Névroses ordinaires et extraordinaires d’hier et d’aujourd’hui
Journée d'études
samedi 14 décembre 2013
Siège de l’Institut Métapsychique International
51 rue de l’Aqueduc
Paris, France (75010)
La notion de « névrose extraordinaire » fut au centre de débats au sein de la Société Médico-Psychologique à partir de 1857. Pierre Janet critiqua cet adjectif qui ne rappelait que l'ignorance passée du médical face aux névroses, « comme s'il était raisonnable d'employer ce mot pour l'examen de phénomènes naturels » (Janet, 2008, p. 372). Il s'agissait alors de mettre un nom sur un ensemble de cas à la limite des connaissances psychiatriques de l'époque, mêlant entre autres somnambulisme, double personnalité, crises hystériques et phénomènes de lucidité. Les années 1870 connurent une résurgence de ces « névroses extraordinaires » dans la suite du cas de la mystique belge Louise Lateau soumise à l’expertise des médecins, avec la formulation du diagnostic d’hystérie extatique (Lachapelle, 2004 ; Gumpper & Rausky, 2013).
Pierre Janet a hérité de ce matériel clinique qu’il a été amené à observer et classifier, d’abord lors de ses études de somnambules, médiums et possédés réunies dans L’Automatisme Psychologique (1889) ; puis dans d’autres études sur les mystiques et les mécanismes des croyances. Ainsi a-t-il pu faire le pont entre deux époques, mais également entre l’extraordinaire et l’ordinaire, découpant le champ des « névroses ordinaires » que sont par exemple l’hystérie, la psychasthénie et les phobies.
De nos jours, cette notion de « névrose extraordinaire » pourrait aussi trouver sa place dans la nomenclature en tant qu'alternative diagnostique à la psychose pour une autre clinique : celle des hallucinations et délires non-psychotiques. Plus précisément, les récentes théorisations lacaniennes sur les formes ordinaires et extraordinaires de la structure psychotique induisent, par symétrie, une réflexion sur ce que seraient les formes ordinaires et extraordinaires de la structure névrotique (Evrard, 2013). Le destin de ce débat initié à la Société Médico-Psychologique n’est-il pas d’améliorer notre compréhension des névroses, à une époque tentée de les ignorer ?
9h-10h : Accueil (café, croissants)
10h-10h15 : Introduction, par Isabelle SAILLOT (coordinatrice du Réseau Janet) et Renaud EVRARD (Université de Strasbourg)
10h15-11h00 : Les aliénistes face aux névroses extraordinaires, par Pascal LE MALÉFAN (Université de Rouen)
11h00-11h45 : Extraordinaire et psychopathologie chez Janet, par Renaud EVRARD
11h45-12h30 : Fonction heuristique des « mystiques » dans l’œuvre de Pierre Janet , par Stéphane GUMPPER (Université de Strasbourg)
12h30-14h : Pause (repas libre)
14h-14h45 : Dépersonnalisation à l’adolescence : une étrangeté ordinaire ?, par Manuella DE LUCA (Université Paris-Descartes)
14h45-15h30 : Les défaillances obstinées (« névrotiques ») de la mise à distance transcendantale du monde, par Lucien OULAHBI (Université de Lyon 3)
15h30-16h15 : Des maladies extraordinaires aux troubles fonctionnels : histoire et actualité des névroses sous l’angle « janétien », par Isabelle SAILLOT
16h15-16h45 : Pause
16h45-17h45 : Table-ronde avec tous les intervenants (questions du public)
17h45-18h : Conclusion, par Isabelle SAILLOT et Renaud EVRARD
Renaud Evrard : evrardrenaud [at] gmail [dot] com
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