jeudi 30 avril 2020

Femme et folie sous l'ancien régime

Femme et folie sous l'ancien régime

Appel à communications

Colloque de la SIÉFAR

26-27 mars 2021 : REID HALL, 4 rue de Chevreuse, 75006 PARIS


Dans son Histoire de la folie à l’âge classique (1961) Michel Foucault ne fait nulle part mention d’une différence entre les sexes, tant dans la classification que dans le traitement de la folie. Faut-il en conclure que le lien privilégié construit par la culture occidentale entre femme et folie ne prendrait son véritable essor qu’au XIXe siècle, le célèbre tableau Une leçon clinique à la Salpétrière (1887) jouant le rôle d’image archétypale ? C’est peu probable. Dans les nomenclatures des maladies mentales proposées par l’Antiquité, figure en effet la fameuse hystérie – qui a désormais disparu de la nosographie moderne – cette maladie mentale spécifiquement féminine et liée à la sexualité : la « suffocation de matrice » comme la « fureur utérine » sont ainsi des diagnostics usuels pour les médecins de l’Ancien Régime, le XVIIIe siècle inventant même le terme et la pathologie de « nymphomanie ». La faiblesse « naturelle » de la femme – le plus souvent liée à un utérus dévorant – la rend ainsi particulièrement sensible aux maladies mentales propres à son sexe : on peut évoquer ici le débat aux XVIe et XVIIe siècles entre les partisans de la « folie mélancolique » des sorcières ou des possédées, et ceux qui croyaient à une intervention diabolique, puisque « froide et humide » selon la théorie des humeurs, la femme ne pouvait être atteinte de mélancolie, maladie qui connaît au même moment une valorisation dans le champ culturel comme marque du génie masculin.

À la différence de la folie masculine, souvent plus « cérébrale » et parfois même admirée, le discours médical inscrit donc la folie féminine dans la nature même de la femme, folle dans son corps, mais aussi folle de son corps. Cette pathologisation du désir féminin, perçu comme une menace, est un moyen de contrôle et de domination qui va bien au-delà de la sexualité ; toute femme qui sort de la place qui lui est assignée dans l’ordre social ou moral, décidé par les hommes, est ainsi vite soupçonnée d’être folle. Artistes, mystiques, intellectuelles, femmes politiques ou femmes errantes ou de mauvaise vie, celles qui semblent refuser les normes genrées sont ainsi couramment désignées comme des furies, des hystériques ou encore des lunatiques ; ne dit-on pas que la femme a un quartier de lune dans la tête ? Aussi l’accusation de folie amplifie-t-elle, en les excluant de l’ordre rationnel masculin, l’infériorité des femmes.

C’est dès lors presque toujours une femme qui incarne symboliquement cette folie qui mène le monde, telle la célèbre Moria d’Érasme, traduisant ainsi la fascination paradoxale suscitée par une figure d’autant plus transgressive qu’elle semble ignorer toutes les limites. Aussi, les ouvrages littéraires comme les représentations iconographiques ou encore les œuvres musicales proposent-ils, sur la période de l’Ancien Régime, des représentations de la folie féminine, qui tout en étant fortement ancrées dans la misogynie, rendent parfois hommage à une figure qui peut certes être rejetée et méprisée mais qui peut aussi incarner la libération provocante de la parole comme du désir.

La SIÉFAR propose donc de lancer une vaste enquête sur un sujet qui ne fait qu’émerger, puisque la plupart des ouvrages consacrés à la folie font peu de place à la différence des sexes : comme chez Foucault, il s’agit le plus souvent d’un « non-sujet ». Néanmoins, depuis les années 70, en particulier dans le monde anglo-saxon, la folie féminine – on peut citer à ce propos l’ouvrage de Phyllis Chesler, Women and Madness (1972), ou encore le film Family life de Ken Loach (1971) – est devenu l’objet d’une interrogation sur le lien entre maladie mentale et condition féminine : les femmes ne sont-elles pas poussées dans la folie, à la fois par les injonctions de la société et par une médecine entièrement aux mains des hommes ? Dans le champ de la psychiatrie mais aussi de la psychanalyse, nombreuses sont aujourd’hui les voix qui font entendre une critique de théories historiquement « phallocentrées » et invitent, sans nier la spécificité de certaines pathologies féminines, à reconsidérer la question de la différence des sexes et des genres dans le champ des maladies psychiques.

Dans le domaine historique, on peut citer quelques travaux, principalement sur les XIXe et XXe siècles, ce dont témoigne l’ouvrage de Yannick Ripa, La Ronde des folles : femme, folie et enfermement au XIXe siècle : 1838-1870 (1992). Enfin, signe que le sujet commence, dans le cadre des études de genres, à être exploré, un colloque organisé par le THELIM, Folles littéraires : folies lucides. Les états borderline du genre et ses créations, s’est tenu à Paris, les 8 et 9 novembre 2016, ainsi qu’une journée d’études le 18 novembre de la même année, à Clermont-Ferrand, Histoire de folles. Folie et genre dans les lettres et les arts. Ces deux manifestations, portant l’une et l’autre sur la littérature contemporaine, visent à interroger le lien devenu topique entre création et folie féminine.

Mais force est de constater que la plupart des recherches actuelles portent sur la période contemporaine ; sur l’Ancien Régime, il n’y a pas, semble-t-il, d’ouvrage consacré spécifiquement à cette question ; certes, on trouve pour cette période un assez grand nombre d’études sur l’hystérie – qui dès le XVIIe siècle n’est plus considérée comme une maladie exclusivement féminine – et sur son rôle dans la sorcellerie, la possession, ou encore le mysticisme, phénomènes concernant principalement les femmes. Il y a aussi des articles ou des chapitres d’ouvrage sur les maladies, les thérapies, ou encore sur les lieux d’enfermement des femmes, ainsi que sur les folles de cour, comme la fameuse Mathurine (folle en titre d’Henri IV), à laquelle on attribue par ailleurs nombre d’œuvres satiriques. Pour ce qui est de la littérature, on note surtout des travaux consacrés au choix d’une folle comme personnage dans des œuvres phares telles que L’Éloge de la folie ou encore La grant nef des folles de Josse Bade (vers 1520), et quelques articles sur la fureur des héroïnes féminines et le topos de la folle par amour, tant dans la littérature que sur la scène théâtrale ou lyrique. Par ailleurs, les études sur l’iconographie des fous et des folles sont nombreuses, surtout pour le XVIe siècle.

Cet ensemble riche et disparate nous montre que si certains chemins ont été ouverts il reste encore de grandes zones inconnues à découvrir. Le sujet est non seulement vaste mais, s’étendant sur plusieurs siècles, il demande à être périodisé, les conceptions de la folie comme de la « nature féminine » connaissant, malgré l’existence de constances fortes telles que celle liant la maladie mentale aux caractéristiques biologiques de la femme, des variations considérables. Et il nous faut aussi garder à l’esprit que la folie se définit toujours par rapport à un ensemble de normes qui elles aussi sont variables…

Aussi proposons-nous les axes suivants pour les propositions de communication :
  • D’abord un axe historique visant à étudier les définitions de la folie féminine : il s’agira d’examiner la taxinomie genrée des maladies mentales, le lien entre maladie et sexualité, le type de soins accordés aux malades, le rôle des médecins, les lieux d’enfermement, la perception du public. On pourra aussi s’interroger sur les liens entre folie et marginalité (prostitution, crime) et enfin sur l’appréhension d’un certain nombre de phénomènes religieux (mysticisme, possession, sorcellerie) comme relevant d’une folie spécifiquement féminine.
  • Le second axe sera consacré à la représentation de la folie féminine dans la littérature et les arts. On pourra s’interroger sur la folie comme figure allégorique féminine – de la Mère sotte au grand air de la Folie dans Platée de Rameau – et étudier l’abondante production satirique, tant dans la littérature que dans l’iconographie, sur la folie des femmes. La figure de la furie de même que celle de l’hystérique ou de la lunatique pourront être l’objet d’analyses dans l’ensemble des formes fictionnelles.
  • Dans le troisième axe, il s’agira d’envisager la folie féminine, ou plus précisément l’accusation de folie, comme un moyen de réaffirmer l’ordre patriarcal, tant dans la réalité historique que dans la fiction. Si la violence des calomnies contre les femmes engagées dans la Révolution – elles sont accusées d’être des prostituées, des folles, des furies enragées – est bien connue, qu’en est-il pour ces figures féminines de révoltée, de marginale, ou encore d’intellectuelle ou de créatrice qui les ont précédées ?
  • Enfin, le dernier axe est une « bouteille jetée à la mer » : si les œuvres de femmes internées ou considérées comme folles abondent aux XIXe et XXe siècles, et sont désormais l’objet d’une reconnaissance artistique – tant la figure du « fou créateur » s’est imposée, comme l’attestent deux expositions de 2018 à Paris, « La folie en tête » et « Georges Focus. La folie d’un peintre sous Louis XIV » – ne pourrait-on pas trouver sous l’Ancien Régime des écrits et des œuvres artistiques de femmes jugées folles ou se jugeant folles ? Le colloque serait dès lors l’occasion de découvrir une part de la création féminine jusqu’ici ignorée.

