vendredi 19 avril 2013

L’hôtel-Dieu de Tonnerre

L’hôtel-Dieu de Tonnerre, XIIIe – XXe siècles
Métamorphose d'un patrimoine hospitalier
Sylvie LE CLECH-CHARTON

Éditions Dominique Guéniot, Langres, 2013 (121 pages), 24 €


L’hôtel-Dieu de Tonnerre est le plus ancien hôpital conservé en Bourgogne. Il se trouvait au centre d’un ensemble architectural complet et important, comprenant, à côté de l’hôpital de type « halle », autour d’une cour disparue aujourd’hui, des salles du XVIIe siècle et, joint par une galerie, le château de Marguerite de Tonnerre, sa fondatrice en 1293, détruit après 1848 pour laisser place à l’édification de l’actuel « pavillon Dormois », bâtiment de style néo-Renaissance. Seul un pavillon de plan carré situé près de la rivière de l’Armançon rappelle l’emprise considérable du domaine établi par Marguerite de Tonnerre, la bienveillante comtesse dont les chroniqueurs et historiens de toutes périodes ont fait un personnage attachant, symbole du style de vie adopté par les proches de la famille capétienne et les ducs de Bourgogne. Parmi les hôpitaux médiévaux d’Europe, c’est donc le plus vaste et le plus impressionnant. Par sa monumentalité et sa sobriété, par ses décors ou objets mobiliers, il offre, malgré les destructions ou transformations, l’exemple d’un patrimoine parvenu jusqu’à nous sans être fondamentalement dénaturé, lisible par tous grâce à la qualité de ses espaces même si la situation actuelle des objets relève d’une disposition parfois tardive et oriente la perception visuelle et l'analyse historique. Les hôpitaux médiévaux de grande taille, insérés aujourd’hui dans les villes, sont plus rares que les édifices à plan symétriques en U ou H, témoins de l’architecture classique des XVIIe et XVIIIe siècles. Ils sont moins familiers que les traces nombreuses qu’ont laissées les petits établissements ruraux, les multiples « maladreries », « maladières » et « léproseries », tenus par des communautés religieuses, dont le souvenir se lit encore dans la toponymie et s’observe dans la géographie. Par contraste, l’hôpital de Tonnerre apparaît bien singulier et se situe à une date précoce dans les fondations hospitalières d’origine privée. D’un point de vue architectural et historique, on ne lui connaît de conservé en Bourgogne, en ville, qu’un parent plus tardif mais prestigieux : l’hôtel-Dieu de Beaune, fondé en 1443 par Nicolas Rolin et Guigone de Salins, son épouse. D’un point de vue plus général, le développement des établissements hospitaliers en réseau serré, surtout en milieu rural, est bien connu des historiens médiévistes, qui identifient la période comprise entre 1130 et 1260 comme cruciale. Mais d’infimes traces matérielles subsistent en élévation pour ces bâtiments médiévaux, que les sources écrites identifient sans les situer systématiquement avec précision. Par la suite, les communautés d’habitants prirent activement en charge la gestion des hôpitaux urbains. Ils y développèrent une politique d’assistance matérielle, des soins aux malades dont on voit les progrès continus, malgré les idées reçues sur l’inexistence d’une médecine, qui, pour n’être point scientifique au regard de nos actuels critères, avait des connaissances certaines en termes de diagnostic et de pratique des soins (chirurgie traumatique, observation du pouls et des urines, connaissance de l’anatomie et des vertus thérapeutiques des plantes ou minéraux).

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