Sur le divan des guérisseurs… et des autres. Quelles places pour les dispositifs alternatifs en santé mentale ?
Appel à communications
Journée d’étude « Jeunes chercheurs » :
Le 14 octobre 2016 – Université de Lorraine, Nancy
Date limite de dépôt des propositions de communication : 2 mai 2016.
Contacts : renaud.evrard@univ-lorraine.fr et deborah.kesslerbilthauer@gmail.com
Dans notre société actuelle, se soigner consiste à faire des choix dans un marché concurrentiel en pleine expansion. Les nombreux dispositifs de soins rivalisent d’ingéniosité pour promouvoir des soins plus efficaces, plus holistiques, plus confortables, plus scientifiquement prouvés, etc. D’où des itinéraires de soins sinueux qui passent d’une offre à une autre, en cumulent plusieurs plus ou moins compatibles, et privilégient l’adhésion à la contrainte. Dans le champ des maladies somatiques, cela donne lieu à ce que des chercheurs ont appelé le « pluralisme médical » (Benoist, 1997) avec la consultation simultanée, successive ou antagoniste de médecines conventionnelles et de médecines dites alternatives ou complémentaires (Laplantine & Rabeyron, 1987 ; Cohen & Rossi, 2011). Mais qu’en est-il dans le champ de la santé mentale ? Quelles places prennent ces dispositifs alternatifs de soins ?
L’explosion de l’offre en matière de psychothérapies dissimule une autre réalité : la présence de « tradipraticiens » qui sont consultés tant pour des maux du corps que pour des maux de l’esprit et de l’âme. Face à la rationalisation et la scientificisation croissante de l’administration de la santé, ces alternatives aux dispositifs conventionnels ne sont nullement sur le point de disparaître. Sous la forme d’une tâche aveugle des politiques de santé, des pratiques alternatives profitent à la fois de leur statut aux « marges de la clinique » (Le Maléfan, 2014) et d’une culture du secret qui participe d’un non-dit consensuel. Guérisseurs, rebouteux, barreurs de feu, désensorceleurs… sous diverses dénominations, les services qu’ils dispensent continuent à exister « à côté », et parfois « en plus » ou « à la place » des services de soins officiels. Loin de s’effacer dans le même temps où s’accroissent les connaissances médicales communes, ce « pluralisme thérapeutique » persiste et semble même se renforcer. Qu’est-ce qui pousse à s’allonger sur le divan d’un guérisseur plutôt que sur celui d’un psy ?
Si les organismes de lutte contre les dérives sectaires mettent en garde contre les « dérapeutes » (MIVILUDES, 2012) qui profitent de cet espace mal réglementé, il n’en reste pas moins que peu de recherches scientifiques sont consacrées à ce qui se joue dans ces pratiques de soins et, en particulier, à la façon dont ces marges s’articulent ou pourraient s’articuler avec les services officiels (Fainzang, 1989 ; Schmitz, 2006 ; Kessler-Bilthauer, 2012 ; Raineau, 2013).
Plus généralement, le paysage de la santé mentale a largement évolué en faisant des usagers des citoyens acteurs des parcours de soins à tous les niveaux du système (Greacen & Jouët, 2012). Ils se réapproprient le champ de la santé mentale, autrement dominée par une psychopathologie aux inquiétantes velléités d’expansion, et vont même jusqu’à créer, collectivement, leurs propres dispositifs alternatifs et leurs propres repères identitaires (Evrard, 2014 ; Douville, 2014), à l’image du mouvement des entendeurs de voix (McCarthy-Jones, 2012). Les interactions entre ces pratiques émergentes basées sur l’empowerment des usagers (Bacqué & Biewener, 2015) et les pratiques institutionnalisées demandent à être décrites et étudiées finement ; elles questionnent les fonctions jouées par ces dispositifs alternatifs dans un « au-delà du monde techno-scientifique » (Marcellini et al., 2000).
Cette journée d’étude interdisciplinaire est ouverte aux jeunes chercheurs nationaux et internationaux de diverses disciplines (en sciences humaines et sociales, en médecine et en sciences exactes) et à tous les acteurs de santé qui souhaitent participer à une réflexion transversale sur la santé mentale au prisme de la pluralité des prises en charge en France. Cet événement scientifique s’articulera autour de trois axes qui viendront questionner cette thématique en abordant :
• Axe 1 : La prise en charge de la santé mentale, dans ses acceptions singulières, au sein des systèmes de soins non conventionnels. Les communications pourront préciser la nature, l’étendue et la variété des pratiques, prodigués sous la forme de soins individuels ou collectifs, dont bénéficient des « patients », dans un contexte éloigné – peu ou prou – du monde biomédical. Qu’en est-il de ces mouvements de réappropriation, de ces « groupes-symptômes », qui transforment la maladie en repère identitaire ? Cet axe accueillera des travaux portant sur les représentations des acteurs de santé et les retours d’expériences d’usagers. Il s’agira aussi ici, par exemple, de questionner d’une part, les définitions et les acceptions des troubles qui peuvent affecter la santé mentale et, d’autre part, les catégories nosologiques et étiologiques dans lesquelles ils s’inscrivent.
