Sorcellerie savante et mentalités populaires
Antoine Follain et Maryse Simon
Date de parution | 23/03/2013 |
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Editeur | Presses Universitaires De Strasbourg |
Collection | Sciences De L'histoire |
Nombre de pages | 337 |
L’illustration de couverture rapproche le Malleus maleficarum, Hexenhammer ou Marteau des sorcières, le grand traité de la chasse aux sorcières publié à Strasbourg en 1487, d’une gravure de 1528 réalisée par un petit maître de Nuremberg. Ce sujet n’a été représenté que trois fois et ne sera plus reproduit après les années 1530. On y voit une femme très ordinaire qui attaque un démon, bousculé et peut-être vaincu par la figure féminine. C’est tout à l’opposé du discours savant et triomphant qui voit dans les faibles femmes le vecteur par lequel le Diable pénètre le monde et menace la société, l’Église et l’État. Cette représentation symbolise fortement la terrible confrontation entre les mentalités populaires et la sorcellerie savante. Celle-là même qui a suscité l’entreprise d’éradication qui a duré jusqu’au retournement de la fin du XVIIe siècle, lorsque les autorités ont finalement décrété que le crime de sorcellerie était irréel et inventé. Dans l’entrefaite, on a craint, jugé et brûlé nombre de femmes (et des hommes, mais beaucoup moins) qui pensaient autrement qu’on leur disait mais qui, sous la torture, finissaient par conforter l’opinion des juges et des savants en avouant des choses conformes au stéréotype de la sorcière.
Le présent livre réexamine cette confrontation en soulignant toute sa
complexité. La réflexion part des débuts controversés de l’inquisiteur
Heinrich Institoris Kraemer, auteur du Malleus. Elle
approfondit l’opposition entre les sermons prononcés par Geiler qui sont
encore assez mesurés et les images radicales qui leur ont été associées
par son imprimeur. Elle met en avant l’étude des métamorphoses des
sorcières, accusées de prendre des apparences animales. Bien
qu’embarrasantes pour la raison et jamais expliquées, ces
transformations sont demeurées déterminantes dans les accusations,
jusqu’à ce qu’un certain esprit scientifique les fasse rejeter comme
décidément impossibles.
Le livre comprend également l’édition intégrale
d’une thèse de médecine consacrée aux pathologies qui, par l’étrangeté
de leurs symptômes, épouvantaient réellement les populations et les
faisaient attribuer à des sorts jetés par des sorciers, sous le nom de mal donné.
Une large place est faite à l’édition commentée des derniers procès de
sorcellerie d’une prévôté des Vosges. Induites par les confessions d’une
jeune fille et les élucubrations d’un enfant, les accusations finirent
par toucher toute une vallée et causèrent l’exécution de sa propre mère.
On participé à cet ouvrage : Jean-Claude Diedler, Antoine Follain,
Georg Modestin, Frank Muller, Maryse Simon, Rita Voltmer, des étudiants
de l’Université de Strasbourg * et pour l’édition de sa thèse de
médecine le docteur Pascal Diedler.
* Marie Bosch, Janice Buck, Mathieu Chevalérias, Jean-Bernard Garcia, Raphaël Georges, Leslie Harau, Louise Kolai, Emilie Langjahr, Anne Ludmann, Anicet M’Boumba, Emilie Martial, Virginie Minker, Alexandra Nicoloff, Julien Noguès, Anne-Claude Savy-Simon, Alice Soucé, Marie-Catherine Stock, Johanne Terny, Jean-David Touchais, Sarah Valentin, Frédéric Véronèse et Marie Voegele, étudiants en master « Formation des mondes européens » et en master « Histoire de l’art » à l’Université Marc Bloch Strasbourg II en 2006-2008, dans le cadre du séminaire de paléographie moderne créé par le professeur Follain.
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