Ces suggestions sont loin d’être exhaustives et le comité scientifique est ouvert à d’autres propositions et aussi à d’autres approches. Le but de ce colloque de la SIÉFAR est en effet d’ouvrir un nouveau champ de recherche dans l’histoire et la représentation des femmes sous l’Ancien Régime en lançant une vaste enquête interdisciplinaire.
Modalités de proposition

Les projets de communication devront être adressés avant le 1er septembre 2020 au comité d’organisation de la SIÉFAR :
Marianne Closson : marianne.closson@wanadoo.fr
Nathalie Grande : nathalie.grande@univ-nantes.fr
Claudine Nédélec : clnedelec@yahoo.fr
Ghislain Tranie : ghislaintranie@gmail.com

Nous vous demandons d’envoyer une proposition en fichier attaché format rtf, ou doc. de 500 mots maximum, accompagnée d’une « bio-bibliographie » d’une dizaine de lignes, dans lequel figurera votre université ou laboratoire d’affiliation, votre adresse électronique ainsi que vos coordonnées personnelles (adresse et téléphone) nécessaires pour les demandes de subvention. Vous pourrez éventuellement ajouter quelques références bibliographiques si vous avez déjà travaillé sur ce sujet. Le fichier aura pour titre le nom de l’auteur ou des auteurs de la proposition.

Il sera répondu aux propositions avant le 30 octobre 2020.

N’hésitez pas à prendre contact avec nous si vous avez des questions.
Comité scientifique
Dominique Brancher (Littérature de la Renaissance, Université de Bâle)
Dominique Godineau (Histoire moderne, Université Rennes 2)
Sophie Houdard (Littérature française du XVIIe siècle, Paris III-Sorbonne Nouvelle)
Marie-Élisabeth Henneau (Histoire médiévale et moderne, Université de Liège)
Colette Nativel (Histoire et Histoire de l’art, Paris 1- Panthéon-Sorbonne)
Catriona Seth (Littérature française du XVIIIe siècle, Université de Lorraine et Université d’Oxford)

mercredi 29 avril 2020

Réaction d'épidémies

Réaction d'épidémies

Appel à contributions


Revue du Rhin Supérieur


Mulhouse ayant été, et étant toujours, touchée de plein fouet par la pandémie de Covid-19, le comité de lecture de la Revue du Rhin Supérieur a décidé d'adjoindre au numéro à venir un dossier spécial "Réactions d'épidémie". Celui-ci mobilisera toutes les disciplines, et périodes, constitutives des sciences humaines et sociales afin d'œuvrer à la compréhension des premiers mécanismes sociaux, politiques et économiques de cette pandémie et par là de permettre sa mise en perspective avec d'autres épidémies. Deux axes de réflexion sont plus particulièrement encouragés : Savoir, prévoir ou faire face ? Enjeux économiques et politiques ; Parler d'épidémies : récit et construction sociale.


Argumentaire

Le 17 février dernier s’ouvrait à Mulhouse le rassemblement de l’église de La Porte Ouverte Chrétienne. À cette date, les spécialistes internationaux envisagent déjà la probabilité d’une pandémie due au coronavirus, et en France – où le virus serait présent depuis le 24 janvier au moins –, un premier décès a déjà été enregistré. Alors que le 21 février, la direction générale de la santé se félicite de « l’absence de chaîne de transmission active en France », les premiers symptômes apparaissent, trois jours plus tard, chez certains fidèles de l’église mulhousienne. Dès lors, malgré l’annonce, le 6 mars, de la fermeture des établissements d’enseignement haut-rhinois (à l’exception notable de l’enseignement supérieur), le rassemblement évangélique paraît avoir entraîné une « super propagation » dans un contexte sanitaire déjà délicat (système hospitalier en crise, pénurie d’équipements, etc.). Désormais point névralgique de la pandémie sur le territoire français, le Haut-Rhin fait l’objet de mesures inédites dont l’installation d’un hôpital militaire de campagne et l’évacuation de malades sur le reste du territoire métropolitain et dans les pays frontaliers.

Cette place centrale, bien qu’involontaire, de Mulhouse dans la pandémie ne pouvait être ignorée par la Revue du Rhin Supérieur. Bien que le temps des bilans ne soit encore venu, interviews, infographies, tribunes ou articles ne cessent d’apparaître sur divers réseaux et médias, qu’il s’agisse de questionner les mécanismes de propagation d’une pandémie, d’en mesurer les répercussions immédiates ou à venir, ou encore d’enregistrer l’événement par le biais de journaux de confinements ou de collecte de témoignages. Ce déferlement de prises de parole et de position, symptomatique de cette ère de l’hyper-media et créant parfois une réelle « infodémie », n’a jamais suscité autant de débats et oppositions, faisant valoir l’absence de légitimité, de recul ou d’autorité de la part des intervenants.

Pour un chercheur en sciences humaines et sociales, prendre la parole sur la pandémie actuelle pose une réelle question éthique – peut-on analyser un événement en cours, instrumentalisé par certains acteurs politiques, et pour lequel les données demeurent si lacunaires – et oblige à repenser, ou réaffirmer, le positionnement de sa discipline par rapport au monde contemporain. Il ne s’agit cependant pas ici de proposer un énième dossier discutant de la place des sciences humaines et sociales dans l’analyse du monde contemporain, mais de questionner nos réactions, en tant que chercheurs, face à la pandémie et de proposer un espace où chacun, selon sa discipline, ses ressources méthodologiques ou sa sensibilité propre, puisse développer sa propre réflexion, en réaction à la situation inédite à laquelle nous confronte cette nouvelle pandémie. Deux axes seront ainsi privilégiés :

  • Savoir, prévoir ou faire face ? Enjeux économiques et politiques. Tant l’engorgement des hôpitaux que la pénurie de matériel médical ou para-médical (masques, blouses, respirateurs, gels) procèdent de politiques antérieures : désindustrialisation des territoires nationaux, délocalisation des productions, réformes du système de santé et du financement de la recherche scientifique, etc. Parallèlement, la gestion immédiate de la pandémie a mis en relief le caractère stratégique, et pourtant oublié, des circuits logistiques des produits de consommation, du matériel médical ou encore des systèmes de communication. En s’appuyant sur les stratégies développées séparément par certains territoires et/ou États ou à l’inverse sur les coopérations transfrontalières antérieures ou établies en réponse à la crise (transfert de patients par exemple), il s’agira notamment d’envisager les outils législatifs, politiques, économiques et discursifs mobilisés par les pouvoirs politiques pour faire immédiatement face à une épidémie et d’identifier la réactivation éventuelle de dispositifs ou d’éléments de langage antérieurs (état d’urgence, discours martial, etc.). On pourra notamment s’interroger sur les mécanismes d’identification des causes politiques, économiques et sociales, les épidémies faisant tour à tour office de miroir grossissant, déformant ou sans tain d’une société donnée. Sans tomber dans une forme de téléologie, il s’agira plus particulièrement de réfléchir aux modalités et enjeux de la construction immédiate d’un discours, conduisant à pointer des défaillances avérées, supposées ou projetées, à appeler une refondation politique, sociale, économique et territoriale ou encore à alerter sur les conséquences, immédiates ou à long terme, de la perte de mobilité d’une société (crise économique, inégalités sociales, etc.). Des mises en perspective avec d’autres épidémies (Peste de Justinien, Grande Peste de 1347, choléra de 1831, grippe espagnole de 1918, etc.) ou événements mobilisés dans les discours pourront utilement éclairer les permanences dans les constructions politiques établies en réaction à l’épidémie, leurs logiques territoriales, leur réception par leurs populations concernées ainsi que les éventuelles disjonctions entre discours sanitaire et action politique.

