Séminaire
NOUVEAU LIEN D’INSCRIPTION
https://participations.ehess.fr/demandes/__nouvelle__?seminaire=899
5 octobre 2021 – 16h30/18h45 (en ligne)
Susanne Commend (U. d’Ottawa) – Quel rôle et quel engagement pour l’historienne du handicap au Québec ? Autour du militantisme, du “capacitisme” et des outils du chercheur.
Mariama Kaba (HFH Zurich) – Expériences vécues de personnes ayant un handicap physique ou un polyhandicap dans des institutions suisses entre 1950 et 2010 : étude comparative et participative.
2 novembre 2021 – 17h/19h (en ligne & Raspail)
Fabrice Bertin (EHESS), Ninon Dubourg (FNRS-ULiège) & Gildas Brégain (CNRS-Arènes) – Introduction et échanges.
7 décembre 2021 – 17h/19h (en ligne & Raspail)
Maryam Koushyar (U. d’Evry) – Aux prémices de la loi du 23 novembre 1957, la Commission Interministérielle pour la Réadaptation Professionnelle des Mutilés, Invalides et Diminués physiques.
Christophe Capuano (U. Lyon II) – La prise en charge des personnes infirmes et âgées dépendantes à domicile au 20e siècle.
4 janvier 2022 – 17h/19h (en ligne & Raspail)
Ghislain Baury (Le Mans U.-TEMOS) – Une devenue sourde dans la Castille du XVe siècle : Thérèse de Carthagène et ses écrits.
Peter Vestraete (UCLouvain) – Timidité et handicap: vers une histoire d’entraves (impediments) au 20e siècle.
1 février 2022 – 17h/19h (en ligne & Raspail)
Olivier Schetrit (CNRS-CEMS) – Pour une histoire de l’art Sourd (titre provisoire).
Louis Daubresse (U. de Lorraine) – Perception(s) de la surdité au cinéma.
1 mars 2022 – 17h/19h (en ligne & Raspail)
Jeremy Chabrol (U. de Paris 1-ANHIMA) – Le corps infirme en Grèce ancienne, aux époques archaïque et classique : entre rejet et acceptation.
Jérôme Bas (U. de Paris 8) – Porte-parolat et processus historique d’unification de la catégorie de handicap.
5 avril 2022 – 17h/19h (en ligne & Raspail)
Marie-Lys Arnette (IFAO) – La main et l’oreille. Comment la surdité et les sourds étaient-ils perçus dans l’Antiquité égyptienne ?
Valérie Delattre (INRAP) – La lecture archéologique de la place des personnes handicapées dans les sociétés du passé.
3 mai 2022 – 17h/19h (en ligne & Raspail)
Léo Delaune (Unistra) et Olivier Richard (Unistra) – Emotions et handicap physique au Moyen Âge.
Yann Cantin (université Paris 8) – L’image du sourd dans les médias entre 1950 et 1980.
7 juin 2022 – 17h/19h (en ligne & Raspail)
Caroline Husquin (U. de Lille) – Les perceptions et les représentations de l’atteinte corporelle du Ier s. avant n. è. au IVe s. n. è. et leurs évolutions.
Thomas Rodot (U. de Bourgogne) – Perceptions et réalités des sourds dans l’Occident du Bas Moyen-Âge : entre stigmatisation et intégration.
Langues du séminaire: français et LSF – sous titrages en temps réel
Organisation : : Fabrice Bertin (fabrice.bertin@ehess.fr), Ninon Dubourg (ninon.dubourg@gmail.com), et Gildas Brégain (Gildas.BREGAIN@ehesp.fr) (image : Wellcome Library no. 33600i (CCBY4.0)
Alors que les synthèses sur l’histoire du handicap et de la surdité à toutes les époques historiques se multiplient actuellement dans la littérature anglo-saxonne, aucun ouvrage collectif n’a été publié dans la sphère francophone depuis le début des années 2000[1]. Les historiens du handicap et de la surdité de l’espace francophone sont aujourd’hui assez isolés, les réseaux constitués regroupant uniquement des historiens travaillant sur une thématique particulière (cécité[2], surdité[3]) ou sur la même période (par exemple le XXe siècle). L’histoire du handicap et celle de la surdité à l’époque contemporaine ont pris des chemins divergents. Les historiens de la surdité ont fondé leurs approches sur une conception culturelle de la surdité, conformément aux revendications portées par les mouvements associatifs sourds. Ne se reconnaissant pas dans la disability history, ils ont construit leurs propres réseaux scientifiques internationaux et ont construit une histoire de la surdité distante – parfois même hermétique – de celle du handicap. Les histoires du handicap et de la surdité ne se croisent donc que rarement, même si l’histoire des aveugles et celle des sourds s’entremêlent au cours de l’époque contemporaine : les sourds luttent d’ailleurs aux côtés des aveugles pour conquérir le droit à une éducation gratuite, laïque et obligatoire au cours des années 1930. Ce séminaire bimensuel a pour objectif de remédier à cette situation, en structurant un réseau francophone de recherche sur l’histoire du handicap et de la surdité toutes périodes historiques confondues.
