La folie dans la philosophie, la littérature et les arts
Appel à communications
Le laboratoire de recherche « Sémiotique, études narratives et culturelles » de la Faculté polydisciplinaire d’Errachidia, Université Moulay Ismail, Maroc, organise les 14 et 15 novembre 2019 un congrès international sous le thème :
La folie dans la philosophie, la littérature et les arts.
Ayant indubitablement des équivalents dans les diverses langues, les deux expressions familières : « Être lunatique » et « Avoir les pieds sur terre » condensent l’ancrage de la dualité Folie et Raison dans la perception et la représentation du monde.
Platon, par la voix de Socrate, tentait déjà dans le Phèdre d’établir une typologie de la folie en stipulant : « il y a deux espèces de folie : l’une qui est due à des maladies humaines ; l’autre, à une impulsion divine qui nous fait rompre avec les règles habituelles.» [Phèdre, 265b] La folie se voit octroyer un statut concomitamment physique et métaphysique.
La pensée humaine s’est donc vue circonscrite dans les avatars de ce manichéisme qui oppose inlassablement la logique à l’absurde, l’hubris à la tempérance, la fantaisie à la sagesse, la démesure à la mesure, la passion au blasement, l’invention à l’imitation, l’écart à la norme, l’anormalité à la normalité, l’absurde à la logique, l’extravagance à l’équilibre, l’invraisemblable au vraisemblable…
Les textes fondateurs de la mythologie, de la littérature, de la philosophie ainsi que les chefs d’œuvre des arts regorgent de ces contrastes fondamentaux entre la Folie et la Raison. Aussi peut-on parler des fous de la philosophie, des fous de la littérature, des fous des arts mais inversement des philosophes fous, des écrivains fous et des artistes fous.
D’aucuns ont opté pour une posture humaine et esthétique qui célèbre la Folie se plaçant ainsi, volontairement, à l’écart de la norme. La folie est dans ce cas de figure assumée philosophiquement, consommée socialement, défendue moralement et « fructifiée » artistiquement.
Par contre, d’autres ont subi l’anathème d’être taxés de fous, d’être rejetés aux périphéries de la société et de la production de la pensée et des arts. Foucault précise dans Histoire de la folie à l’âge classique: « Avant, on parlait de malade ; le terme de patient n'est venu que dans les années 80. »La folie aurait une histoire, selon Foucault, et serait la création de la société.
Pour Foucault, l’enfermement psychiatrique serait créateur de folie. En outre, la folie est le subterfuge idéal pour contrecarrer les individus qui aspireraient à une liberté considérée comme trop excessive. De ce fait, la folie « place l’individu dans un espace d’imprévisible liberté où se déchaîne la fureur ; si le déterminisme peut avoir une prise sur elle, c’est sous la forme de la contrainte, de la punition ou du dressage. » (Histoire de la folie à l’âge classique, p.201).
Face à l’épreuve du réel, toutes les utopies s’inscrivent dans les sphères de la folie : les utopies morales et politiques (Platon, Hésiode, Fénelon, Thomas More, Fourier, Owen, Morelly…), les utopies de la science-fiction, de la science, de l’écologie, de la religion sans oublier les utopies romanesques (Rabelais, Voltaire…)
Le discours de la folie et le discours sur la folie sont, selon Barthes, un élan vers autrui, une dépersonnalisation : « je suis fou…je ne le suis pas de pouvoir le dire, je dédouble mon image : insensé à mes propres yeux (je connais mon délire), simplement déraisonnable aux yeux d’autrui, à qui je raconte très sagement ma folie : conscient de cette folie, tenant discours sur elle…la folie (littéraire) est réputée consister en ceci : ’’je est un autre’’ »FDA, p.142
Etant psychologiquement protéiforme (aliénation, mégalomanie, paranoïa, mélancolie, démence, manie, hystérie…), la folie se révèle, depuis Erasme dans son "Eloge de la Folie", un défi au raisonnable abstraction faite de son volet médical.
Religieusement, la Folie se situe dans une extraterritorialité de la non-zone, de la non-reconnaissance pour le moins dans le Coran, la Bible et les Evangiles.
On en vient également à se demander si les formes du mysticisme et du sufisme ne seraient pas des aliénations qui, au lieu de secouer par le « vritti », apaise par le « nirvâna ».
Socialement, la spatialisation de la folie se fait en termes de confinement, de clôture et de marge. Néanmoins, les sciences humaines ont fini par remédier à cette attitude.
En définitive, ne faut-il pas une dose même infinitésimale de folie pour créer, pour briser les codes, pour s’écarter des sentiers battus ? Autrement-dit, « être fou » n’est-il pas une autre manière de se représenter, de représenter le monde? La folie serait donc, selon Platon, un don divin qui « n’est pas quelque chose de honteux ou d’infamant » [Phèdre, 244d], mais une voie qui mène « aux portes de la poésie. »[Phèdre, 245b]
« Sans doute, cette démonstration ne convaincra-t-elle pas les esprits forts, mais elle convaincra les sages. » [Phèdre, 245c]
Axes
- La folie dans la philosophie
- La folie dans la littérature
- La folie dans le théâtre et dans les arts
- Le traitement de la folie au cinéma
- La folie dans les textes religieux
- La folie dans les juridictions internationales
- La folie dans la politique et dans les projets politiques…
Modalités de participation et de soumission des communications :
1- Les propositions de communication devront être envoyées sous forme d’un résumé de 600 signes, assorti de cinq mots clés. Le fichier de la proposition (anonyme) sera accompagné d’un second fichier comportant des informations sur l’auteur de la communication (nom, prénom, statut professionnel, établissement, adresse électronique personnelle).
2-L'inscription au colloque est gratuite. La Faculté Polydisciplinaire et ses partenaires prendront en charge les frais d’hébergement et de restauration pour la période du déroulement du congrès. Les frais de transport sont à la charge des participants.
Calendrier :
-Les résumés des communications sont à envoyer par mail au format.doc jusqu’au 15 juillet 2019, date limite de soumission des propositions, à l’adresse suivante : foliecongre5@gmail.com
-Le 15 septembre 2019 : réception finale des textes après la décision du comité scientifique.
-Les 14 et 15 novembre 2019 : date de tenue du congrès à la Faculté Polydisciplinaire d’Errachidia, Universté Moulay Ismaïl, Maroc.
Responsable du congrès :
Le laboratoire de recherche « Sémiotique, études narratives et culturelles » de la Faculté polydisciplinaire d’Errachidia.
Comité scientifique:
Saïd KARIMI. Abdellah BERRIMI, Mohamed BOUAZZA . Abderrahmane TEMARA. Khouya ELOMARI ELALAOU, Jaouad ROUCHDI, El Mehdi BERRIMI, Atmane BISSANI, Mohamed OUHADI, Bouchra SAIDI, Mohammed Hamidi. Hamid Tbatou, Mohammed Hajjaoui, Abderahman ELOMARI ELALAOUI, Lahcen OUKHOUYAALI.
URL de référence :
http://www.fpe.umi.ac.ma
Adresse : BP 512, Boutalamine, Errachidia, 52000, Maroc
Téléphone : +212 35 57 00 24 / 35 65 - Fax : +212 35 57 43 07 / 35 88
Plan d'accès
Pour accéder à la Faculté Polydisciplinaire d'Errachidia au niveau local : prendre le Boulevard Hassan II, ensuite la route nationale n°13 direction de Meknès.
Responsable :
Le laboratoire de recherche « Sémiotique, études narratives et culturelles » de la Faculté polydisciplinaire d'Errachidia
Adresse
Faculté Polydisciplinaire d'Errachidia
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