  • Parler d’épidémies : récit et construction sociale. Après la grippe « espagnole » (20 à 40 millions de morts en 1918-1920), la grippe « asiatique » (2 millions de morts en 1957), la grippe de 1968 a fait un million de morts dans l’indifférence quasi-générale. À l’inverse, la pandémie de Covid-19 tend à être présentée comme aussi exceptionnelle qu’inattendue. Elle donne ainsi lieu à une surabondance de discours et de stratégies déployées par les institutions et par les individus, souvent pour contrer les effets socio-culturels de la pandémie (mise à disposition de ressources, journaux de confinement, collecte de témoignages, etc.) et dans certains cas conserver, voire créer, une mémoire immédiate de l’épidémie, la sensation de « faire l’histoire » tendant parfois à compenser l’incompréhension liée à l’épidémie, aux conditions de son apparition et à ses conséquences socio-politiques immédiates. Les éléments constitutifs de la mémoire d’une épidémie pourront être questionnés : comment dater un phénomène aussi diffus qu’une épidémie ? Pourquoi des épidémies sont-elles considérées comme plus mémorables que d’autres ? À l’inverse, comment la construction délibérée d’une mémoire immédiate détermine-t-elle à long terme l’élaboration du discours historique ? Par là, une réflexion plus générale pourra être engagée sur les données dont peuvent se saisir les chercheurs en sciences humaines et sociales pour contribuer à la compréhension d’un phénomène initialement sanitaire, dont les répercussions mobilisent l’intégralité d’une société nationale et/ou globalisée.

Délais et modalités
Les articles (compris entre 30.000 et 45.000 caractères) sont à envoyer au plus tard le 31 mai 2020 à l’adresse suivante : revuedurhinsuperieur.cresat@uha.fr.

Les contributions, issues de l’ensemble des disciplines constitutives des Sciences humaines et sociales, seront soumises à une évaluation en double aveugle. Les auteurs sélectionnés seront avertis début juillet et devront envoyer leur article définitif avant le 29 juillet 2020 pour une publication en novembre 2020.

Les normes éditoriales peuvent être téléchargées à l’adresse suivante : http://www.cresat.uha.fr/activites/publications/rrs/.


Présentation de la revue

La Revue du Rhin supérieur est une revue interdisciplinaire en sciences humaines et sociales, créée en 2018 et portée par l’Université de Haute-Alsace (CRÉSAT, UR-3436). Elle vise à renforcer la connaissance des pouvoirs politiques et des institutions, de l’économie et de la société, de la culture ou encore du territoire. Compte tenu de la dynamique territoriale de l’Université de Haute-Alsace, au cœur du Rhin supérieur, la revue met plus particulièrement en valeur les recherches consacrées à cet espace multinational (France – Suisse – Allemagne) et aux logiques transfrontalières.

Direction de la revue
Camille Desenclos (Université de Haute-Alsace).

Comité de lecture
Stéphanie Averveck-Lietz (Université de Brême) 
Régis Boulat (Université de Haute-Alsace) 
Guido Braun (Université de Haute-Alsace) 
Michel Deshaies (Université de Lorraine) 
Stéphane Haffemayer (Université de Rouen) 
Carine Heitz (Irstea-ENGEES GESTE) 
Brice Martin (Université de Haute-Alsace) 
Renaud Meltz (Université de Haute-Alsace)
Eleni Mitropoulou (Université de Haute-Alsace) 
Pascal Raggi (Université de Lorraine)

mardi 28 avril 2020

La peste et la propagande napoléonienne

Plague, Politics, and Napoleonic Propaganda c. 1800

Lecture


Apr 29, 2020 4:00 - 4:45 pm


In 1799, plague broke out in the French army during its invasion and occupation of Egypt and Syria under the leadership of General Napoleon Bonaparte. Bonaparte’s reaction to the contagion, and the representations of the disease he commissioned after his return to France, imbricate politics, medicine, and morality in complex ways and suggest interesting comparisons with contemporary debates about governmental responses to COVID-19. This lecture will be presented by David O'Brien, Professor of Art History.



This lecture will take place on Zoom:


https://illinois.zoom.us/j/5991147274?pwd=NEtqdTZ0MXVtQWtHdUllQ3NhbTRLdz09

Meeting ID: 599 114 7274

Password: EUCENTER

lundi 27 avril 2020

Humanité et inhumanité médicales dans le monde germanophone

Medical Humanity and Inhumanity in the German-Speaking World 

Edited by Mererid Puw Davies and Sonu Shamdasani

UCL Press
Publication: April 15, 2020
Series: FRINGE
ISBN: 9781787357716



Medical Humanity and Inhumanity in the German-Speaking World is the first volume dedicated to exploring the interface of medicine, the human and the humane in the German-speaking lands.

The volume tracks the designation and making through medicine of the human and inhuman, and the humane and inhumane, from the Middle Ages to the present day. Eight individual chapters undertake explorations into ways in which theories and practices of medicine in the German-speaking world have come to define the human, and highlight how such theories and practices have consolidated, or undermined, notions of humane behaviour. Cultural analysis is central to this investigation, foregrounding the reflection, refraction and indeed creation of these theories and practices in literature, life-writing and other discourses and media.

Contributors bring to bear perspectives from literary studies, film studies, critical theory, cultural studies, history, and the history of medicine and psychiatry. Thus, this collection is historical in the most expansive sense, for it debates not only what historical accounts bring to our understanding of this topic. It encompasses too investigation of life-writing, documentary, and theory and literary works to bring to light elusive, paradoxical, underexplored – yet vital – issues in history and culture. 

samedi 25 avril 2020

L'anxiété dans l'Europe du Nord au Moyen-âge

Experiencing Anxiety in Medieval and Early Modern Northern Europe

Call for Papers


eds. Kirsi Kanerva & Riikka Miettinen

We are looking for articles of max. 7000 words for an edited volume on experiences of anxiety in Northern Europe (including the Nordic areas, the British Isles, northern Germany and Poland, the Baltic regions) from the eleventh to the nineteenth century.

In this book “anxiety” refers to a distressing psycho-physiological state characterized by negatively evaluated feelings and emotions. The modern umbrella term “anxiety” covers a variety of states, some considered “normal” stressful states and others to be medicalized conditions, i.e. mental disorders. According to the modern conception, anxiety may entail feelings of uneasiness, worry, distress and even (sometimes paralyzing) dread and fear as well as physical sensations and somatic symptoms such as sweating, heart palpitations, trembling or shortness of breath. However, anxiety is not a specific, clear-cut sensation, feeling or an emotion – rather, it consists of a set of sensations, feelings and lines of thought typically triggered by or ascribed to some unpleasant (actual or anticipated) event or concern.

We depart from the premise that the language and vocabulary of anxieties as well as the forms they assume and how they manifest differ across cultural and historical contexts. As in the modern world, medieval and early modern people were tormented by distinct types of anxiety that entailed, for instance, moral, religious, supernatural, economic, sexual, health-related, social and interpersonal concerns. Anxieties were expressed and represented in various ways, and the connotations of the condition as well as the causes to which it was attributed varied in the medieval and early modern environments. Earlier studies have shown that, for example, distress over salvation, apocalypse or witchcraft was not uncommon in the medieval and early modern religious mentality. Several discourses were in play in explaining the causes of ‘anxious’ conditions; alongside the learned conceptions of humoral theory, diverse vernacular understandings persisted and proliferated among the laity throughout the period under scrutiny.

This edited collection will contribute to discussions on experiences of anxiety as a cultural and historical phenomenon and on the various explanatory models proposed with regard to the causes of the condition. In particular, it aims to shed light on how such conditions were experienced by individuals and on the communal level. What kinds of thoughts, feelings and bodily sensations were involved in experiencing anxieties, and how these states were comprehended in the historical and cultural contexts in focus here.

We are looking for contributions approaching the topic, medieval and early modern anxiety, from the perspective of the history of experiences, discussing the ways in which complex psycho-physiological states understood as anxieties were ‘’lived through” and experienced in lay and religious as well as rural and urban communities among the lower classes and the elites. Here, “experience” refers to experiences felt or witnessed and given meanings by individuals, and having an intense effect on their inner lives, likewise to experiences of external events. In line with Bourdieusian notions of practice theory and its applications in Monique Scheer’s idea of emotions as practice, the concept of experience is comprehended here as a socially constructed and situated practice involving the material non-dualistic body (including the mind) as the “actor and instrument” of experiences. Experiencing is doing and saying, an activity and a process of meaning-giving, carried out by a knowing body, in which past experiences are internalized, in an historical context where social structures, cultural habits and the physical environment affect the actor’s agency.