La constitution d’un réseau francophone est d’autant plus urgente que le champ disciplinaire de l’histoire du handicap et de la surdité connaît actuellement un renouvellement considérable des méthodes et des approches scientifiques. Pendant de nombreuses années, le handicap a été considéré sous l’angle de l’histoire sociale de la marginalité, de la pauvreté et de la déviance. Dans les années 2000, les chercheurs ont clairement admis que la signification et donc l’expérience du handicap changeaient au fil du temps dans une culture donnée et entre cultures différentes[4]. Concernant la période médiévale, par exemple, la plupart des ouvrages publiés jusqu’à présent sont soit des études approfondies centrées sur des cas particuliers, soit des propos assez généraux sur la société étudiée[5]. De plus, les thématiques centrales divergent selon les époques : les historiens des époques médiévale et moderne prêtent un intérêt considérable au poids de la religion, ce qui n’est pas le cas des historiens de l’époque contemporaine. La littérature historique sur la période contemporaine a évolué d’un intérêt pour les politiques publiques, l’action des institutions éducatives[6], celle des associations[7] ou la trajectoire biographique ou l’action des grands personnages historiques (médecins, éducateurs), vers des approches transnationales[8] ou davantage biographiques[9], ou vers des approches plus intersectorielles, prenant en compte le genre ou la race. Dans le paradigme intersectionnel, le « handicap » ne constitue que l’une des multiples caractéristiques identitaires de l’individu. Seuls quelques travaux historiques ont pris en compte ce mode de pensée interdisciplinaire[10].
La littérature sur le handicap s’est rapidement développée après 2005, en s’appuyant sur une approche qui présente le handicap comme un phénomène socioculturel. Dans ces ouvrages, le handicap est mis en contraste avec la normativité au niveau conceptuel : il est conçu comme ce qui s’écarte des « normes » culturellement constituées à un moment donné[11]. En tant qu’histoire culturelle, l’histoire du handicap et de la surdité doit prendre en compte les continuités et les changements passés, en cultivant une vision à long terme entre les époques antiques et contemporaines, révélant les significations plurielles du handicap et de la surdité à travers les siècles[12]. Elle aurait avantage à considérer également les significations du handicap et de la surdité des territoires non occidentaux, afin de mieux cerner la manière dont les nombreuses vagues de migrations ont interprété le handicap et la surdité. Cette approche culturelle permet aussi de mettre en lumière la participation individuelle et collective des personnes handicapées aux rituels sociaux à différentes époques[13], une participation qui peut aussi être éclairée par l’archéologie[14].
Composition du comité scientifique :
Yann Cantin (Maître de conférence sur l’histoire des sourds, Université Paris 8).
Valérie Delattre (archéo-anthropologue à l’INRAP).
Caroline Husquin (Maîtresse de conférence en histoire antique, Université de Lille).
Olivier Richard (Professeur d’histoire médiévale, Université de Strasbourg).
Pieter Verstraete (Professeur associé en études du handicap, KU Leuven).
[1] C. Barral, F. Paterson, H.-J. Stiker, M. Chauvière, L’institution du handicap. Le rôle des associations, PUR, 2000 ; A. Gueslin, H-J. Stiker (eds.), Handicaps, pauvreté et exclusion dans la France du XIXe siècle, Les éditions de l’Atelier, 2003 ; F. Collard, E. Samama (eds.), Handicaps et sociétés dans l’histoire, L’estropié, l’aveugle et le paralytique de l’Antiquité aux temps modernes, L’Harmattan, 2010.
