Le concept de nature humaine à l’Age moderne, entre philosophie, anthropologie et médecine
Workshop international
Paris-Sorbonne, Maison de la Recherche, 5 juillet 2019
Présentation : Dans l’historiographie récente de la philosophie et des sciences, on observe un nouvel intérêt pour le dialogue entre philosophie et médecine depuis la Renaissance, ainsi qu’un privilège nouveau accordé aux perspectives de longue durée de la Renaissance aux Lumières, contre une certaine tendance à l’atomisation des recherches sur l’Âge moderne.
A cours de cette journée d’études internationale, fort de ces nouvelles tendances, on entend explorer les concepts de nature humaines et leur transformation durant la période moderne. On se penchera sur l’anthropologie, cette « jeune » discipline constituée entre le 16ème et le 18èmesiècle au confluant de la philosophie, de la médecine, de la théologie, de l’éthique et du droit naturel. On accordera une attention particulière à son évolution disciplinaire, à ses outils conceptuels et aux débats critiques qu’elle suscite entre 1670 et 1800.
Il s’agira ainsi de reconstruire le contexte plus large de ces débats autour de la nature humaine en articulant le lien avec un certain « empirisme », manifeste dans l’essor des sciences de la vie, de l’ethnologie, de l’histoire naturelle, autour de 1700 et promu par de nouvelles pratiques scientifiques et la rencontre avec des cultures non-européennes. Cet empirisme semble en effet profondément marquer l’interprétation de la relation entre nature et histoire dans un sens plus général. Car au sein du vaste champ disciplinaire que constituait alors l’anthropologie et qui englobait les sciences de la vie, l’histoire naturelle et culturelle, l’histoire naturelle de l’homme et l’histoire de l’humanité, l’objectif était d’adopter une perspective large sur l’espèce humaine dans son ensemble et d’étudier le processus civilisationnel, de la préhistoire jusqu’au présent. On était ainsi amené à formuler de nouvelles questions sur la posture verticale de l’homme et sur la base naturelle des actions immanentes à la vie humaine (ainsi que sur les motifs intérieurs et les circonstances extérieures susceptibles de déterminer de telles actions). Pour y répondre, on avait recours à la comparaison des humains à d’autres êtres vivants, en tenant compte de leur distribution géographique, des débats sur la diversité humaine, la race, l’histoire, la géographie. On s’intéressait à la géologie et l’ethnographie (les études sur les volcans et l’histoire du peuple chinois) dont les résultats défiaient la chronologie biblique, et conduisait à des nouvelles hypothèses sur l’âge présumé de la terre et de l’humanité. Ces articulations entre les espaces géographiques et les temps historiques, entre le présent et le passé, devaient enfin influencer les concepts d’histoire et d’histoire de l’humanité des Lumières plus tardives et la conscience historique des sociétés de la première mondialisation à l’Age moderne.
Cet atelier a pour objectif d’explorer la relation entre la philosophie, la médecine, et les disciplines annexes, telles que la physiologie, l’anatomie, la psychologie, l’esthétique, l’histoire la géographie etc. à l’intérieur de la période moderne et de discuter des projets individuels et collectifs sur ces questions.
Programme
9h15 Accueil
9h30 Corey Dyck (London, Western Ontario, CA), Wolff on Human Nature and Anthropology.
10h30 Stefanie Buchenau (Paris 8), Kant’s Dialogue with Platner in the Anthropology.
11h30 Pause-café
11h45 Márcio Suzuki (São Paulo, Brésil), Vital sense and woman sensibility in 18th-century Medicine and Anthropology
13h Pause déjeuner
14h30 Ansgar Lyssy (Munich), Human Origins and the Absence of Paradise in Early Modern Thought
15h30 Simone De Angelis (Graz), Nature and History in Late Eighteenth Century Anthropological Thought
16h30 Pause-café
16h45 Stephen Gaukroger (Sydney, Australie), From Reason to Rationality : the End of Philosophical Anthropology
17h30 Discussion finale
Organisation : Stefanie Buchenau (EA 1577 Les mondes allemands : histoire des idées et des représentations, Université Paris 8 Saint Denis), Claire Crignon (Paris-Sorbonne, UMR 8011 : Sciences, Normes, Démocratie), Simone De Angelis (Zentrum für Wissenschaftsgeschichte Karl-Franzens-Universität Graz)
Lieu : Maison de la Recherche, 28, rue Serpente, 75006 Paris, salle D 040
Renseignements : stefaniebuchenau@hotmail.fr
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