Previous scholarship has focused on the literary and artistic representations of anxiety as an emotion and as a condition in Western history. Also, the scientific, medical and religious understandings of melancholia and despair that could be understood as subspecies of anxiety, have attracted a great deal of interest. Anxiety as a mental disorder has been studied in particular the fields of history of medicine and psychology. The aim of this book is not to conduct anachronistic retrospective diagnoses but rather to present a novel perspective on the topic. The viewpoint of the history of experiences brings forth the modes of attaching meanings and emotions to events and sensations and the agency enacted by individuals and communities involved in creating and reproducing social reality. By concentrating on an era characterized by a paucity of surviving autobiographical sources, this anthology will also contribute to the development of new methodology for studying and reconstructing personal and communal experiences with a variety of sources rarely used for these purposes, including court records, sagas and miracle stories.

We invite proposals for articles that explore any of the following, or related topics, in relation to medieval or early modern Northern Europe:

– experiences of different types of anxiety (e.g. economic, religious, spiritual, sexual, social, interpersonal, health-related)
– interpretations of the causes, origins and instigators of anxieties

– bodily and somatic aspects of anxiety experiences

– various verbal, non-verbal, material and non-material means of expressing anxieties

– regulating anxiety and its expression

– context-dependent meanings attached to experiences of anxiety (e.g. good, excessive, inappropriate etc.) and communal reactions towards the “anguished” and the “anxious”
– medicalization of the various forms of anxiety
– gendered experiences of anxiety, or other intersectional perspectives



To submit your article proposal, please send a tentative title and an abstract of 200 to 400 words, with your contact information and affiliation by 5 May, to Dr. Riikka Miettinen (Tampere University) and Dr. Kirsi Kanerva (University of Helsinki), email riikka.miettinen(at)tuni.fi and kirsi.kaneva(at)helsinki.fi

Important dates

5 May, 2020: deadline for abstracts

15 May 2020: information concerning acceptance sent to the writers

15 September 2020: submission deadline for articles to be submitted to editorial review

(by) 20 October 2020: editorial comments provided

30 November 2020: submission deadline for final versions, which will then go through editorial process and peer-review

vendredi 24 avril 2020

Virus, épidémies et pandémies dans la littérature, le cinéma et les séries

Virus, épidémies et pandémies dans la littérature, le cinéma et les séries : imaginaire épidémique, modalités et enjeux

Appel à contributions 


S’il nous semble tout à fait légitime de parler d’une littérature pour ainsi dire « pandémique », c’est que depuis les années quatre-vingts du siècle écoulé, on assiste au surgissement d’une nouvelle vague de romans qui s’inscrivent dans le prolongement thématique de La Peste de Camus et du Hussard sur le toit de Giono, et qui mettent en scène des personnages aux prises avec des virus mortels et ravageurs.

L’apparition du sida constitue à notre sens l’un des principaux facteurs qui ont contribué à la prolifération de cette littérature « virale », et plus particulièrement, de la fiction sidéenne que Joseph Lévy et Alexis Nouss ont baptisée « la sida-fiction[1] » et dont le pionnier en France est incontestablement Dominique Fernandez, l’auteur de La Gloire du paria[2].

Au cours des deux dernières décennies du XXe siècle, des centaines de romans axés sur le thème du sida ont marqué le paysage littéraire américain, européen, voire mondial, et charrié de nouvelles représentations romanesques de la maladie, de la sexualité, de l’amour, de la mort, du bonheur, de la peur communautaire, du couple, des relations familiales, sociales et, plus globalement, interhumaines, de la solitude, du corps, du temps, de la vieillesse, de la séparation, de la modernité, etc. De nombreux auteurs, tels Jean-Pierre Boulé, Hervé Guibert, Guillaume Dustan et John Champagne, ont contribué également à endiguer ce que Paula Treichler avait nommé l’« épidémie de signification[3] » et à déconstruire les clichés et stéréotypes sexistes et homophobes qui ciblent la communauté séropositive : 

Tour à tour sous-estimée et hypermédiatisée, l’irruption du sida – mal à la fois honteux, « infâme » et pour ainsi dire très people – a mis à l’épreuve, jusqu’à les ébranler, tous les discours, de même qu’elle a réveillé les fantômes assoupis de pandémies anciennes et qu’elle a renforcé les catégorisations, les culpabilisations, les discriminations, en faisant de l’écriture littéraire « une forme de survie énonciative » et un espace de négociation d’un contre-discours identitaire et social aux accents variés[4].

Porte-paroles pour ainsi dire de ces millions de personnes séropositives dont la plupart taisent leurs souffrances et préfèrent partir en silence, les auteurs sidéens avaient réussi à faire entendre leurs voix et à médiatiser leur cause[5] à travers des textes dont le style et la richesse n’étaient pas sans susciter l’intérêt des critiques et des chercheurs, entre autres certains anthropologues, qui allaient explorer cette mine précieuse pour fonder ce qu’on nomme aujourd’hui l’« anthropologie romanesque » :

"si ce que nous recherchons, affirme François Laplantine dans son Anthropologie de la maladie, ce qui est du domaine de la fantasmatique, de l’imaginaire, de l’affect, des réactions et des interprétations du sujet dans ce qu’il a de plus apparemment irrationnel – et comment en faire abstraction dans une étude sociale de la maladie ? – alors l’anthropologie romanesque – qui est aussi tout éloignée de la littérature réaliste que du scientisme en sciences humaines – est une source d’information et de connaissance dont on ne voit vraiment pas pourquoi une authentique anthropologie scientifique devrait se priver[6]."

Sachant qu’au fil des vingt dernières années, les recherches scientifiques pour la découverte d’un vaccin contre le sida ont beaucoup évolué, que le regard porté sur les séropositifs a beaucoup changé grâce justement au militantisme des défenseurs de la cause sidéenne et que des dizaines de nouveaux romans sur cette épidémie ont vu le jour (le tout dernier est The Great Believers de Rebecca Makkai qui a été traduit par Caroline Bouet et qui figure parmi les romans finalistes du prix Pulitzer et du National Book Award), il serait intéressant de faire l’état des lieux des recherches critiques sur la sida-fiction, non seulement dans la perspective anthropologique mais aussi littéraire, sociologique, sémiotique et philosophique. Existe-t-il par exemple une poésie sidéenne ou une sida-poésie (comme la sida-fiction) ? Y a-t-il une littérature maghrébine (d’expression française) sidéenne ? Après environ quarante ans depuis l’apparition de l’épidémie, quel regard les auteurs contemporains qui abordent ce thème portent-ils sur les années sida et sur ce passé sombre marqué par le sceau de la mort ? Peut-on parler aussi d’une littérature sidéenne féministe ? Dans un récent ouvrage collectif, Florence Lhote et Nicolas Balutet ont emprunté les « trajectoires féministes[7] » pour mettre en lumière les rapports entre maladie et créations littéraires et artistiques féminines, et montrer que l’écriture peut constituer non seulement une forme de résistance féministe contre l’épidémie et la mort mais aussi un excellent outil thérapeutique (sur le plan psychologique).

Signalons d’autre part qu’avant le sida, des épidémies plutôt collectives comme la peste ou le choléra ont fait l’objet de plusieurs traitements littéraires, et ce depuis l’Antiquité. La liste des textes évoquant ces épidémies serait trop longue, mais on pourrait citer à titre d’exemples : l’Iliade d’Homère, Œdipe Roi de Sophocle, Les Géorgiques de Virgile, Le Décaméron de Boccace, « Les animaux malades de la peste » de La Fontaine, Journal de l’Année de la Peste de Daniel Defoe, Histoire de la colonne infâme d’Alessandro Manzoni , « Le Masque de la mort rouge » d’Edgar Allan Poe, La Mort à Venise de Thomas Mann, La Peste écarlate de Jack London, L’Amour au temps du choléra de Gabriel Garcia Marquez, Les Pestiférés de Marcel Pagnol, etc. Dans ces différentes œuvres, l’évocation de la peste ou du choléra se décline de différentes manières qu’il serait intéressant d’étudier et revêt de multiples fonctions : critique acerbe de la cour dans « Les animaux malades de la Peste » où l’on apprend que « les jugements vous rendront blanc ou noir » « selon que vous serez puissant ou misérable », mise en relief des vaines tentatives de l’homme pour fuir la mort dans « Le Masque de la mort rouge », dénonciation du nazisme et invitation à la résistance contre les forces du Mal dans La Peste, etc.

