D. Boquet, B. Dufal, P. Labey (éd.)
Paris
CNRS éditions
décembre 2013
(25 euros)
4ème de couverture:
« À lire Foucault on se persuade aisément que l’histoire est encore très jeune. »
Cette réflexion de Jacques Léonard doit être prise au sérieux. Cinquante ans après la parution de l’Histoire de la folie et alors que s’achève la publication des cours au Collège de France, le dialogue des historiens avec Michel Foucault se poursuit.
Les textes réunis dans ce volume, abordant des périodes historiques différentes, mettent en avant des expériences individuelles au contact d’un Foucault désacralisé. Ils questionnent aussi bien des chantiers ouverts par Foucault (folie et déraison, enfermement psychiatrique et carcéral, pastorale, sexualité), des outils conceptuels (pratiques discursives, biopolitique, gouvernementalité, techniques de soi, régimes de vérité, objectivation du sujet), que des propositions historiographiques et épistémologiques (archéologie et généalogie, césure et continuité).
Dans cette mise à l’épreuve, le passé devient un lieu de problématisation du présent, et l’histoire, une voie qui singularise l’actualité.
Cette réflexion de Jacques Léonard doit être prise au sérieux. Cinquante ans après la parution de l’Histoire de la folie et alors que s’achève la publication des cours au Collège de France, le dialogue des historiens avec Michel Foucault se poursuit.
Les textes réunis dans ce volume, abordant des périodes historiques différentes, mettent en avant des expériences individuelles au contact d’un Foucault désacralisé. Ils questionnent aussi bien des chantiers ouverts par Foucault (folie et déraison, enfermement psychiatrique et carcéral, pastorale, sexualité), des outils conceptuels (pratiques discursives, biopolitique, gouvernementalité, techniques de soi, régimes de vérité, objectivation du sujet), que des propositions historiographiques et épistémologiques (archéologie et généalogie, césure et continuité).
Dans cette mise à l’épreuve, le passé devient un lieu de problématisation du présent, et l’histoire, une voie qui singularise l’actualité.
Présentation du livre
Ce volume « Les historiens et Michel Foucault : une histoire au
présent », qui rassemble les contributions de dix-huit auteurs,
historiens de tous horizons (des sociétés, de l’art, de la philosophie),
entend montrer la fécondité de la pensée foucaldienne dans la pratique
de l’histoire aujourd’hui en France. Alors que les relations entre
Michel Foucault et les historiens n’ont pas toujours été simples, notre
objectif dans ce livre est de dépasser les questions portant sur la
qualité historiographique des écrits de M. Foucault, pour donner à voir
des parcours singuliers d’historiens, ou des expériences de recherche
plus circonscrites, qui ont puisé chez M. Foucault des idées, des
intuitions, des outils de toute nature pour forger leur propre pensée
critique. Tordant le cou à une idée reçue qui voudrait que les
historiens sont dans une position de défiance, voire de pinaillage
érudit, face aux grandes enjambées historiques de Foucault, nous
montrons au contraire que de nombreux historiens de formations très
différentes, sans toujours revendiquer l’héritage foucaldien, font un
usage critique de son œuvre.
Ce livre n’est donc pas un livre sur Foucault mais un livre avec
Foucault. Il ne s’agit pas non plus de délimiter des courants de pensée
ou une méthode spécifique qui définirait le bon usage historiographique
de la pensée de Foucault qui se distingue de toute façon par sa
discontinuité. Néanmoins, derrière la singularité des expériences,
l’unité de l’ouvrage tient dans la nature du regard sur le travail
historique et sur l’implication d’une pensée critique dans le présent.
Là serait d’une certaine façon la fidélité à Foucault, dans cette
volonté commune de « mettre le travail historique à l’épreuve d’une
transformation des cadres conceptuels et théoriques ». Ce faisant, nous
souhaitons donner à voir comment le passé devient un lieu de
questionnement des problématisations du présent, non pas dans l’illusion
que les leçons de l’histoire répondraient aux interrogations du
présent, encore moins dans l’idée qu’une permanence des structures
permettrait d’établir un dialogue immédiat mais parce que l’histoire
singularise l’actualité. Le travail historique tel que le pratiquait
Foucault relève d’un exercice philosophique qui, éprouvant le regard
contemporain, lui donne les moyens de son propre affranchissement afin
de penser autrement. C’est cette leçon qu’ont retenu les contributeurs
de ce volume, dans un rapport avec l’œuvre de Foucault renouvelé ces
dernières décennies par la publication des Dits et écrits et des cours au collège de France.