• Axe 2 : Les parcours et itinéraires de soins des consultants dans le champ thérapeutique par-delà les frontières médecine officielle/médecine alternative, et les interactions ainsi révélées entre ces praticiens, ceux qui les consultent et les professionnels de santé. Quelle articulation est actuellement possible ou impossible entre ces différents dispositifs ? Quels devenirs pour ces consultants occasionnels ou réguliers ? Les communications pourront aborder la façon dont les trajectoires thérapeutiques sont construites en s’intéressant notamment à la pluralité, la complémentarité et la combinaison des thérapies dans lesquelles des malades sont engagés et circulent.
• Axe 3 : Les approches méthodologiques et épistémologiques de ces dispositifs alternatifs en santé mentale. Quels outils scientifiques permettent d’aborder rigoureusement ces objets de recherche ? Qu’est-ce qu’ils nous apprennent sur nos disciplines ? A partir d’expériences concrètes, ces communications pourront aborder, de façon transversale, les modalités particulières d’étude de ces dispositifs, côté praticiens et côté usagers. A l’aune de l’interdisciplinarité et de la diversité des techniques employées (enquête de terrain, vidéo, photographie, etc.), cet axe offre l’opportunité d’un dialogue des savoirs.
Les communications pourront s’inscrire dans un ou plusieurs axes, ou dans la thématique générale. Ces axes ne sont que des pistes de réflexion et n’ont pas de valeur exhaustive. Les dispositifs étudiés doivent se trouver sur le territoire français.
Modalités de participation et calendrier : Types de contribution : communications orales de 20 minutes le 14 octobre 2016. Date limite de dépôt des propositions de communication : 2 mai 2016. Les propositions de communication sont à envoyer à Renaud Evrard : renaud.evrard@univ-lorraine.fr et à Déborah Kessler-Bilthauer : deborah.kesslerbilthauer@gmail.com
Les propositions de communication de 1500 signes (espaces compris) comporteront un titre, un résumé de la communication, une bibliographie indicative de 5 références maximum. Le résumé présentera le sujet de la recherche de façon synthétique en précisant l’approche méthodologique employée, le courant scientifique dans lequel il s’inscrit (le cas échéant) ainsi que les principaux résultats présentés à l’occasion de la communication.
Les propositions comprendront également les informations suivantes : nom, prénom, adresse mail, discipline et affiliation du communiquant. Ces informations seront suivies d’une courte biobibliographie de 400 signes maximum (espaces compris).
Une publication qui regroupera l’ensemble des communications sous forme d’articles est envisagée.
Dans notre société actuelle, se soigner consiste à faire des choix dans un marché concurrentiel en pleine expansion. Les nombreux dispositifs de soins rivalisent d’ingéniosité pour promouvoir des soins plus efficaces, plus holistiques, plus confortables, plus scientifiquement prouvés, etc. D’où des itinéraires de soins sinueux qui passent d’une offre à une autre, en cumulent plusieurs plus ou moins compatibles, et privilégient l’adhésion à la contrainte. Dans le champ des maladies somatiques, cela donne lieu à ce que des chercheurs ont appelé le « pluralisme médical » (Benoist, 1997) avec la consultation simultanée, successive ou antagoniste de médecines conventionnelles et de médecines dites alternatives ou complémentaires (Laplantine & Rabeyron, 1987 ; Cohen & Rossi, 2011). Mais qu’en est-il dans le champ de la santé mentale ? Quelles places prennent ces dispositifs alternatifs de soins ?
L’explosion de l’offre en matière de psychothérapies dissimule une autre réalité : la présence de « tradipraticiens » qui sont consultés tant pour des maux du corps que pour des maux de l’esprit et de l’âme. Face à la rationalisation et la scientificisation croissante de l’administration de la santé, ces alternatives aux dispositifs conventionnels ne sont nullement sur le point de disparaître. Sous la forme d’une tâche aveugle des politiques de santé, des pratiques alternatives profitent à la fois de leur statut aux « marges de la clinique » (Le Maléfan, 2014) et d’une culture du secret qui participe d’un non-dit consensuel. Guérisseurs, rebouteux, barreurs de feu, désensorceleurs… sous diverses dénominations, les services qu’ils dispensent continuent à exister « à côté », et parfois « en plus » ou « à la place » des services de soins officiels. Loin de s’effacer dans le même temps où s’accroissent les connaissances médicales communes, ce « pluralisme thérapeutique » persiste et semble même se renforcer. Qu’est-ce qui pousse à s’allonger sur le divan d’un guérisseur plutôt que sur celui d’un psy ?
