Appel à communications
9, 10 et 12 septembre 2015
MSHS - 99, Avenue du recteur Pineau
Poitiers, France (86)
Depuis une vingtaine d’années les travaux sur le corps ont connu un renouveau très important. Les analyses et les regards disciplinaires se sont multipliés. L’objet corps, pour être saisi dans son infini complexité, a besoin d’approches croisées. Le corps supplicié, le corps handicapé*, le corps meurtri par les intempéries ou par les conflits armées, le corps brutalisé lors de rixes interpersonnelles ou dans le cadre de violences conjugales ont fait l’objet de travaux de qualité mais souvent dispersés. L’historiographie montre en effet que si les études psychologiques de qualité sont assez nombreuses, sans compter les contributions plus strictement médicales, en revanche les autres disciplines sont plutôt absentes. De la sorte, le rééquilibrage des connaissances s’avère indispensable.
Le corps défaillant est celui qui ne correspond pas ou plus aux attentes. Lentement, en fonction de l’âge ou bien d’une maladie évolutive ou encore d’un traumatisme, le corps semble se dérober. Brutalement, à la suite d’un accident, d’une agression ou d’une maladie soudaine, le corps ne répond plus aux demandes, ou du moins imparfaitement. Il s’agira donc de penser le corps comme “manquant ou insuffisant “ dans la perspective des normes individuelles ou culturelles, sociales ou groupales médicales ou psychologiques, philosophiques, juridiques... Cette approche pluri-disciplinaire se situe dans une perspective d’histoire culturelle.
La notion de corps défaillant rejoint les questions de l’altérité acceptée, de l’altérité radicale, de l’affirmation aussi d’une société inclusive. Le corps défaillant ne correspond pas à un jugement, peut sans aucun doute devenir une notion heuristique permettant de penser et de comprendre une forme singulière « d’altérité de l’intérieur ». Elle peut recouvrir la diversité des défauts réels ou physiques, imaginaires ou idéaux, symboliques ou culturels dont le corps peut être le porteur mais dont l’impact social est inexistant, faible ou très modéré - qui ne relève pas d’un handicap social reconnu. La défaillance s’entendra sous l’angle de sa temporalité : provisoire ou durable, unique ou répétée, limitée ou généralisée à d’autres fonctions, brutale ou progressive,
Cette approche du corporel ne peut évidemment ignorer les effets psychiques provoqués sur les principaux intéressés comme sur leur entourage. Elle pose encore la question d’une double prise de conscience. Tout d’abord celle de l’écart, parfois vertigineux, entre le corps réel et le corps imaginaire, puis celle que le corps n’est pas « immuable », qu’il s’agit d’un corps transitoire, voire provisoire.
Quatre entrées sont privilégiées :
- Le corps « en panne » (dans ses fonctions biologiques, physiologiques, psychologiques). Il s’agira plus particulièrement de s’attacher à l’altération de la puissance du corps, aussi bien dans la sexualité que le sport, le travail ou encore la dépression.
- Le corps vieillissant et malade. La maladie et la vieillesse devront compléter les analyses du corps impuissant ou du corps bloqué. De manière prolongée ou définitive le corps ne correspond plus aux attentes, pour les autres et pour soi.
- Le corps exhibé. Le corps défaillant est parfois exposé et instrumentalisé. Il suscite la curiosité et parfois la fascination. Le corps hystérique montré par Charcot, les spectacles de tétralogie dont les cirques et les films jouent le rôle de vitrine, ils exposent une « galerie de monstres ». Les planches anatomiques ou les photographies d’un hermaphrodite de Nadar illustrent le phénomène.
- Le corps défaillant s’avère être le plus souvent un corps honteux. Le corps provoque des émotions ou des attitudes de rejet (honte, dégoût, mépris...). D’aucuns insistent sur sa laideur et il conviendrait de prendre en compte les variations du corps : maigreur, obésité, anorexie, boulimie, sans oublier la perception des corps alcoolisés ou dépendants des « poisons de l’esprit ».
* Le corps handicapé ou déficient sera l’objet en 2016 d’une autre manifestation.
Modalités de soumission
Les propositions de communication (une page avec une courte présentation bio/biblio de 5 lignes) sont à adresser
pour le 15 avril 2015 à :
Frédéric Chauvaud (frederic.chauvaud@univ-poitiers.fr)
Marie-José Grihom (marie.jose.grihom@univ-poitiers.fr)
Catherine Mâle (catherine.male@univ-poitiers.fr)
Les organisateurs prennent en charge les nuitées, les repas, les droits d’inscription et la publication des actes sous la forme d’un véritable livre.
Responsables scientifiques
Frédéric Chauvaud
Marie-José Grihom
Comité scientifique
Lydie Bodiou (Université de Poitiers)
Pascale Drouet (Université de Poitiers)
Alain Ducousso-Lacaze (Université de Poitiers)
Jean-Luc Gaspard (Université Rennes 2),
Michel Grolier (Université de Rennes 2)
Pascal-Henri Keller (Université de Poitiers)
Marc Renneville (Centre Alexandre Koyré -CNRS-UMR 8560)
Jean-Louis Senon (Université de Poitiers)
Myriam Tsikounas (Université de Paris 1)
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