Le sport et le corps masculin au 19e siècle
Exposition
Galerie David Guiraud
5, rue du Perche – 75003 Paris
Mardi / Samedi – 14h30 / 19h
01 42 71 78 62
www.galerie-david-guiraud.com
info@galerie-david-guiraud.com
C’est avec enthousiasme que la galerie David Guiraud annonce le lancement de la seconde exposition prévue dans le cadre du projet de huit expositions sur le corps masculin dans l’histoire de la photographie. Le vernissage aura lieu le jeudi 2 mai et l’exposition se déroulera du 3 mai au 20 juin 2024, au 5 rue du Perche, dans le Marais.
Faisant suite à l’idée initiale de la galerie, qui consiste à appréhender les nus masculins produits au 19eme siècle par catégorie thématique, l’exposition présente le sport et les débuts de la culture physique comme quatrième thème ayant permis l’émergence de représentations masculines à cette époque. L’exposition évoquera également le cinquième et dernier thème identifié, la science, avec une planche de chronophotographie de E. Muybridge.
Ensemble, l’exposition #2 et l’exposition #1 auront présenté l’académisme, l’érotisme, la pornographie, le sport et la science, dressant ainsi un panorama complet des cinq thèmes identifiés au 19e siècle et étant à l’origine de la plupart des nus rencontrés jusqu’au début du 20e siècle.
Le corps musclé
Le corps musclé ou athlétique réunit les deux types de corps que l’on retrouve sur les photographies du 19e siècle. Il est le point commun entre le corps du sportif et le corps issu de la culture physique, car dans la pratique comme dans les intentions, les deux se distinguent. Il y a dans le sport, la notion de jeu, d’interaction, de collectif, qui est moins présent, voire absent dans la culture physique, qui n’est d’ailleurs pas considérée comme un sport, jusqu’à l’apparition du Bodybuilding, Le développement physique et musculaire est une conséquence indirecte de la pratique du sport qui n’en est pas la finalité. Inversement, il semblerait que dans la culture physique le développement du muscle et de la structure du corps soit un but en soi.
Le corps athlétique, musclé, qui est pris en photo au 19eme siècle est tout aussi bien le corps d’un sportif qui pratique la lutte ou l’haltérophilie, que le corps d’un homme qui pratique la culture physique, activité naissante mais qui se popularise à la fin du 19eme siècle.
La lutte et les hommes forts
A la fin du XIXème siècle, la lutte professionnelle était le sport le plus en vogue en Europe et figurait au programme des compétitions définies par le Congrès Olympique, avec des règles similaires à celles de la lutte gréco-romaine. La lutte professionnelle avait fait son apparition en France à partir des années 1830 mais commençait à perdre en popularité à partir de 1900. Durant cette période, des lutteurs et autres sportifs qui n’avaient pas eu accès aux milieux d’élites, resoignaient les troupes de forains et les cirques qui sillonnaient la France. Là, ils pouvaient démontrer leurs talents et leur force. Ils sont, ce que l’on appelle alors les hommes forts et sont très souvent pris en photo pour assurer leur promotion.
La culture physique et le body building
A la fin du 19e siecle, la plupart des emplois se trouvent dans l’agriculture et dans l’industrie, dans des activités physiques qui musclent le corps, c’est sans doute pourquoi les premières incitations à la culture physique se font sous l’angle de la santé et du bien-être.
En France, le professeur Desbonnet est le promoteur de la culture physique et fonde une école à Paris en 1886, en mettant l’accent sur les bénéfices pour la santé (réduction de l’obésité, guérison de la neurasthénie et des maladies de l’estomac, développement général des muscles du corps). Il met également en avant la force et la beauté qui participent à l’adhésion générale pour la culture physique. Les pouvoirs publics ne peuvent qu’encourager une telle initiative, d’abord pour les raisons évoquées précédemment, mais aussi parce qu’un homme musclé et en forme est un bon soldat, qui peut porter facilement son arme et son paquetage.
L’allemand Eugene Sandow (1867-1925) commence par se produire dans les cirques pour des démonstrations de force avant d’être repéré par le grand Florenz Ziegfeld et de participer grâce à lui, à l’exposition Universelle de Chicago en 1893. Eugene Sandow se distingue de ses confrères en cherchant à développer un physique équilibré, proportionné et esthétique. Il enthousiasme le monde entier en parvenant à combiner la beauté, le spectacle et la force. Ses innovations font de lui le père du culturisme moderne et le fondateur du Bodybuilding en tant que sport.
Le sport naturiste allemand
Depuis le milieu du 19e siècle en Allemagne, le nudisme fait son apparition sous l’impulsion d’un mouvement lié à la jeunesse, la Lebensreform, prônant un retour à la nature. Le développement de cette pratique aboutit en 1898, à la naissance la Freikörperkultur («culture du corps libre») ou FKK qui est une véritable éthique naturiste. Le nudiste accompagne alors son geste, d’une réflexion profonde sur un retour à la nature, d’une vie en harmonie avec elle et d’une rupture avec la ville industrielle et oppressante.
Dans les années 1920, la pratique du naturisme s’accompagne d’une activité physique, dans un but thérapeutique et hygiéniste théorisé par Adolf Koch et les mouvements marxistes. Les images de Gerhard Riebicke présentées dans l’exposition illustrent cette phase naturiste et sportive du mouvement. D’abord méprisé par les nazis qui y voient, entre autres, un refuge pour les homosexuels, le mouvement naturiste est récupéré par des théoriciens du parti et transformé en une « hygiène raciale » et un retour aux souches germaniques païenne, vénérant la nature.
Les débuts de la culture physique aux usa
Aux Etats-Unis, à cette époque, l’état d’esprit est différent. Les athlètes américains restent très pudiques mais sortent des salles de musculation pour se prêter aux jeux des photographes, en posant pour eux et en faisant émerger un style de photographie « athlético-art-déco » assez spécifique. Il faut se rappeler que l’Art-déco est une célébration de la modernité, de l’industrie et de ses progrès et que son objet est de répondre aux besoins de la vie moderne.
Le travail de Edwin F. Townsend est la parfaite illustration de la mise en scène du modèle athlétique dans une composition d’esprit art-déco, qui justifiera pour une future génération, l’utilisation des athlètes et rendra pertinente une photographie dont le sujet est le corps et la musculature. Cette génération est celle de l’American Physique Photography, des années 1930/40 aux années 1960/70, objet de futures expositions par la galerie.
Les œuvres proposées par la galerie
L’exposition propose un ensemble de tirages d’époque et montre un boxeur, un haltérophile érotique, un gymnaste aux anneaux, des lutteurs amateurs par Von Gloeden, soit un ensemble de sportifs dont le profil commun est celui d’être des hommes forts. En ce qui concerne les grands sports de l’époque, l’exposition propose une rare et exceptionnelle série de portraits des lutteurs ayant participé au Championnat du Monde de Lutte (probablement à Paris en 1899), par le photographe Stanisław J. Ignacy Ostroróg (1863-1929), dit Waléry.
L’exposition présente, dans le cadre de la culture physique, un portrait signé du professeur E. Desbonnet en 1919 et plusieurs tirages du fameux Eugene Sandow, la star internationale.
La galerie propose également un ensemble de tirages de G. Riebicke et des études « athlético-Art Déco » américaines des années 1920/1930.
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