Dans le contexte plus récent, il existe d’autres épidémies collectives ainsi que des virus qui vont devenir rapidement les nouveaux ennemis invisibles de l’humanité mais en même temps les nouvelles vedettes médiatiques : Ebola, le virus de Marburg, la grippe aviaire, la grippe porcine, la méningite bactérienne, le SARS et actuellement le Coronavirus (ou le Covid-19), des virus qui n’avancent pas lentement et « également (...) à la marche d’un homme[8] » comme le dit Eugène Sue à propos du choléra dans Le Juif errant, mais qui se propagent et ravagent le monde entier en quelques jours à l’instar du feu qui dévore le chaume. Le corpus des œuvres pandémiques s’enrichit ainsi chaque année de dizaines de romans inspirés d’événements réels (Babel Epidemic, Ebola aux cents visages de Sybile Vardin) ou purement fictionnels et appartenant à divers genres littéraires tels que :

- la science-fiction : The Hot Zone, Crisis in the red zone de Richard Preston, la saga Fléau de Stephen King, De profundis d’Emmanuelle Pirote, Station Eleven d’Emily St. John Mande, Erectus de Xavier Müller,

- le polar scientifique ou médico-légal : Contagion, Virus, Invasion et Pandémie de Robin Cook,

- Le roman médico-biographique : Peste & choléra de Patrick Deville,

- le polar ésotérique : Inferno de Dan Brown,

- le roman d’espionnage : I Am Pilgrim de Terry Hayes,

- le roman médico-documentaire : Pandemia de Franck Thilliez,

- le roman historique : La Danse du cheval blême de Nicole Cheverney qui perpétue une tradition romanesque bien établie,

- la littérature de jeunesse : Wilder Girls de Rory Power.

Les épidémies vont également être portées à l’écran et l’on verra émerger, à partir des années quatre-vingt-dix, beaucoup de films et de séries (souvent dystopiques, post-apocalyptiques et travaillés par la collapsologie) mettant en scène des héros qui affrontent une épidémie, tentent de déjouer une attaque terroriste virale ou cherchent une échappatoire dans un monde chaotique ravagé par une pandémie universelle et envahi par les zombies. Un vrai cinéphile penserait ici à certains « classiques » hollywoodiens tels que : « Alerte ! » de Wolfgang Petersen (1995), « I Am Legend » de Francis Lawrence (2007), « Carrier » d’Alex et David Pastor (2010), « Contagion » de Steven Soderbergh (2011), « World War Z » de Marc Forster (2013) et la saga « Resident Evil » de Paul W. S. Anderson (2002-2016).

Par ailleurs, le spectacle des virus, des microbes ou des parasites extrêmement virulents qui infestent les corps des incubateurs pour les métamorphoser en mutants hématophages ou en monstres cannibales va devenir progressivement l’un des topoï récurrents dans un grand nombre de séries télévisées (The walking Dead,The Outbreak, Helix, V Wars, etc.) dont le succès s’explique, entre autres, par la combinaison ingénieuse entre science-fiction, thriller psychologique et horreur.

Interrogeant l’avenir de l’homme, sa phobie instinctive face à des dangers qui menacent son existence, exposant une nouvelle vision de la vie sociale, de la solitude tantôt choisie tantôt imposée, dévoilant les tensions et les peurs communautaires qui peuvent déboucher parfois sur la violence, la xénophobie, le lynchage des groupes minoritaires et la chasse aux boucs émissaires, ces productions littéraires, cinématographiques et sérielles du « pire » constituent des terrains extrêmement riches et fertiles que les critiques peuvent explorer selon de nombreuses approches et perspectives. En effet, celles-ci ne constituent-elles pas, dans une certaine mesure, des « mécanismes de défense », par lesquels l’homme tente de maîtriser tout ce qui semble échapper à sa maîtrise et à sa compréhension ? « Dire ou plutôt écrire la catastrophe [ne revient-il pas] à tenter de l’apprivoiser, de la réduire à un univers maîtrisable par l’homme, celui du langage, comme si le fait de mettre des mots concrets sur un événement extraordinaire était aussi une manière de le contrôler, de l’exorciser[9] ». 

Dans l’une de ses études sur l’imaginaire post-apocalyptique dans certaines séries américaines et anglo-américaines (The Strain, Chernobyl, The 100, Fortitude et The Expanse), Isabelle-Rachel Casta s’interroge de sa part : « Le schème de la contamination, de l’invasion, de la colonisation microbienne préludant à l’effondrement renvoie-t-il une fois de plus à la formule de Paul Valéry : “l’homme sait ce qu’il fait, mais ne sait pas ce que fait ce qu’il fait” ?[10] ».

Sur le plan de la réception, on peut s’interroger sur le secret de cette réussite « virale » des romans, des films et des séries épidémiques. Qu’est-ce qui fascine justement dans ce genre de productions ? La mort en groupe a-t-elle un autre sens que celui de la mort individuelle ? Est-elle plus supportable quand elle devient la chose la mieux partagée entre les hommes ?

D’un point de vue philosophique, les épidémies invitent à des réflexions sur la condition de l’homme, sur l’être et sa relation avec le Mal qui peut le frapper et l’anéantir à tout moment malgré le progrès qu’il a atteint dans le domaine scientifique et technologique. D’ailleurs, pour Michel Dupuis, les épidémies peuvent avoir parfois quelques avantages, puisqu’elles « nous rappell[ent] que, nous “esprits arrogants”’, pouvons aussi mourir “bêtement”, de la nature[11] ».

D’un point de vue pédagogique, les savoirs scientifiques renarrativisés dans les romans épidémiques et « viraux » ne sont-ils pas exploitables en classe dans le cadre d’actions préventives ou éducatives ?

On peut s’interroger aussi sur l’écart entre les savoirs « fictionnalisés » et les savoirs médicaux réels ? Si dans le cas de ce qu’on appelle la FASP ou « la fiction à substrat professionnel », cet écart est très infime voire inexistant (étant donné que les romanciers sont eux-mêmes des spécialistes, comme c’est le cas de Kathy Reichs ou Patricia Cornwell), il peut, en revanche, être très grand lorsque l’auteur n’est pas spécialiste ou virologue ou lorsqu’il est tout bonnement le témoin d’un drame.

On peut se demander, par ailleurs, si le récit peut se faire l’écho des interrogations douloureuses que les gens se posent à une époque donnée et s’il reflète les théories médicales les plus en vogue. Dans « Peste, texte et contagion : Le Journal de l’année de la peste (1722) de Daniel Defoe », Hélène Dachez montre comment le récit est traversé par des considérations médicales qui continuent à tarauder l’homme d’aujourd’hui :

La contagion, dans son sens médical, est au cœur du Journal. Elle est à l’origine de la plupart des questions que H. F. pose de façon lancinante : a-t-on plus de chance d’éviter la contagion en restant sur place ou en fuyant ? Est-il efficace, pour éviter que la maladie ne se répande, de fermer les maisons et d’empêcher leurs habitants, même sains, de sortir, dès qu’un cas de peste s’est déclaré dans un foyer ? Que deviennent les rapports entre les gens et quel aspect prend une ville en cas de contagion généralisée ? Est-il bon ou néfaste d’allumer dans les rues des feux censés purifier l’air des particules contagieuses qu’il contient ? Il est à noter qu’au 18e siècle, en l’absence de théorie dominante comme celle qui viendra expliquer, cent ans plus tard, le passage du bacille de la peste de la puce au rat et à l’homme, plusieurs théories concomitantes se disputent l’explication du processus de contagion. Les patients du 18e siècle pouvaient opter pour l’une ou l’autre, ou un amalgame d’explications qui peut sembler flou au lecteur du 21e siècle. Dans le cas de la peste – un terme désignant plusieurs épidémies mortelles et très contagieuses – ces théories sont d’autant plus tâtonnantes que ni le bacille de la peste ni le rôle de vecteur de la puce n’ont encore été identifiés. Insaisissable et difficile à comprendre, la peste devient omniprésente tout ensemble dans Londres et dans l’organisme de ses habitants, qu’elle pénètre à la faveur de passions déréglées.

C’est en faisant alterner le général et le particulier, et en sélectionnant des cas saisissants pour marquer l’esprit de son lecteur que Defoe retravaille dans son Journal l’idée avancée par les médecins de l’époque que les sentiments violents ou déplaisants disposent l’organisme à recevoir la peste. Le médecin Richard Mead explique, en insistant sur les émotions et sur leurs effets sur « le corps », envisagé comme une entité relativement abstraite, que la fermeture des maisons ne peut avoir qu’un effet délétère sur les organismes, car « la peur, le désespoir et l’abattement psychologique disposent le corps à recevoir la contagion et, une fois reçue, en renforce les effets[12].