Les différentes contributions, qui ensemble forment un exercice
critique collectif, cherchent donc à témoigner d’expériences
intellectuelles autour et avec l’œuvre de Michel Foucault. Reprenant le
questionnement de Paul Veyne sur les enjeux d’une histoire écrite avec
Foucault, nous voulons recentrer la problématique sur la pratique
historique et l’étude documentaire. Elles sont ici envisagées sous
quatre angles. Dans le premier, les textes considèrent l’apport de
Michel Foucault à l’élaboration de nouveaux thèmes de recherche comme le
corps, la sexualité, les anormaux (fous, déviants, criminels), qui ont
été au cœur de sa réflexion, construisant la société civile comme
interface. L’étude de ces objets, à la charnière entre pratique et
discours, permet de mettre en avant leurs enjeux politiques et sociaux
ainsi que leur fonction dans la construction des sociétés
disciplinaires. Dans un second temps, ce sont les pratiques discursives,
la matière première du travail historique, qui sont questionnées selon
la méthode de Foucault qui consiste à appréhender différents systèmes de
discours comme formant une même pratique, produisant ses objets et ses
normes. Quels sont les apports de cette méthode d’analyse des pratiques
discursives pour l’étude de la théologie ou de la littérature, discours
habituellement cloisonnés dans des champs bien spécifiques ? La question
du « gouvernement des autres » constitue le troisième axe, portant sur
l’utilisation, par les historiens, des outils conceptuels élaborés par
Michel Foucault. Celui-ci, en mettant en avant l’articulation entre
savoir et pouvoir, notamment à travers le concept de gouvernementalité, a
construit des appareils intellectuels qui permettent d’analyser le
politique et ses théories autrement que selon le mode quasi-tautologique
de la philosophie politique traditionnelle. Comment les historiens
reçoivent-ils et utilisent-ils ces concepts qui déplacent les
problématiques et amènent au plus près des pratiques et des
représentations qui forment des dispositifs politiques ? Enfin, la
dernière section du livre revient sur les enjeux multiformes du présent
de l’historien et du philosophe car, quelle que soit la distance exigée
par ces deux pratiques intellectuelles, distance critique, distance
analytique, elle ne saurait occulter que tout part d’une mise en
problème de l’étrange singularité du moment présent.
Table des matières
Introduction
Michel Foucault à l’épreuve
Damien Boquet, Blaise Dufal, Pauline Labey ……………………………………… 9
Politiques des corps
Des sociétés d’avant la sexualité, des sociétés d’avant la norme : étudier l’Antiquité après Foucault
Sandra Boehringer …………………………………………………………………………. 17
Puissance de mort et puissance de vie du père romain sur son fils : lecture croisée de Michel Foucault et de Yan Thomas
Julien Dubouloz …………………………………………………………………………….. 41
L’amitié comme problème au Moyen Âge
Damien Boquet ……………………………………………………………………………… 59
Discours et pratique autour du malade au Moyen Âge. Réflexions sur l’usage d’un vocabulaire foucaldien
Pauline Labey ……………………………………………………………………………….. 83
Écrire l’histoire des prisons médiévales avec Michel Foucault
Julie Claustre ………………………………………………………………………………… 99
Pratiques du discours
Que veut dire faire une histoire des problématisations ?
Philippe Chevallier ………………………………………………………………………. 121
Michel Foucault et l’étude du contexte médiéval des œuvres littéraires : un discours de la méthode ?
Marie-Pascale Halary……………………………………………………………………. 137
Le sujet sans le kantisme. Destruction et analyse philosophique des théories du « moi » chez Michel Foucault
Olivier Boulnois ……………………………………………………………………………155
La pratique des discours de vérité : droit et psychiatrie au XIXe siècle
Laurence Guignard ………………………………………………………………………..183
Le gouvernement des autres
Le christianisme dans l’optique de la gouvernementalité : l’invention de l’obéissance
Michel Senellart…………………………………………………………………………….205
La lutte des races comme savoir archéologique pour l’aujourd’hui
Sophie Wahnich…………………………………………………………………………….225
Esthétique de l’existence et gouvernement des autres : la Révolution française (1789-1796) au prisme du cours de 1984
Déborah Cohen……………………………………………………………………………..243
Potestas dicitur multipliciter. Le pouvoir et la nature
Emanuele Coccia …………………………………………………………………………..261
Histoire au présent
Foucault et l’iconologie : le malentendu
Thomas Golsenne ………………………………………………………………………….283
Les raisons du malentendu. Histoire de la folie à l’âge classique : histoire et/ou psychologie
Jean-François Bert …………………………………………………………………………301
L’histoire de la philosophie saisie par son dehors
Luca Paltrinieri ……………………………………………………………………………..317
Histoire et expérience. Foucault et l’ontologie historique de nous-mêmes
Kim Sang Ong-Van-Cung ………………………………………………………………333
Les deux corps de l’intellectuel : une archéologie des clercs
Blaise Dufal………………………………………………………………………………….353
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