Parties - Corps. Microformes de l’organique dans la littérature, l’art et le cinéma de l’époque moderne à nos jours
Appel à communications
Kunsthochschule Mainz, Am Taubertsberg 6
Mayence, Allemagne (55122)
Événement uniquement sur site
L’objectif du colloque, en tant que lieu de rencontre d’approches théoriques et pratiques, est de retracer la naissance et l’évolution des représentations corporelles contemporaines à l’échelle du microscopique, et d’interroger les microformes de l’organique dans une perspective interdisciplinaire et spécifique aux médias. Dans la déconstruction du corps en tant que totalité, ses composantes visibles et invisibles, internes et externes, matérielles et immatérielles, sont explorées, spécifique à la forme médiale, en tant qu’espaces de signification. D’autre part, l’intégration ciblée de contributions artistiques, non seulement dans le sens d’un travail artistique autonome, mais aussi en tant que recherche artistique, permet aux participants de faire l’expérience sensorielle du corps en tant que matérialité.
Point de départ
La représentation de l'organique humain dans la littérature, l'art et le cinéma du XXIe siècle, présente des similitudes mais aussi des différences avec l'époque moderne, dans le contexte social actuel, à l’ère de la mondialisation et de la numérisation. L'organique et ses espaces de signification, ainsi que les représentations artistiques qui s'y rapportent, ont subi des transformations au cours des cent dernières années dues aux nouvelles technologies et pratiques sociales - on peut penser par exemple aux sémantiques de la sexualité de certaines parties du corps, ou encore à l'infiltration des cycles organiques, humains et non-humains, par des éléments artificiels comme des microplastiques ou les médicaments psychotropes.
En outre, hormis les avancées médicales, les nouvelles technologies médiatiques, les plateformes virtuelles – sous leurs formats variés, qui s'appuient principalement sur des « petites formes » [« Kleine Formen »] (Vogl et. Al. 2021) comme les tweets, les soi-disant photo dumps ou les GIF – semblent contribuer de manière décisive à la constitution des images et des savoirs du corps actuelles. Si l’on accepte de penser que la multiplication des espaces virtuels ne s’accompagne pas d’une perte d’importance de corporéité, mais que le matériel et l'immatériel (Lyotard 1985) interagissent et se conditionnent mutuellement, cette interprétation peut être d’une grande richesse pour les études littéraires, artistiques et cinématographiques.
Problématique
Les microformes organiques – c'est-à-dire les mondes corporels, qui comprennent jusqu’aux particules invisibles à l'œil nu telles que les bactéries, les hormones, les virus et les microparticules, ainsi que leur visualisation par les différents moyens esthétiques – font l'objet d'une attention particulière dans de nombreuses représentations littéraires, cinématographiques et artistiques contemporaines. Certaines questions émergent alors : Quels sont les moyens esthétiques choisis pour représenter les microformes de l'organique ? Quelle est la relation entre les organismes (humains) et les machines ou hybrides et que peuvent révéler particulièrement les micro-niveaux sur les concepts de 'culture' et de 'nature' ? Comment les discours issus des sciences (naturelles) et le traitement artistique se conditionnent-ils mutuellement ?
Le film De Humani Corporis Fabrica (2023) de Lucien Castaing-Taylor et Verena Paravel en est un exemple frappant, qui extériorise l'intérieur du corps à travers le regard de la médecine occidentale. On trouve également de nombreuses représentations de microformes organiques dans la littérature contemporaine, chez des auteurs tels que Marie Darrieussecq, Virginie Despentes, Maggie Nelson, Paul B. Preciado ou Olga Tokarzcuk. Des hormones comme la sérotonine ou l'ocytocine, des bactéries, des ovules, des spermatozoïdes ou encore des corps étrangers comme les microplastiques y jouent des rôles de premier plan, évoquant des micro-paysages moléculaires vivants plutôt que des parties isolées du corps. Dans l'art contemporain, des œuvres qui abordent de différents organes des sens semblent pertinentes à cet égard, l'intérieur étant tourné vers l'extérieur, l'invisible étant rendu visible et les échelles habituelles, bouleversées. On peut penser ici aux travaux multimédiaux et multisensoriels de Pamela Rosenkranz, Chiharu Shiota ou Anicka Yi. .
Le colloque interdisciplinaire franco-allemand KÖRPER-TEILE: Mikroformen des Organischen in Literatur, Kunst und Film von der Moderne bis zum Gegenwart // PARTIES-CORPS : microformes de l'organique dans la littérature, l'art et le cinéma de l'époque moderne à nos jours) met l'accent sur le développement d'esthétiques et de sémantiques spécifiques aux médias de l'organique en tant que petite forme, de l'époque moderne à nos jours. Ce sont surtout les théories néo-matérialistes ou les 'hybrides théoriques' des dernières décennies qui, avec les concepts de transcorporalité (Alaimo 2010), de plasticité (Malabou 2000, 1994), du cyborg (Haraway 1991) et du posthumain (Braidotti 2013, Hayles 1999), ont marqué de manière décisive la compréhension actuelle de la corporéité. Les formes de l'organique ne doivent jamais être comprises comme purement naturelles, mais sont toujours déjà, et surtout au XXIe siècle, des hybrides techno-bio-politiques (cf. par exemple Haraway 1991, Preciado 2008).