S’agissant particulièrement de la littérature, il serait intéressant de réfléchir sur la mise en récit que les auteurs font de l’épidémie. L’évocation de la maladie se traduit-elle, par exemple, par une écriture du désastre, trouée, fragmentée, qui, seule, est susceptible de dire l’horreur à laquelle les gens sont confrontés ? Quelles modalités scripturales les auteurs privilégient-ils pour rendre compte d’une expérience à la fois individuelle et collective ? « Contaminé [par exemple] par la peste », le « texte [ne porte-t-il] pas dans son corps même les marques de la maladie[13] » ? La nature insaisissable de l’épidémie ne conduit-elle pas à « un texte [...], par endroits, aporétique » comme dans Le Journal de l’année de la peste où « le fait de ne pouvoir dire la peste, loin d’être un défaut du texte, est au contraire un trait caractéristique de sa narration, comme si les mots ne pouvaient rendre toute l’horreur de la maladie[14] » ? Plus généralement, pourrait-on définir une poétique des récits épidémiques qui, mettant en relief les traits esthétiques constants dans plusieurs textes, permet de les constituer en un genre à part ? 

On voit que les pistes de réflexion qu’ouvre la littérature épidémique sont très nombreuses et, outre les points déjà soulevés, les principaux axes et interrogations que cet ouvrage aspire à appréhender peuvent être formulés comme suit :

- Nouvelles représentations du VIH dans la sida-fiction.

- Sida et militantisme féminin.

- Qu’est-ce qui caractérise l’imaginaire viral ou pandémique ?

- Quelles approches sont les plus à même de mettre en lumière le discours socio-culturel que renferment ces œuvres ?

- Comment s’organise la narration dans ce genre de textes ?

- Comment certains genres vont se saisir de cette nouvelle thématique épidémique et virale ? 

- Comment le viral impacte-t-il l’humain, le social et le temporel d’un point de vue anthropologique et philosophique ?

- Quelles représentations de la postmodernité et de la technicité ce genre de productions véhicule-t-il ?

- Science et conscience, éthique et politique.

- Vulgarisation du savoir médical dans les romans épidémiques.

- Réseaux sociaux et psychose collective.

- Épidémies « de signification » et théories complotistes.

- Le fantôme de la guerre biologique et les nouvelles lectures politico-stratégiques.

- Épidémies et crise économique.

- Comment la mort et la vie sont-elles représentées dans la poétique virale ou épidémique ? 

Comme le montrent les axes proposés, la perspective de cet ouvrage se veut transversale et pluridisciplinaire.

*

Les résumés, d’environ 400 mots, accompagnés d’une brève notice bio-bibliographique, sont à envoyer d’ici le 30 octobre 2020 aux adresses : epidemiesbook@yahoo.com // kamel_fekih@yahoo.fr // moez_lahmedi@yahoo.com

Les avis du comité scientifique seront transmis aux participants vers mi-janvier 2021.



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Comité scientifique :

- Michèle Aquien, (Université Paris-Est Créteil, France)

- Nicolas Balutet, (Université Polytechnique Hauts-de-France, Valenciennes, France).

- Gilles Bibeau, (Université de Montréal, Canada)

- Isabelle-Rachel Casta, (Université d’Artois, France)

- Nicole Décuré, (Université Toulouse III, France)

- Abdessamad Dialmy, (Université de Fez / Rabat, Maroc).

- Lise Gauvin, (Université de Montréal, Canada).

- Judith Hayem, (Université de Lille, France)

- Alexis Nouss, (Université d’Aix-Marseille, France).

- Jean-Marie Roulin, (Université Jean Monnet, Saint-Etienne, France).



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Directeurs de l’ouvrage : Moez Lahmédi (Université de Monastir), Kamel Feki (Université de Sfax).

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Bibliographie sélective : 

- Adam Véronique et Revol-Marzouk Lise (dir.), (2013), La Contamination. Lieux symboliques et espaces imaginaires, Paris, Classiques Garnier, coll. « Rencontres ».

- Badin Alessandro, Genetti Stefano, Libasci Fabio et Roulin Jean-Marie, (2016), Littérature et sida, alors et encore, Leiden ; Boston, Brill ; Rodopi, coll. « CRIN. Cahiers de recherches des Instituts néerlandais de langue et littérature françaises ».

- Balutet Nicolas (dir.), (2010), Écrire le sida, Lyon, Jacques André Éditeur, coll. « Collection Thériaka, remèdes & rationalités ».

- Berrebbi Alain (dir.), (2001), Le sida au féminin, Rueil-Malmaison, Doin.

- Bozetto Roger, (2007), La Science-fiction, Paris, Armand Colin.

- NatachaVas-Deyres et Guillaud Lauric (dir.), (2011), L’Imaginaire du temps dans le fantastique et la science-fiction, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, coll. « Eidôlon ».

- Chartrain Cécile, Douris Vincent, Girard Gabriel, Marsicano Elise et Noseda Veronica, (2013), « VIH/sida : anciennes approches, nouveaux regards », Genre, sexualité & société [En ligne], 9 | Printemps 2013, mis en ligne le 01 juin 2013,URL : ˂http://journals.openedition.org/gss/2891 ; DOI : https://doi.org/10.4000/gss.2891˃.

- Casta Isabelle-Rachel, (2020), « “YU GONPLEI STE ODON” (ton combat est terminé) : Expanse, The Strain, The 100 : Pourrissement et /ou raréfaction ? » (en cours de publication), in Les Eaux Vives, la revue de l’AICL, Daniel Leuwers et Hani Daniel (dir.), Tours. 

- Coste Joël, (2007), Représentations et comportements en temps d'épidémie dans la littérature imprimée de peste (1490-1725). Contribution à l'histoire culturelle de la peste en France à l'époque moderne, Paris, Honoré Champion, coll. « Sciences, techniques et civilisations du Moyen âge à l'aube des Lumières ».

- Danou Gérard, (1994), Le corps souffrant. Littérature et médecine, Seyssel, Champ Vallon, coll. « L’Or d’Atlante ».

- Engélibert Jean-Paul, (2019), Fabuler la fin du monde. La puissance critique des fictions d'apocalypse, Paris, La Découverte, coll. « L’horizon des possibles ».

- Gualde Norbert, (2016), Les épidémies racontées par la littérature, Paris, L’Harmattan, coll. « Acteurs de la Science ».

- Jaccomard Hélène, (2004), Lire le Sida. Témoignages au féminin, Bern, Peter Lang.

- Jaccomard Hélène, Winn Phillip, Volet Jean-Marie, (2002), « La littérature du sida : Genèse d'un corpus », The French Review, vol. 75, n° 3, février.

- Epelboin Alain, (2009), « L’anthropologue dans la réponse aux épidémies : science, savoir-faire ou placebo ? », Bulletin Amades [En ligne], 78 | 2009, mis en ligne le 01 septembre 2010, URL : ˂http://journals.openedition.org/amades/1060˃.

- Moumen-Marcoux Radhia, (1993), Migrants et perception du Sida. “Le maître des infidèles”, Paris, L’Harmattan, coll. « Santé, sociétés et cultures ».

- Laplantine François, (1986), Anthropologie de la maladie. Étude ethnologique des systèmes de représentations étiologiques et thérapeutiques dans la société occidentale contemporaine, Paris, Payot,

- Lhote Florence et Nicolas Balutet (dir.) (2019), SIDA. Une écriture au féminin, Paris, Sipayat.

- Pastore Judith Laurence (1993), Confronting AIDS Through Literature : The Responsibilities of Representation, University of Illinois Press.

- Satelou Khani Sohrab, (2001), La littérature et la maladie : le sida à travers l'écriture romanesque d’Hervé Guibert, Thèse de doctorat, sous la direction de Claude Filteau, Limoges, Université de Limoges.

- Sontag Susan, (1993), La Maladie comme métaphore. Le Sida et ses métaphores, (La Maladie comme métaphore, trad. de l’anglais par Marie-France de Paloméra et Le Sida et ses métaphores, trad. de l’anglais par Brice Matthieussent), Paris, Christian Bourgeois, coll. « Choix essais ».

- Spoiden Stéphane, (2001), La littérature et le SIDA. Archéologie des représentations d’une maladie, Toulouse, Presses Universitaire du Mirail, coll. « Cribles : essais de littérature ».

- Treichler Paula, (1987), « Le sida, l’homophobie et le discours biomédical : une épidémie de signification » [« AIDS, homophobia and biomedical discourse : An epidemic of signification »], traduction de Arnaud Lerch avec la collaboration de Vincent Douris, Genre, sexualité & société [En ligne], 9 | Printemps 2013, mis en ligne le 01 juin 2013, URL : ˂http://journals.openedition.org/gss/2850 ; DOI : https://doi.org/10.4000/gss.2850˃.





[1] Cf. Joseph Lévy et Alexis Nouss, Sida-fiction. Essai d’anthropologie romanesque, préf. de François Laplantine, Lyon, Presses universitaires de Lyon, coll. « CREA », 1994.

