mercredi 10 avril 2013

Ecrire l’histoire de la médecine

Ecrire l’histoire de la médecine et de la santé de l’Antiquité à nos jours : temporalités, normes, concepts


Appel à communication pour une journée d’étude, à la MSH Paris-Nord, le 29 novembre 2013, Ecrire l’histoire de la médecine et de la santé de l’Antiquité à nos jours : temporalités, normes, concepts.

La journée d’étude sera consacrée à l’historiographie médicale, au sens le plus large de la formule. La période retenue va de l’Antiquité à nos jours. L’histoire de la médecine, des médecins ou, plus généralement, de la santé seront interrogées du point de vue méthodologique, en laissant de côté le contenu factuel des sources ou des études critiques relevant du thème choisi. Il ne s’agit pas d’établir un bilan historiographique mais de réfléchir sur les méthodes anciennes et modernes d’écrire l’histoire de la santé et de la médecine. L’objectif est aussi de proposer des outils méthodologiques pour Les communications devront être impérativement ciblées sur des études de cas mettant en lumière des problèmes méthodologiques précis. Les intervenants proposeront des problématiques relatives à des formes spécifiques d’analyse des pratiques de soin, des acteurs de la santé (médecins ou malades, décideurs ou penseurs, témoins ou victimes), des courants de pensée ou des sources d’histoire médicale.


Trois axes se dessinent :
1- Les temporalités de l’histoire de la médecine et de la santé

Jusqu’à une date récente, il n’existait pas d’histoire médicale mais plutôt des histoires traitant des découvertes médicales, des grands médecins ou des épidémies remarquables. En l’occurrence, l’historiographie médicale classique construisait son récit à partir de la chronologie des découvertes, des médecins célèbres, des structures universitaires ou hospitalières et des maladies les plus meurtrières. Depuis un demi-siècle, l’apport des sciences humaines et d’une histoire critique des sciences a renouvelé les méthodes, les objets et les problèmes. Mais le temps de cette histoire sociale du corps malade est-il si différent ? Peut-on s’affranchir d’une histoire linéaire et souvent calquée sur une périodisation dictée par les grandes révolutions scientifiques ? Peut-on expérimenter une autre temporalité qui suive de près les scansions spécifiques au corps, à l’imaginaire de la maladie ou à la symbolique d’un état souvent résumé à l’opposition, rendue triviale par Canguilhem, entre normal et pathologique ? Le temps du médecin n’est pas celui du malade, ni celui de la maladie : cette distinction guide-t-elle vraiment les productions historiographiques relatives à la santé ?

2- Une histoire des normes documentaires au-delà d’une histoire fondée sur les sources

Au-delà même de l’utilisation des sources (de quelle profession parle-t-on ? de quelle maladie s’agit-il ? de quel remède ?) et de leur confrontation avec le savoir médical contemporain, la question des normes se pose de façon évidente. Chaque trace, chaque document applique un protocole particulier et, en histoire médicale, la tentation a souvent été forte de proposer de nouveaux diagnostics ou d’appréhender chaque problème comme un cas clinique. Qu’elle émane d’une instance administrative ou savante, d’un professionnel ou d’un particulier, la documentation sur les maladies et leurs remèdes n’est jamais neutre. Elle répond à une mise en forme qui fabrique autant la maladie qu’elle permet de la représenter, d’en faire l’analyse ou de la combattre dans une stratégie ambivalente. L’étude des normes afférentes aux sources de l’histoire médicale (inscriptions, registres, traités, règlements, consilia, témoignages intimes, représentations, etc.) peut-elle redéfinir, à distance des contenus, le champ des possibles en matière d’investigation et surtout de discours historique savant ?

3- Etudier la relation patient-malade : anthropologie, sociologie, histoire

L’anthropologie médicale, dans son application immédiate auprès des professionnels de la santé, a interrogé avec le recul nécessaire la façon dont les malades parlent de leur corps et de leurs maux mais aussi la façon dont les médecins entendent les soigner. Mais la confrontation avec le praticien, dépositaire patenté du savoir dans les sociétés modernes, peut tout aussi bien déboucher sur une remise en question du récit du malade. En somme, c’est le triangle hippocratique (médecin, malade, maladie) qui doit être sans cesse resitué et réactualisé dans la mesure où l’expérience de la maladie n’est jamais un fait simple. C’est souvent à l’échelle micro-historique que se révèlent les logiques les plus subtiles de ce passage quasi obligé devant un médecin, fort de sa fonction de confesseur, de guérisseur et d’expert. Le rapport de force entre le praticien et le malade est à la fois une constante et une variable sociologique (des phénomènes de résistance sont fréquemment observés) que l’historien peut toujours tenter de resituer et d’évaluer. Comment la méthode de l’anthropologue peut-elle s’appliquer au travail de l’historien qui interroge, à distance, les sociétés anciennes ? Comment reconstituer le rapport de force entre le médecin et le malade sans trahir les logiques de chaque société, de chaque groupe, de chaque individu particulier ?

L’objectif est de mettre en évidence, au travers de chaque étude de cas, des outils méthodologiques destinés à renouveler, de façon critique, la manière d’écrire une histoire qui cherche ses scansions, ses champs ou ses nouveaux objets à distance des études purement chronologiques, prosopographiques ou simplement linéaires dans leur description des concepts et des pratiques de la médecine, de l’Antiquité à nos jours.

Les propositions de communication (350 mots maximum) devront parvenir avant le 30 juin 2013.

Contact : stanis.perez@mshparisnord.fr.

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