[2] Ce réseau international des historiens de la cécité a été constitué par C. Kudlick et Z. Weygand à l’issue du colloque international « Histoire de la cécité et des aveugles. Représentations, institutions, archives » organisé en juin 2013 (publié dans un numéro spécial de la revue de philosophie Corpus, n° 67,2014 : « Éléments pour une contre-histoire de la cécité et des aveugles », dirigé par M. Chottin). Un deuxième colloque international « Blind Creations » organisé par V. Warne et H. Thompson s’est tenu à Royal Holloway en juin 2015 (publié dans le Canadian Journal of Disability Studies Vol.8 N°6, 2019, co-dirigé par les H. Thompson et M.F. Arentssen : « Cécités et Créations »). Puis, en juin 2016, un troisième colloque « Jacques Lusseyran entre cécité et lumière. Regards croisés », s’est tenu à la Fondation Singer-Polignac (publié dans un ouvrage collectif intitulé Jacques Lusseyran, entre cécité et lumière, co-dirigé par M. Chottin, C. Roussel et Z. Weygand). Un projet de quatrième colloque est en cours, à l’initiative de V. Warne, H. Thompson et M. Chottin.
[3] Les réseaux de la Deaf History international se sont constitués depuis 1991, plus de dix conférences internationales ont déjà été organisées dans différents pays européens et nord-américains.
[4] C. Kudlick, « Disability History : Why We Need Another “Other” », The American Historical Review, 108-3, 2003, pp. 763‑793. Voir également : W. J. Turner, T. V. Pearman (eds.), The Treatment of Disabled Persons in Medieval Europe : Examining Disability in the Historical, Legal, Literary, Medical, and Religious Discourses of the Middle Ages, EMP, 2010.
[5] I. Metzler, A Social History of Disability in the Middle Ages : Cultural Considerations of Physical Impairment, Routledge, 2013. J. Hsy, T. V. Pearman, J. R. Eyler (eds.), A Cultural History of Disability in the Middle Ages, Bloomsbury, 2020
[6] F. Buton, L’administration des faveurs. L’Etat, les sourds et les aveugles (1789-1885), PUR, 2009 ; P. Bourgalais, Les miroirs du silence. L’éducation des jeunes sourds dans l’Ouest 1800-1934, PUR, 2008.
[7] Par exemple, Y. Cantin, La communauté sourde de la Belle Époque, Archives et Culture, 2019.
[8] G. Brégain, Pour une histoire du handicap au XXe siècle. Approches transnationales (Europe et Amériques), PUR, 2018.
[9] A. Cantin, Y. Cantin, Dictionnaire biographique des grands sourds de France, Archives et Culture, 2017.
[10] M. Kaba, « Quelle place pour une perspective de genre dans la disability history ? Histoire du corps des femmes et des hommes à travers le handicap », Traverse, Revue d’histoire, n°3, 2006, p. 47-60. S. Barsch, A. Klein, P. Verstraete (eds.), The Imperfect Historian : Disability Histories in Europe, Peter Lang, 2013 ; C. Krötzl, K. Mustakallio, J. Kuuliala (eds.), Infirmity in Antiquity and the Middle Ages : Social and Cultural Approaches to Health, Weakness and Care, Ashgate, 2015.
[11] E. Bösl (ed.), Disability History : Konstruktionen von Behinderung in der Geschichte, Transcript, 2010, p. 29‑43 ; C. Nolte (ed.), Homo debilis : Behinderte, Kranke, Versehrte in der Gesellschaft des Mittelalters, Didymos, 2009 ; J. Eyler (ed.), Disability in the Middle Ages : Reconsiderations and Reverberations, Ashgate, 2010.
[12] R. M. Toivo, S. Katajala-Peltomaa, Lived Religion and the Long Reformation in Northern Europe c. 1300–1700, Brill, 2016.
[13] Voir la série A Cultural History of Disability in … (Antiquité : C. Laes (ed.) ; époque médiévale : J. Hsy, T. Pearman, J. Eyler (eds.) ; Renaissance : S. Anderson, L. Haydon (eds.) ; dix-huitième siècle : D. C. Gabbard, S. B. Mintz (eds.) ; long dix-neuvième siècle : J. Huff, M.S. Holmes (eds.) ; âge moderne : D. T. Mitchell, S. L. Snyder (eds.)).
[14] V. Delattre (ed.), Décrypter la différence : lecture archéologique et historique de la place des personnes handicapées dans les communautés du passé, Paris, Les Défis De La Civilisation, CQFD, 2009.
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