Nouveaux troubles et pathologies émergentes : quels objets, quelles méthodes, quels concepts pour les sciences sociales de la santé mentale ?
Cette
journée d'étude porte sur les nouveaux troubles et pathologies
émergentes dans le champ de la santé et de la santé mentale. Elle vise à
réunir des chercheurs internationaux en sciences sociales, jeunes et
confirmés, autour de nouvelles questions théoriques et méthodologiques.
Soumis à des évolutions et des recompositions rapides, le champ de la
santé et de la santé mentale contemporain justifie d'initier et
d'alimenter une réflexion collective sur les catégories et les outils
scientifiques dont les chercheurs disposent pour appréhender les
phénomènes récents qui s'y produisent. Nous nous concentrerons, lors de
cette journée, sur les modalités d'apparition et d'affirmation de
nouveaux troubles et pathologies, et sur l'adaptation, l'ajustement, ou
les ruptures qu'elles peuvent justifier dans les approches conceptuelles
et empiriques mobilisées dans les sciences sociales de la santé.
Depuis une quinzaine
d'années, en Europe et en France, on assiste à une extension du champ
de la santé et de la santé mentale, dont l'un des fondements est
l'institution d'une définition de la santé globale totalisant les
réalités physiques, mentales et sociales. Ce contexte est aussi celui
d'une démultiplication des expressions de la souffrance individuelle et
de catégories pathologiques aux contours plus ou moins nets, reconnues,
non reconnues ou en voie de reconnaissance par le champ médical.
La diversité de ces
troubles et l'hétérogénéité des logiques par lesquelles ils gagnent une
visibilité sociale, renvoie à plusieurs niveaux de réflexion :
- Le rapport général pathologie / société : peut-on parler pour une série de nouveaux troubles de maladies de « civilisation » ? (« électrosensibilité », « burn-out », « fibromyalgie »...);
- La production de nouvelles catégories diagnostiques et de nouvelles catégories linguistiques (« risques psychosociaux », « fatigue chronique », « épuisement », « hyperactivité », addictions...);
- Le développement de nouvelles offres et nouvelles pratiques thérapeutiques (offres de soins, care, ressources alternatives et / ou complémentaires);
- L'influence croissante des associations de malades et du monde profane (associations « reconnues », réseaux sociaux plus informels), et les logiques de convergences, de négociations ou de conflits avec les experts.
Dès lors, il s'agit
d'interroger, pour nos disciplines, le dégagement de nouveaux terrains,
de nouvelles méthodologies, de nouvelles conceptualisations, permettant
de rendre compte au plus près de ces phénomènes et de leurs enjeux en
termes sanitaires et sociétaux. Cette réflexion est ouverte aux
différentes approches sociologiques et anthropologiques, mais aussi aux
professionnels et aux acteurs de terrain confrontés aux nouveaux
troubles et pathologies émergentes.
Parmi les axes de la journée d’étude qui seront privilégiés, on trouvera :
1. Les stratégies et les modalités de construction et de légitimation de troubles sous-déterminés,
à la frontière de la santé et de la santé mentale, du sanitaire et du
social. Les acteurs impliqués et leurs discours tant au niveau de la
mise en sens de leur expérience privée qu'à celui de la publicisation de
cette expérience.
2. Le jeu de
la dénomination et de la requalification dans le langage de la santé
globale de phénomènes auparavant étiquetés « sociaux ».
3. Les nouvelles réponses sociales et thérapeutiques appelées par ces troubles et pathologies émergentes.
4. Les
logiques de réévaluation des responsabilités et de leur partage entre
individus victimes-responsables, et société « pathogène ».
Modalités de soumission
Les résumés (2500 signes maximum, format .doc) doivent être envoyés par mail à ngarnoussi@gmail.com et maia.fansten@parisdescartes.fr ou déposés en ligne à http://troublesconf13.sciencesconf.org/avant le 17 novembre 2012
Organisatrices
- Nadia Garnoussi, sociologue, post-doctorante, membre associée du Cermes 3
- Maïa Fanten, sociologue, maître de conférence, Université Paris Descartes, membre du Cermes3
Comité scientifique
- Françoise Champion, sociologue, chargée de recherches au CNRS, membre du Cermes 3
- Lise Demailly, sociologue, professeur émérite à l'Université de Lille 1, membre du CLERSE
- Giel Hutschemaekers, professor of clinical psychology, Academic Center of Social Sciences, Radboud University, Nijmegen, the Netherlands
- Samuel Lézé, anthropologue, maître de conférences, École Normale Supérieure de Lyon, membre du C2So
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