Journée d'études
organisée par Andreas Mayer (CNRS/CAK) et Yvonne Wübben (RUB/FU Berlin)
1er et 2 octobre 2014
EHESS
105, Boulevard Raspail
75006 Paris
Salles 07 et 08
Du Traité médico-philosophique sur l'aliénation mentale (1801) de Philippe Pinel à la cinquième édition du Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM-5), une littérature importante de manuels psychiatriques s'attache au projet de classer les maladies mentales afin de fournir les bases d'un diagnostic standardisé. Les controverses récentes sur les usages du DSM 5 démontrent vigoureusement à quel point la production du savoir psychiatrique est liée à des formes spécifiques de publication destinées à servir d'ouvrages de référence. Avec ce colloque, nous proposons
de mettre l’accent sur l’établissement de textes faisant autorité, en analysant leurs fonctions multiples et leurs usages dans plusieurs champs, allant de la littérature et du journalisme aux contextes bureaucratiques et médico-légaux. Il s'agit d'étudier de manière détaillée les processus de publication et de réception des textes canoniques, non seulement dans le champ disciplinaire émergent de la psychiatrie et des disciplines et savoirs voisins (philosophie, psychologie, psychothérapie, psychanalyse), mais aussi chez des lecteurs non professionnels. Interroger le canon psychiatrique implique donc aussi de rechercher de façon détaillée les relations entre des textes officiels et des formes de littérature classées comme marginales voire déviantes.
http://ww.rub.de/mrg/knowledge
http://koyre.ehess.fr
Si le Traité de Pinel fut déjà un livre important largement diffusé et eut une histoire complexe, d’autres manuels psychiatriques du XIXe siècle furent de vrais best-sellers, comme la Psychopathia Sexualis de Richard von Krafft-Ebing, mais aussi, dans une moindre mesure, comme les ouvrages d'Emil Kraepelin ou d'Eugen Bleuler qui introduisirent les catégories célèbres de « dementia praecox » ou de « schizophrénie ». La co-existence de différentes traditions nationales et d’écoles rivales situe les traités psychiatriques à des moments critiques de controverses sur la validité clinique des catégories nosologiques, mais aussi sur les méthodes d’enseignement et de transmission du savoir. Une approche de longue durée portant attention aux « sciences psy » alliées ou en rivalité, mais aussi aux stratégies philosophiques et littéraires pour rendre compte des maladies mentales et à la politique éditoriale permettra de mettre en évidence de façon plus précise le rôle spécifique des pratiques d’écriture et de lecture qui donnent forme et existence au savoir dans ce champ. Ce colloque a ainsi pour but de se consacrer à des questions négligées, comme l’histoire des processus de canonisation, la transformation des standards de publication et l’importance de la rhétorique pour la psychiatrie.
Programme
1er octobre 2014
9:30 – 18:00
9:30 Accueil et Introduction
Antonella Romano Andreas Mayer Yvonne Wübben
10:45 Juan Rigoli (Genève)
Passions et rhétorique dans le premier Esquirol
11:45 Pause café
12:00 Vincent Barras (Lausanne)
Le traité hallucinatoire : un genre en soi ?
13:00 Pause déjeuner
14:30 Yvonne Wübben (Berlin/Bochum)
Un classique contesté : le traité de psychiatrie d’Emil Kraepelin
15:30 Katja Günther (Princeton)
Manuels et notations – les Krankenvorstellungen de Carl Wernicke et l’invalidation de la neuropsychiatrie
16:30 Pause café
16:45 Sabine Ohlenbusch (Bochum)
Histoire d’un manuel marginalisé : le Lehrbuch der Psychiatrie de Richard von Krafft-Ebing
2 octobre 2014
10:00-15:30
10:00 Patricia Rosselet (Lausanne)
La construction d’un traité des maladies du système nerveux : la Sémiologie des affections du système nerveux de Jules Dejerine (1914)
11:00 Andreas Mayer (Paris)
Un genre impossible ? Remarques sur l’histoire des manuels psychanalytiques
12:00 Pause café
12:15 Rachel Cooper (Lancaster)
Écrire et lire le DSM
13:15 Pause déjeuner
14:30 John Forrester (Cambridge)
Commentaire et discussion finale
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