[2] Dominique Fernandez, La Gloire du paria, Paris, Grasset, 1987.

[3] Paula Treichler, « Le sida, l’homophobie et le discours biomédical : une épidémie de signification » [« AIDS, homophobia and biomedical discourse : An epidemic of signification »], traduction de Arnaud Lerch avec la collaboration de Vincent Douris, Genre, sexualité & société [En ligne], 9 | Printemps 2013, mis en ligne le 01 juin 2013, URL : ˂http://journals.openedition.org/gss/2850 ; DOI : https://doi.org/10.4000/gss.2850˃.

[4] Alessandro Badin, Stefano Genetti, Fabio Libasci et Jean-Marie Roulin, Littérature et sida, alors et encore, Leidon ; Boston, Brill ; Rodopi, coll. « CRIN. Cahiers de recherches des Instituts néerlandais de langue et littérature françaises », 2016, p. 4.

[5] Dans son ouvrage Facing It : AIDS Diaries and the Death of the Author (Ann Arbor, University of Michigan Press, 1998, p. 1), Ross Chambers affirme qu’« écrire de la critique en pleine épidémie peut donner l’impression désagréable de continuer à faire son tricot pendant que la maison brûle [...] dans une épidémie, la rhétorique aussi joue un rôle qui n’est pas négligeable [...] quand il n’est pas possible de lutter contre une maladie, sauver des vies ou échapper à la douleur, il est tout de même important de témoigner de cette impossibilité », traduit par Hélène Jaccomard (Lire le Sida, témoignages au féminin, Bern, Peter Lang, 2004, p. 57).

[6] François Laplantine, Anthropologie de la maladie. Étude ethnologique des systèmes de représentations étiologiques et thérapeutiques dans la société occidentale contemporaine, Paris, Payot, 1986, p. 33.

[7] Cf. Florence Lhote et Nicolas Balutet, SIDA. Une écriture au féminin, Paris, Sidayat, coll. « Sciences humaines », 2019.

[8] Eugène Sue, Le Juif errant, Paris, Paulin, Libraire-Éditeur, 1845, p. 155.

[9] Maria Susana Séguin, « Au commencement, le déluge », in Anne-Marie Mercier-Faivre et Chantal Thomas (dir.), L’Invention de la catastrophe au XVIIIe siècle. Du châtiment divin au désastre naturel, Genève, Droz, coll. « Bibliothèque des Lumières », 2008, p. 50.

[10] Isabelle-Rachel Casta, « “YU GONPLEI STE ODON” (ton combat est terminé) : Expanse, The Strain, The 100 : Pourrissement et /ou raréfaction ? » (en cours de publication), in Les Eaux Vives, la revue de l’AICL, Daniel Leuwers et Hani Daniel (dir.), Tours, 2020. Nous remercions vivement Madame Isabelle-Rachel Casta de nous avoir communiqué son article qui traite l’un des aspects importants de notre culture contemporaine, à savoir les séries télévisées sur les épidémies. 

[11] Michel Dupuis, « Coronavirus : le regard du philosophe », Disponible sur : ˂https://uclouvain.be/fr/decouvrir/coronavirus%E2%80%AF-le-regard-duphilosophe.html˃.

[12] Hélène Dachez, « Peste, texte et contagion : Le Journal de l’année de peste (1722) de Daniel Defoe », in Dix-huitième siècle, vol. 47, n° 1, Disponible sur : ˂https://www.cairn.info/revue-dix-huitieme-siecle-2015-1-page-311.htm˃.

[13] Ibid.

[14] Ibid.

jeudi 23 avril 2020

Perspectives diachronique et transdisciplinaire en histoire de la peste

Plague and Plagues. Transdisciplinary and diachronic perspectives on the history of the plague

Call for Papers

15th-17th October 2020, Mallorca




The IN-HOPPE network, in collaboration with ADEH and the Research Group on the History of Health (GIHS) — University of the Balearic Islands (UIB), is organizing the Colloquium Plague and Plagues Transdisciplinary and diachronic perspectives on the history of the plague.

The colloquium intends to provide a panorama of the latest advances in the study of Yersinia pestis and to promote dialogue among the different involved disciplines,both in life sciences and human and social sciences.

It will take place in parallel with other activities commemorating the last plague outbreak in Majorca (1820).

The geographical scope of the meeting is centered on the Mediterranean region where the second pandemic ended, with the last known plague epidemic erupting in Egypt in 1834. We are aware that a broad geographic approach is required to understand the survival of this disease (for thousands of years) and to map the ways in which it spread.

The chronological scope begins in Protohistoric times—since the bacterium has been identified in human skeletons dating back around 3,000 years—with the goal of improving our understanding of when and how the bacterium developed its pathogenic nature.

It will take place on the 15th – 16th of October at the University of the Balearic Islands in the Sa Riera building (2 Miquel dels Sants Oliver street, 07122 Palma – Majorca: 39°34'37.5"N 2°38'41.4"E). On the 17th there will be a guided tour in the plague scenarios of 1820. Specifically, we will move to the municipalities of Son Servera, Sant Llorenç, Capdepera and Artà, located in the east of the island of Majorca.

If you want to participate, please send us the title of your paper and an abstract (300-500 words) before May 31, 2020, at the following link: t.ly/lrY1k .

Researchers from all disciplines involved in this kind of projects are invited to participate in this meeting by proposing, from a completely holistic and diachronic perspective, a paper on the following topics:
  • The Yersinia pestis bacterium shows a complex contamination cycle. Since its vector (the flea) is well known, interest is focused on its “hosts,” in time and space, taking into account, inasmuch as possible, the environmental conditions of the period under study.
  • The epidemiological characteristics of Yersinia pestis and its transmission mechanisms, as compared to other epidemics with which it can be confused, considering the asymptomatic nature of the disease. For this purpose, contributions are requested to determine which diseases have been historically included under the concept of plague or pestilence.
  • The pathogenicity of Yersinia pestis and its transmission mechanisms are intangible characteristics of this bacterium, but the virulence of its effects has changed dramatically. The issue of its differential lethality can be analyzed in connection to socio-economic contexts and implemented policies of prevention and public health.
  • The plague in cities vis-à-vis the plague in the rural world: different models of transmission and contamination from both macro- and micro-demographic approaches.
  • Can a new chronology be established for plague epidemics (both confirmed or attributable to some other pathogenic factor) based on recent research carried out across several continents?
  • Can the economic, demographic, genetic, cultural, and material consequences of the major plague epidemics in the short, medium, or long run be appraised from a large-scale view?

PRESENTATIONS CAN BE DONE IN SPANISH, ENGLISH OR FRENCH

The scientific committee will notify the authors by June 30th the acceptance of their paper as oral presentations or posters.

No registration fees will be requested. However, travel expenses, accommodation and meals should be provided by the participants.

For further information, please contact Isabelle Séguy (seguy@ined.fr ) o Joana Maria Pujadas-Mora (jpujades@ced.uab.es).

Colloquium websites:

http://www.gihs.eu/index.php?option=com_content&view=article&id=264&Itemid=249

https://in-hoppe-2020.sciencesconf.org

mercredi 22 avril 2020

Handicap dans la philosophie et la théologie du Moyen-âge chrétien

Disability in Medieval Christian Philosophy and Theology 

Edited by Scott M. Williams

Routledge
2020


This book uses the tools of analytic philosophy and close readings of medieval Christian philosophical and theological texts in order to survey what these thinkers said about what today we call ‘disability.’ The chapters also compare what these medieval authors say with modern and contemporary philosophers and theologians of disability. This dual approach enriches our understanding of the history of disability in medieval Christian philosophy and theology and opens up new avenues of research for contemporary scholars working on disability.

The volume is divided into three parts. Part One addresses theoretical frameworks regarding disability, particularly on questions about the definition(s) of ‘disability’ and how disability relates to well-being. The chapters are then divided into two further parts in order to reflect ways that medieval philosophers and theologians theorized about disability. Part Two is on disability in this life, and Part Three is on disability in the afterlife. Taken as a whole, these chapters support two general observations. First, these philosophical theologians sometimes resist Greco-Roman ableist views by means of theological and philosophical anti-ableist arguments and counterexamples. Here we find some surprising disability-positive perspectives that are built into different accounts of a happy human life. We also find equal dignity of all human beings no matter ability or disability. Second, some of the seeds for modern and contemporary ableist views were developed in medieval Christian philosophy and theology, especially with regard to personhood and rationality, an intellectualist interpretation of the imago Dei, and the identification of human dignity with the use of reason.

