Le cabinet médical de Diderot. La part de la médecine dans l’élaboration d’une philosophie matérialiste
Encyclopédiste, philosophe,
romancier et auteur de théâtre, critique d’art, libertin ou encore
révolutionnaire, Denis Diderot a été évoqué sous de multiples facettes.
Mais existe-t-il un Diderot «médecin» ?
Que Diderot ait écrit sur la médecine n’est un secret pour aucun lecteur attentif de son œuvre. Depuis la traduction du Dictionnaire universel de médecine de Robert James, dans les années 1746 à 1748, jusqu’à la parution du Rêve de D’Alembert,
en 1769, la pensée du philosophe s’enrichit au contact de l’univers
scientifique et médical de son temps, sur lequel il porte une attention
soutenue, éveillant en lui une curiosité toujours insatisfaite.
Si Diderot n’a jamais songé à
devenir médecin, son œuvre, à travers des figures imaginaires et
réelles, à l’exemple du médecin Théophile de Bordeu, donne
progressivement vie à un véritable «cabinet médical» au sein duquel
Diderot confronte autant qu’il expérimente les effets des observations
et des expériences médicales et physiologiques de son époque.
En empruntant à la médecine
des concepts, en reprenant les conjectures issues des nombreuses
observations et expériences rapportées dans les journaux de médecine,
Diderot esquisse une anthropologie matérialiste : les sources de la
santé physique comme morale de l’Homme se logent au sein même de la
matière, matière sensible, matière vivante. C’est ainsi que son «cabinet
médical» participe à l’élaboration d’une philosophie matérialiste.
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