Si les organismes de lutte contre les dérives sectaires mettent en garde contre les « dérapeutes » (MIVILUDES, 2012) qui profitent de cet espace mal réglementé, il n’en reste pas moins que peu de recherches scientifiques sont consacrées à ce qui se joue dans ces pratiques de soins et, en particulier, à la façon dont ces marges s’articulent ou pourraient s’articuler avec les services officiels (Fainzang, 1989 ; Schmitz, 2006 ; Kessler-Bilthauer, 2012 ; Raineau, 2013).
Plus généralement, le paysage de la santé mentale a largement évolué en faisant des usagers des citoyens acteurs des parcours de soins à tous les niveaux du système (Greacen & Jouët, 2012). Ils se réapproprient le champ de la santé mentale, autrement dominée par une psychopathologie aux inquiétantes velléités d’expansion, et vont même jusqu’à créer, collectivement, leurs propres dispositifs alternatifs et leurs propres repères identitaires (Evrard, 2014 ; Douville, 2014), à l’image du mouvement des entendeurs de voix (McCarthy-Jones, 2012). Les interactions entre ces pratiques émergentes basées sur l’empowerment des usagers (Bacqué & Biewener, 2015) et les pratiques institutionnalisées demandent à être décrites et étudiées finement ; elles questionnent les fonctions jouées par ces dispositifs alternatifs dans un « au-delà du monde techno-scientifique » (Marcellini et al., 2000).
Cette journée d’étude interdisciplinaire est ouverte aux jeunes chercheurs nationaux et internationaux de diverses disciplines (en sciences humaines et sociales, en médecine et en sciences exactes) et à tous les acteurs de santé qui souhaitent participer à une réflexion transversale sur la santé mentale au prisme de la pluralité des prises en charge en France. Cet événement scientifique s’articulera autour de trois axes qui viendront questionner cette thématique en abordant :
• Axe 1 : La prise en charge de la santé mentale, dans ses acceptions singulières, au sein des systèmes de soins non conventionnels. Les communications pourront préciser la nature, l’étendue et la variété des pratiques, prodigués sous la forme de soins individuels ou collectifs, dont bénéficient des « patients », dans un contexte éloigné – peu ou prou – du monde biomédical. Qu’en est-il de ces mouvements de réappropriation, de ces « groupes-symptômes », qui transforment la maladie en repère identitaire ? Cet axe accueillera des travaux portant sur les représentations des acteurs de santé et les retours d’expériences d’usagers. Il s’agira aussi ici, par exemple, de questionner d’une part, les définitions et les acceptions des troubles qui peuvent affecter la santé mentale et, d’autre part, les catégories nosologiques et étiologiques dans lesquelles ils s’inscrivent.
• Axe 2 : Les parcours et itinéraires de soins des consultants dans le champ thérapeutique par-delà les frontières médecine officielle/médecine alternative, et les interactions ainsi révélées entre ces praticiens, ceux qui les consultent et les professionnels de santé. Quelle articulation est actuellement possible ou impossible entre ces différents dispositifs ? Quels devenirs pour ces consultants occasionnels ou réguliers ? Les communications pourront aborder la façon dont les trajectoires thérapeutiques sont construites en s’intéressant notamment à la pluralité, la complémentarité et la combinaison des thérapies dans lesquelles des malades sont engagés et circulent.
• Axe 3 : Les approches méthodologiques et épistémologiques de ces dispositifs alternatifs en santé mentale. Quels outils scientifiques permettent d’aborder rigoureusement ces objets de recherche ? Qu’est-ce qu’ils nous apprennent sur nos disciplines ? A partir d’expériences concrètes, ces communications pourront aborder, de façon transversale, les modalités particulières d’étude de ces dispositifs, côté praticiens et côté usagers. A l’aune de l’interdisciplinarité et de la diversité des techniques employées (enquête de terrain, vidéo, photographie, etc.), cet axe offre l’opportunité d’un dialogue des savoirs.
Les communications pourront s’inscrire dans un ou plusieurs axes, ou dans la thématique générale. Ces axes ne sont que des pistes de réflexion et n’ont pas de valeur exhaustive. Les dispositifs étudiés doivent se trouver sur le territoire français.
Modalités de participation et calendrier : Types de contribution : communications orales de 20 minutes le 14 octobre 2016. Date limite de dépôt des propositions de communication : 2 mai 2016. Les propositions de communication sont à envoyer à Renaud Evrard : renaud.evrard@univ-lorraine.fr et à Déborah Kessler-Bilthauer : deborah.kesslerbilthauer@gmail.com
Les propositions de communication de 1500 signes (espaces compris) comporteront un titre, un résumé de la communication, une bibliographie indicative de 5 références maximum. Le résumé présentera le sujet de la recherche de façon synthétique en précisant l’approche méthodologique employée, le courant scientifique dans lequel il s’inscrit (le cas échéant) ainsi que les principaux résultats présentés à l’occasion de la communication.