Participation
L'objectif du colloque, en tant que lieu de rencontre d'approches théoriques et pratiques, est de retracer la naissance et l'évolution des représentations corporelles contemporaines à l’échelle du microscopique, et d'interroger les microformes de l'organique dans une perspective interdisciplinaire et spécifique aux médias. Le regard porté sur le L’approche par le niveau du détail est considéré comme une perspective de recherche prometteuse à deux égards : D'une part, il permet une analyse différenciée des différentes parties du corps et de leurs lectures multiples et subtiles. Dans la déconstruction du corps en tant que totalité, spécifique à la forme médiale, ses composantes visibles et invisibles, internes et externes, matérielles et immatérielles, sont explorées et soulignées en tant qu'espaces de signification. D'autre part, l'intégration ciblée de contributions artistiques, non seulement dans le sens d'un travail artistique autonome, mais aussi en tant que recherche artistique, permet aux participants de faire l'expérience sensorielle du corps en tant que matérialité.
Les contributions, peuvent consister dans des propositions de discussion ouverte ou des « work in progress ». Nous nous réjouissons en outre particulièrement des contributions issues de projets de thèse personnels. Les projets théoriques, conceptuels, empiriques et artistiques peuvent notamment porter sur les questions suivantes : Comment les microformes humaines, non humaines ou hybrides de l'organique sont-elles représentées dans les œuvres modernes et contemporaines ?
Comment la pratique artistique, l'œuvre et la réception sont-elles liées dans la représentation des microformes de l'organique ?
Quels espaces de signification et d'interprétation ouvrent les formes de représentation spécifiques aux médias ; comment la forme et le contenu se complètent-ils ?
Dans une perspective comparatiste : quelles sont les relations intertextuelles et transculturelles établies ?
Quelles microformes de l'organique dans l'histoire de la littérature, de l'art et du cinéma ont survécu, lesquelles sont en train d'émerger ? Quels rôles jouent les nouveaux médias et les nouvelles technologies ?
Comment les discours (scientifiques) influencent-ils les esthétiques et les poétiques des microformes organiques ?
Quel est le rapport entre matérialité et identité dans ces microperspectives ?
Modalités de contribution
La manifestation s'adresse aux étudiants en master, aux doctorants, aux post-doctorants et aux artistes des beaux-arts, de l’espace germanophone et francophone, et aura lieu le vendredi 1er septembre après-midi et samedi 2 septembre 2023 toute la journée à la Kunsthochschule de Mainz. Des conférences thématiques de 20 à 30 minutes seront suivies de 15 à 20 minutes de discussion. Des contributions artistiques indépendantes de différents formats (performance, vidéo, film, danse) seront intégrées au programme de conférences et de discussions. Elles reprendront des aspects des différents champs thématiques, les compléteront et permettront une confrontation sensorielle élargissant les perspectives scientifiques.
L'événement se déroulera en français, en allemand et en anglais. Pour y participer, la maîtrise active d'une de ces langues ainsi que la compréhension des autres langues sont exigées. Les propositions de communication (environ 300 mots) doivent être envoyées dans un document pdf aux organisatrices Larissa Frömel et Vanessa Franke à l'adresse mail koerperteile.tagung@gmail.com
au plus tard le 12/05/2023.
En outre, nous vous prions d'envoyer une note biographique (150-200 mots au maximum), qui précise les connaissances linguistiques des candidats.
Comité scientifique
Vanessa Franke (Université Paris 8 / Universität Mainz)
Larissa Frömel (Kunsthochschule Mainz)
Prof. Dr. Stefanie Buchenau (Université Paris 8)
Dr. Martina Kopf (Universität Mainz)
Bibliographie
Alaimo, Stacy (2010): Bodily Natures. Science, Environment, and the Material Self. Indiana University Press, Bloomington, Indiana.
Braidotti, Rosi (2013): The Posthuman. Polity, Cambridge.
Haraway, Donna (1991 [1985]): “A Cyborg Manifesto: Science, Technology, and Socialist Feminism in the Late Twentieth Century." Simians, Cyborgs and Women: The Reinvention of Nature. New York. 149-181.
Hayles, Nancy Katherine (1999): How We Became Posthuman. Virtual Bodies in Cybernetics, Literature, and Informatics. University of Chicago Press, Chicago.
Lyotard, Jean-François et. Al. (1985): Immaterialität und Postmoderne. Merve Verlag, Berlin.
Malabou, Catherine (éd.) (2000): Plasticité. L. Scheer, Paris.
Malabou, Catherine (1997): L'Avenir de Hegel. Plasticité, temporalité, dialectique. Vrin, Paris.
Preciado, Paul B. (2008): Testo junkie. Sexe, drogue et biopolitique. Grasset, Paris.
Vogl, Joseph, Balke, Friedrich und Bernhard Siegert (2021): Kleine Formen. Vorwerk 8, Berlin.
Contacts Vanessa Franke
courriel : vanessa [dot] franke [at] posteo [dot] de
Larissa Frömel
courriel : lfroemel [at] students [dot] uni-mainz [dot] de
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