 2014

Représentations du repas du XIXe au XXIe siècle

Manger et être mangé. Représentations du repas du XIXe au XXIe siècle

Appel à contributions

Projet de volume collectif


La période abordée concerne l’ère moderne de la satiété, lorsque le rapport à la nourriture est de moins en moins strictement alimentaire (dernière famine en Europe en 1840). Le volume collectif voudrait interroger les scènes de repas, mais aussi plus largement le schème alimentaire du « Bon appétit messieurs » hugolien à l’extrême contemporain dénonçant la surconsommation, la dévoration de l'autre (qu’il soit individu ou pays), en tant que réduction et annulation de l'intersubjectivité, liée ainsi non pas à la satisfaction d'un besoin (la satiété), mais à sa sur-exploitation (désir de puissance, de violence en analysant l’appétit comme envie de domination). La notion entre dans le paradigme de l'appropriation et du profit, on la retrouve dans les farces de Rodrigo Garcia comme de Sony Labou Tansi ou encore dans les repas de famille de Mayenburg ou Lars von Trier, comme bien avant eux dans Le Pélican de Strindberg ou Le repas du lion de Curel. À quoi conduit la faim ? Que désire la faim ? Comment peut-elle transférer son appétit sur des objets inaliénables en soi : la conscience, l'amour, l'amitié, la morale ? On analysera surtout les métaphores de l’acte de manger telles que modalisées dans le champ économique et politique, notamment d’un pays à un autre ou d’un espace à un autre (Est/Ouest, Nord/Sud), mais aussi dans le cadre intime, familial ou masculin-féminin avec ses déviances et variantes comme anorexie ou privation. Qu’est-ce qu’implique « se mettre à table » ? Outre l’image récurrente d’une collectivité ou d’un individu qui dévore l’autre dans les négociations ou les traités (la caricature, et avec elle l’outrance scénique d’un Mirbeau par exemple, a toujours représenté les hommes politiques comme des ogres attablés à des banquets dispendieux et obscènes ; que ce soit chez Zola, Labiche, Feydeau, comme encore aujourd’hui ce sont les « financiers », les banques ou les pays les plus riches ou stables qui sont associés à ces représentations), ainsi que le montre le retour des farces politiques dans les anciens pays du bloc de l’Est (Grickovets, Kusturica) on s’intéressera à une expression comme « le partage du gâteau », « la part du gâteau », déployée aujourd’hui pour parler, au sein d’un pays, du marché du travail, des aides sociales ou plus largement dans un espace communautaire des subventions ou prêts accordés aux pays de la zone euro. Y a-t-il assez à manger pour tout le monde ? La question paradoxalement est posée même quand on n’a plus faim, c’est cet invariant obsédant d’un « manger » qui amènerait non pas à ne plus avoir faim mais à ne pas « être mangé » que souhaite interroger ce livre. Si les études littéraires dans ce domaine existent, recensant notamment les occurrences de scènes de repas à la scène (Athéna-Hélène Stourna, La cuisine à la scène. Boire et manger au théâtre du XXe siècle, Rennes, PUR, 2012), chez certains cinéastes (chez Chabrol, chez Bergman) ou encore les déviances du repas (Sandrine Dubel, Alain Montandon (éd.), Mythes sacrificiels et ragoûts d’enfants, Clermont-Ferrand, PUBP, 2012), leur confrontation avec les implications économiques, politiques et culturelles de leurs symboliques restent à considérer.

Des articles émanant de spécialistes en arts de la scène (théâtre, danse, performance), littérature (roman, poésie), arts visuels (cinéma, peinture, bande dessinée) sont les bienvenus, le volume étant souhaité dans une perspective méthodologique relative aux études culturelles.

Modalités de soumission

Propositions d’une demi-page environ sous Word, suivies de quelques lignes de présentation de l’auteur pour le 25 octobre 2014 par message électronique adressé à florence.fix@univ-lorraine.fr

Après acceptation, articles à remettre pour le 30 mars 2015.

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