Les propositions comprendront également les informations suivantes : nom, prénom, adresse mail, discipline et affiliation du communiquant. Ces informations seront suivies d’une courte biobibliographie de 400 signes maximum (espaces compris).
Une publication qui regroupera l’ensemble des communications sous forme d’articles est envisagée.
Membres du comité scientifique :
• Renaud Evrard, co-organisateur de la journée d’étude, Maître de conférences en psychologie, Université de Lorraine, Laboratoire de psychologie de l’interaction et des relations intersubjectives (INTERPSY, EA 4432)
• Déborah Kessler-Bilthauer, co-organisatrice de la journée d’étude, anthropologue, Université de Lorraine, Laboratoire Lorrain de Sciences Sociales (2L2S, EA 3471), Maison des Sciences de l’Homme Lorraine (MSH Lorraine USR 3261, CNRS/Université de Lorraine)
• Frédéric Balard, Maître de conférences en sociologie, Université de Lorraine, Laboratoire Lorrain de Sciences Sociales (2L2S, EA 3471)
• Patrice Cohen, Professeur des Universités en anthropologie, Université de Rouen, Directeur-adjoint de l’unité de recherche « Dynamiques Sociales et Langagières » (DySoLa, EA 4701)
• Yolande Govindama, Professeure des Universités en psychologie, Université de Rouen, Directrice du Laboratoire PSYchologie et Neurosciences de la Cognition et de l’Affectivité (PSY-NCA, EA 4700)
• André Julliard, Chargé de recherche en ethnologie, Université d’Aix-Marseille / CNRS, Laboratoire Institut d’Ethnologie Méditerranéenne, Européenne et Comparative (IDEMEC, UMR 7307), Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme (MMSH, USR 3125)
• Pascal Le Maléfan, Professeur des Universités en psychologie, Université de Rouen, Laboratoire PSY-NCA (EA 4700)
• Joëlle Lighezzolo-Alnot, Professeure des Universités psychologie, Université de Lorraine, Directrice du Laboratoire de Psychologie de l’interaction et des relations Intersubjectives (INTERPSY, EA 4432)
Bibliographie indicative :
Bacqué, M.-H., Biewener, C. (2015). L’empowerment, une pratique émancipatrice ? Paris : La Découverte / Poche.
Benoist, J. (1997). Réflexions sur le pluralisme médical : tâtonnements, alternatives ou complémentarités ? Psychosomatische und Psychosoziale Medizin, 1-2(26), 10-14.
Cohen, P., & Rossi, I. (2011, coord.). Anthropologie des soins non conventionnels du cancer. Anthropologie & Santé, n°2.
Douville, O. (2014). Les figures de l’Autre. Pour une anthropologie clinique. Paris : Dunod.
Evrard, R. (2014). Folie et paranormal : vers une clinique des expériences exceptionnelles. Rennes : Presses Universitaires de Rennes.
Fainzang, S. (1989). Pour une anthropologie de la maladie en France. Paris : Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales.
Greacen, T., & Jouët, E. (2012). Pour des usagers de la psychiatrie acteurs de leur propre vie : rétablissement, inclusion sociale, empowerment. Paris : Erès.
Kessler-Bilthauer, D. (2012). Les guérisseurs-désenvoûteurs en Lorraine contemporaine. Enquête sur des rituels magico-thérapeutiques. Thèse de sociologie, Université de Lorraine.
Laplantine, F., & Rabeyron, P.-L. (1987). Les médecines parallèles. Paris : PUF, coll. « Que sais-je ? ».
Le Maléfan, P. (2014). Clinique de la marge et marges de la clinique. Esquisse. Psychologie Clinique, N° 37, 159-171.
Marcellini, A., Turpin, J-P., & Rolland, Y., & Ruffié, S. (2000). Itinéraires thérapeutiques dans la société contemporaine. Le recours aux thérapies alternatives : une éducation à un "autre corps" ? Corps et Culture n° 5, Corps et éducations, Emergence de nouvelles éducations corporelles, 147-163.
McCarthy-Jones, S. (2012). Hearing Voices : The Histories, Causes and Meanings of Auditory Verbal Hallucinations. Cambridge : Cambridge University.
MIVILUDES (2012). Santé et dérives sectaires. Paris : MIVILUDES.
Raineau, C. (2013). Au pays des guérisseurs : malades, médecins et guérisseurs en Auvergne aujourd’hui. Clermont-Ferrand : Editions des Monts d’Auvergne.
Schmitz, O. (2006). Soigner par l’invisible. Enquête sur les guérisseurs aujourd’hui. Paris : Imago.
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