lundi 8 avril 2013

Dr Albert Schweitzer

Dr Albert Schweitzer, une icône africaine

Augustin Emane, 
 Maître de conférences - Laboratoire Droit et changement social (DCS) UMR CNRS 3128, université de Nantes



Les Quarante Piliers
Série Matériaux, sous la direction de Pierre Legendre 
environ 350 pages 
22 euros.
 - illustrations
N/B in texte. Février 2013.

En avril 1913, Albert Schweitzer (1875-1965) débarquait au Gabon, à la mission protestante de Lambaréné. Que reste-t-il de son œuvre? En Europe, son nom est encore associé parfois à son prix Nobel de la paix, obtenu pour 1952, et à l'hôpital qu'il créa à Lambaréné. Son image de « bon médecin blanc paternaliste », portant le casque colonial, a contribué en France à éclipser presque totalement sa personnalité et son œuvre d'écrivain. De lui, tout aurait été dit, et la seule image « acceptable » de nos jours serait celle du pasteur jouant du Bach sur son piano, dans la nuit, à l'orée de la forêt vierge (notes qui mêlées aux mélodies gabonaises ont donné Lambarena, un disque remarquable des années 1990).

Ce livre est le fruit de conversations et d'échanges qu'a eus pendant huit ans Augustin Emane avec une soixantaine de personnes qui ont été soignées à l'hôpital Schweitzer ou y ont accompagné des malades. A travers leurs paroles, on accède aux croyances et aux constructions imaginaires des populations gabonaises : le succès de Schweitzer est certes dû au fait que son image a pu se superposer aux images endogènes qu'on a des guérisseurs, mais ne doit-il pas 
bien plus au fait qu'il était « un homme au service d'autres hommes » ? La sorte de pratique médicale associée à son nom reste très ancrée au Gabon et est
considérée comme un idéal de la relation entre médecins et patients.

Augustin Emane, enseignant en droit à l'université de Nantes, s'est fait enquêteur. Dans un récit vivant, illustré par de nombreux témoignages et documents, il raconte à la fois le parcours de Schweitzer et la vie de l'hôpital : l'organisation des soins, la formation du personnel, le rapport aux malades, le soin des maladies « visibles » et « invisibles », et les relations avec les colons des autres missions.



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