This volume surveys disability across a wide range of medieval Christian writers from the time of Augustine up to Francisco Suarez. It will be of interest to scholars and graduate students working in medieval philosophy and theology, or disability studies.

mardi 21 avril 2020

Le handicap et les victoriens

Disability and the Victorians. Attitudes, interventions, legacies

Edited by Iain Hutchison, Martin Atherton and Jaipreet Virdi

Format: Hardcover
ISBN: 978-1-5261-4571-0
Pages: 216
Publisher: Manchester University Press
Price: £80.00
Published Date: March 2020

Disability and the Victorians brings together in one collection a range of topics, perspectives and experiences from the Victorian era that present a unique overview of the development and impact of attitudes and interventions towards those with impairments during this time. The collection also considers how the legacies of these actions can be seen to have continued throughout the twentieth century right up to the present day. Subjects addressed include deafness, blindness, language delay, substance dependency, imperialism and the representation of disabled characters in popular fiction. These varied topics illustrate how common themes can be found in how Victorian philanthropists and administrators responded to those under their care. Often character, morality and the chance to be restored to productivity and usefulness overrode medical need and this both influenced and reflected wider societal views of impairment and inability.

lundi 20 avril 2020

Quatre siècles d'histoire de la pharmacie au Québec

Nouvelle ordonnance. Quatre siècles d'histoire de la pharmacie au Québec

Johanne Collin

Les Presses de l'Université de Montréal 
408 PAGES / MARS 2020
ISBN 978-2-7606-4217-1


L’histoire de la pharmacie en Nouvelle-France s’ouvre sur la rencontre avec le Nouveau Monde, ses ressources médicinales et les savoirs qu’en ont ses premiers habitants. Marqué par une double tradition, à la fois française et britannique, le développement de la pharmacie au Québec s’accélère aux XIXe et XXe siècles alors que le domaine du médicament subit d’importantes transformations. Révolution thérapeutique, essor de l’industrie pharmaceutique, transformations économiques et réformes gouvernementales finissent par plonger la pharmacie dans une crise identitaire dont elle ressortira passablement transformée à l’aube du XXIe siècle.

Malgré son riche passé, qui puise ses sources dans l’Antiquité, la pharmacie est souvent laissée pour compte dans l’histoire de la médecine et de la santé. Cette lacune est brillamment corrigée dans cet ouvrage qui rend compte de l’évolution des conceptions scientifiques et populaires de la santé, allant de pair avec l’évolution des médicaments et de la profession de pharmacien. Celle-ci, qui a vu son rôle et son identité s’altérer puis se recomposer, est racontée ici avec un grand souci du détail qui montre tout l’intérêt qu’il y a à porter un regard historique, et souvent sociologique, sur des phénomènes contemporains.



Johanne Collin, sociologue et historienne, est professeure titulaire à la Faculté de pharmacie de l’Université de Montréal.

dimanche 19 avril 2020

Maladies et lieux religieux

Purifier, soigner ou guérir? - Maladies et lieux religieux de la Méditerranée antique à la Normandie médiévale

Cécile Chapelain de Serevil (dir.) 

Editeur : Pu Rennes (14 mai 2020)
Collection : ARCHEOLOGIE & C
Langue : Français
ISBN-10 : 2753580251
ISBN-13 : 978-2753580251


Des biologistes américains ont noté l’existence d’une corrélation entre la présence récurrente d’épidémies infectieuses et l’apparition des religions comme facteurs d’entraide et de regroupement humains. Cette hypothèse invite à réévaluer la place et le rôle des comportements religieux en lien avec les maladies. Il existe toujours une ambiguïté du comportement de la divinité ou du saint qui, à la fois, apporte la maladie et sauve le malade. Ce principe empreint de sacré - maudit et bénit - est rarement abordé dans les travaux historiques. Or, l’attitude des hommes n’est jamais neutre à l’égard des malades. Compassion et dérision semblent recouvrir les deux faces d’une même médaille. Si le corps humain sain est un objet de désir, le corps déformé par la maladie fascine autant qu’il repousse. Aussi, en quête de guérison, le malade s’éloigne dans un sanctuaire pour faire venir le dieu à lui ou solliciter la présence de "morts très spéciaux", les saints. Quelle est la place du soin des malades, des infirmes en situation de handicap au sein des sociétés anciennes et médiévales, dont la force et le courage du guerrier constituent les valeurs dominantes? Quelles ruptures, continuités ou transformations/transmissions, des pratiques de soin, des rites de guérison/purification ou d’éloignement des malades peut-on déceler? Doté d’une documentation exceptionnelle et d’études neuves, le monde anglo-normand forme un point d’ancrage majeur pour conduire une réflexion sur le soin des malades dans l’Occident chrétien. Poser un "regard éloigné" et croisé sur les cultures polythéistes et chrétiennes nécessite l’emploi d’un arsenal maximal de sources, puisé des rives de la Méditerranée à celles de la Manche.

samedi 18 avril 2020

Florence Nightingale, féministe ?

Was Florence Nightingale a Feminist?

Virtual Book Club for Nurses’ Day & Feminist Book Fortnight

RCN Library and Archive Service and LSE Library

12 May, 1-2pm



Join RCN and LSE libraries for a virtual book club on the 200th anniversary of Florence Nightingale’s birth to explore her essay Cassandra and other feminist writings of Nightingale’s era.

Before she became the “lady with the lamp” 32-year-old Florence Nightingale penned a furious essay, transforming her despair about the forced idleness of upper-class Victorian women into a rebellious anger that fuelled her determination to undertake useful work. Written in 1852, just two years before Nightingale went to the Crimea, Cassandra was printed privately in 1860 but not published until 1928 and was republished by a feminist press in 1978.

Nightingale herself had an ambiguous reputation within the women’s movement as she refused to join the women’s suffrage campaign, yet her work and legacy was an inspiration to women who wanted a profession.

Please register to attend, and a link will be circulated in advance with instructions on how to join the meeting. All tickets must be booked individually.

vendredi 17 avril 2020

Histoire médiatique des infirmières

Sexpots and Saints: Essays on the Media History of Nurses and Nursing

Call for contributions


Proposed collection to be edited by Marcus Harmes, Barbara Harmes and Meredith Harmes

The intersection between nurses and popular media is longstanding. 

Florence Nightingale died in 1910 and British Pathe’s coverage of her funeral is a very early instance of nurses appearing on film. Nightingale was the subject of a silent film biography by 1915 and thereafter film, television, theatre and live performance and other media have showcased the nurse and the nursing profession. The familiarity of the nurse is inherently visual; the iconography of nurse in cap, cape and uniform remains current in realms from the stripper to the pop culture memories of the matron of the Carry On films, even though that iconography, especially the cap, has disappeared from real world nursing. 

The presence of the nurse and the nursing profession in popular media has attracted some scholarly interest. The expression of values and professional identities, the influence of the popular understanding the actual, and particular popular culture nurses such as Nurse Ratched from One Flew Over the Cuckoo’s Nest have appeared in the scholarly literature. However more remains to be said about the variety of impressions and the diversity of platforms and representations of nursing that occur via media depictions that can range from valorising to sexualising. The interactions between the actual and the fictional, the capacity of the nurses of popular culture to mirror, distort, or inspire the nurses of the real world warrants further attention. Does seeing a nurse on screen inspire people to enter the profession? To what extent is a gender disparity in the profession attributable to mediated distillations? If nurses are the caring profession, why are there so many nurses in horror films? If Florence Nightingale was a secular saint, why is the profession’s iconography appropriated by the stripper and the porn actress? These and other questions are starting points for unpacking the media representations of the nurse. 

The proposed volume is intended to be scholarly but accessible in tone and approach. 

This proposed collection is under contract with a US publisher.

Abstracts of up to 250 words are invited explaining the focus and approach the chapter will take. Please email Marcus.harmes@usq.edu.au by May 30th 2020.

Submissions can address any aspect of the intersection of nursing with popular culture, which itself can comprise media from film, television, journalism and print cultures, new and digital media, and music, 

- Soap opera and drama (Emergency Ward 10, Shortland Street, Angels, Call the Midwife among others)

- The nurse in horror films

- The sex industry and pornography

- The Carry On films

- Nurses and their reputations in the media (e.g. Florence Nightingale, Edith Cavell)

- Celebrity nursing

- Cultures of nursing

- Popular artefacts of nurses and nursing

- Popular history of nursing and nursing training 

- Nursing and propaganda

Each contribution would be 6000 words all inclusive. We could not accept contributions that require the reproduction of images unless you already hold the rights to reproduce them.


Contact Info: 

Marcus Harmes
Contact Email: