Les communications peuvent être faites en français ou anglais.
Dans les chantiers développés par l’histoire de l’alimentation et les différents symposiums organisés par l’ICREFH depuis 30 ans, l’histoire des sens est restée en retrait. Pourtant, l’odorat, le toucher, la vue, l’ouïe et le goût sont sollicités systématiquement lorsque l’on aborde les consommations alimentaires comme leurs productions. Leur usage, quotidien tout autant qu’éphémère, semble les avoir écartés de la trace écrite chère aux historiens. La création des goûts par les élites, la mode, le « bon goût », sont des terrains bien connus aujourd’hui et ce symposium réalisé pour les trente ans de l’ICREFH propose d’avancer dans l’analyse en s’appuyant sur les recherches récentes.
Chaque sens peut faire l’objet d’une histoire. Toutefois, individualiser les sens sollicités par la nourriture offre une image quelque peu appauvrie. En effet, à table, tous les sens sont à l’œuvre. Prenons-les donc dans leur ensemble de façon à saisir une « balance des sens » (Corbin), un rapport entre eux qui peut apparaitre sous forme de hiérarchie ou d’équilibre. Cet ensemble est créé, prend de l’ampleur, se transforme puis disparait parfois. De fait, la mise en valeur du goût signale une hiérarchisation construite et voulue. De la même façon, le croustillant mis en avant sollicite notre ouïe en premier lieu, les autres sens passant en second plan. Tout cela reste à explorer pour évaluer et historiser la place accordée aux sens dans l’alimentation des sociétés européennes des XIXe – XXe siècles.
On approchera l’histoire de la nourriture et des sens par le biais d’un événement, d’un produit, d’une source particulière (livre de raison, livre de cuisine…), des interdits, des discours… En s’appuyant sur les archives déjà connues ou en exploitant des sources méconnues est-il possible de faire émerger de nouvelles pistes de recherche ou de renouveler des interprétations ?
Trois orientations ont été retenues mais le comité d’organisation est ouvert à tout autre proposition :
1 – La lecture et la hiérarchie des sens au XIXe – XXe siècle et leurs transformations : elles peuvent se faire de différentes façons :
· Par le vocabulaire : Comment se sont construits dans le temps les vocabulaires spécifiques (le vin par exemple), mots de l’alimentation et des sens ? Certains mots peuvent disparaitre, changer de signification.
· Peut-on observer des distinctions alimentaires géographiques réalisées à partir des sens ? Sens et nourriture participent-ils à la création des Nations ou du nationalisme (quand est-il des plats nationaux et de l’histoire des sens) ? Peut-on distinguer les sens développés à la maison et ceux développés à l’extérieur ? Existe-t-il des « hauts lieux » des sens (la cuisine par exemple) ? Des saisons ?
· Les sens sont-ils sollicités différemment en fonction des groupes sociaux, des âges de la vie, du genre, du corps (gras/maigre, petit/grand, santé) ? L’analogie entre les odeurs corporelles ou la position sociale et certains plats et leurs odeurs peut être explorée. Quels en sont les ressorts ? (Odeur des pieds/fromage ; pauvreté/odeur du chou ; richesse/faisandé)
· L’industrialisation et les sens : une nouvelle hiérarchie ?
2 – Production et construction des normes
Y a-t-il des règles et comment sont-elles appliquées lorsqu’il s’agit de combiner les couleurs, les formes, les goûts et les odeurs ? On pourra envisager les rôles des réglementations européennes, nationales, des métiers spécifiques (médecins, cuisiniers…), l’hygiène et les sens, médias : presse, radio, livres, religion…
Les interrogations peuvent porter sur la fabrication des produits mais aussi sur les produits bruts, produits agricoles : viandes et plantes. Comment et pourquoi l’élevage et les modes de culture transforment-ils l’odeur, le goût, la couleur et la texture des produits. Les techniques de découpage et de cuisson sollicitent-elles les sens ? Quels en sont les résultats, la réception ?
Existe-il des liens entre le prix d’un produit alimentaire et les sens sollicités : autrement dit, le caviar ou les truffes sont-ils bons parce que chers ?
Certains événements placent la nourriture et les sens au cœur de leur fonctionnement : par exemple, les expositions et concours culinaires. Existe-t-il des aliments typiques d’une époque ? Le topinambour ou le rutabaga, par exemple, symbolise le légume de la Seconde Guerre mondiale pour les générations qui l’ont vécu.
3- Usages et émotions alimentaires
Plusieurs thématiques peuvent être sollicitées pour analyser les émotions alimentaires :
- Les modalités de l’apprentissage des sens : manger avec les doigts/manger avec des couverts…Plaisir ou déplaisir ? Goût/dégout, pur/impur.
- Prohibition/autorisation ; Passé /présent ; Mesure des plaisirs.
- Les médiations des sens, par exemple : comment le packaging alimentaire remplace-t-il les sens ? Migrations/métissages alimentaires.
Applications must be received at the latest by 7 September 2018. Please submit to the ICREFH Committee aticrefh@gmail.com.
Proposals for papers should be submitted to the ICREFH Committee (icrefh@gmail.com)
Registration Fees: 200 euros (including hotels and lunches/meals)
The symposium is organized by Sylvie Vabre, senior lecturer, Toulouse Jean Jaurès University. It is partly funded by:
Conseil Scientifique (en cours d’élaboration)
Atkins Peter, Université de Durham (Durham-U.K)
Barrera Caroline, Institut National Universitaire Champollion (Albi-France)
Drouard Alain, CNRS-Paris (France)
Jensen Tenna, Université de Copenhague (Copenhagen-Denmark)
Grenet Mathieu, Institut National Universitaire Champollion (Albi-France)
Olivier Jean-Marc, Université de Toulouse Jean Jaurès (Toulouse- France)
Le Pottier Jean, Directeur des Archives Départementales (Albi-France)
Poulain Jean-Pierre, Université de Toulouse Jean Jaurès (Toulouse- France)
Scholliers Peter, Vrije Universiteit Brussel (Belgique)
Vabre Sylvie, Université de Toulouse Jean Jaurès (Toulouse- France)
Valat Bruno, Institut National Universitaire Champollion, (Albi-France)
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