Mobilité des savoirs et partage des pratiques : de la pertinence des réseaux en histoire de la santé
Appel à communications
Colloque organisé par Alexandre Klein (Université d’Ottawa) et Séverine Parayre (Institut Catholique de Paris)
Les 14-15 mai 2014
Dans le cadre du 82e congrès de l’ACFAS, Université Concordia, Montréal (QC)
Ce colloque se propose d’interroger l’importance des
réseaux dans l’histoire de la santé antique, médiévale, moderne ou
contemporaine. Autour des notions de transfert, d’échange, de parcours et
d’influence, il entend s’attarder sur les processus de transmission et de
déplacements qui ont forgé et transformé les pratiques et les discours relatifs
à la santé, afin de mettre en lumière leur nature essentiellement dynamique,
collective et réticulaire. Il souhaite en outre valoriser les fonctions
méthodologiques et historiographiques de ces notions en questionnant le rôle
des échanges transdisciplinaires dans le travail historique propre au domaine
de l’histoire de la santé.
Appel de communications
Si l’histoire de la médecine a longtemps été écrite dans
une perspective hagiographique par des médecins valorisant leurs collègues
comme les valeureux représentants d’une rationalité victorieuse, les transformations
historiographiques qu’elle a connues au cours du XXe siècle ont
déplacé son regard et ainsi modifié son contenu. Sous l’influence de l’histoire
sociale et culturelle, mais également du tournant sociologique de l’histoire
des sciences, l’histoire de la médecine, devenue progressivement un champ
proprement historique et non plus, seulement, médical, s’est détachée de
l’histoire linéaire des inventions, des découvertes et des individus à laquelle
elle s’était longtemps limitée. L’histoire sociale de la médecine, l’histoire
du point de vue des patients, l’histoire de la santé et de ses pratiques ou
l’histoire culturelle du corps et de ses représentations exemplifient ce
tournant historiographique qui a conduit l’histoire de la médecine à sortir du
champ prosopographique et de son carcan hagiographique pour s’ouvrir à des
perspectives plus larges, à des disciplines complémentaires, pour finalement
découvrir des domaines et objets d’études jusqu’alors inconnus et mettre à jour
des relations causales insoupçonnées.
Parmi les changements importants qui caractérisent
l’histoire contemporaine de la médecine, le plus représentatif de la rupture
qui s’y est opérée est certainement l’abandon progressif d’une perspective
uniquement individualiste, centrée sur l’étude des grands médecins, au profit
du développement d’un intérêt pour les communautés de malades, les
collectivités et leur sociabilité, les groupes déterminant les institutions et
les relations interindividuelles qui les parcourent. En devenant un domaine
historique à part entière, l’histoire de la médecine a cessé d’être une
histoire de médecins pour devenir le segment d’une histoire collective des
hommes, et a dès lors changé de forme. Elle a en effet abandonné la linéarité
chronologique de la rationalité médicale et ses repères individualisés pour
s’intéresser aux réseaux des pratiques et discours de santé, leurs points
nodaux singularisés et leurs arborescences spécifiques. Cette nouvelle
modélisation a mis de l’avant la notion de « réseau » comme une
réalité historique essentielle et un outil historien important.
Tout en s’imposant avec Internet comme un objet essentiel de notre XXIe
siècle, le réseau s’est en effet affirmé progressivement comme un outil de
description pertinent, permettant d’aborder des objets déterminés par des
relations, des inter-connexions dynamiques et des principes de répartition
vaste. La notion de « réseau » a ainsi permis à l’histoire de se
libérer d’objets prédéterminés pour saisir la vie même des hommes dans ses
dimensions sociales et collectives. Elle permet de rendre compte de
l’articulation logique des différents éléments pourtant séparés, voire
hétérogènes, et ainsi de faire émerger de nouvelles lignes de force causales aptes
à donner forme et cohérence à leur description systémique. En ce sens, parce
qu’elle rend compte de la diversité, de la complexité, des interactions entre
différents objets ou domaines, la notion de réseau s’avère particulièrement
effective pour une histoire de la santé qui souhaite se détacher du simple
champ de la médecine professionnelle et institutionnalisée afin d’aborder les
comportements, représentations, discours ou pratiques touchant de manière plus
ou moins directe au vaste champ des questions de santé et de maladie. Elle
offre la possibilité de faire discuter les différents domaines historiques, de
mutualiser les études sur différents objets et de décrire une réalité mouvante
et nuancée. C’est à ce titre qu’elle mérite que les
chercheur(e)s francophones en histoire de la santé s’y attardent.
A l’occasion des deux ans du réseau de recherche Historiens de la santé (http://www.histoiresante.blogspot.ca/) - créé suite au colloque « Histoire des pratiques de santé XVIIIe-XXIe :
nouveaux cadres, thèmes et approches » qui s’est tenu les 8 et 9 mai 2012
lors du 80e congrès de l’ACFAS de Montréal - ce colloque se propose donc d’interroger l’importance des
réseaux dans l’histoire de la santé antique, médiévale, moderne ou
contemporaine. Autour des notions de réseau, de transfert, d’échange et
d’influence, il entend s’attarder sur les processus de transmission qui ont
forgé les pratiques et les discours de santé du passé, tout en s’interrogeant
sur ceux qui existent aujourd’hui dans les démarches historiennes consacrées à
ce domaine.
Il s’intéressera donc particulièrement, mais non
exclusivement, aux analyses théoriques, travaux empiriques ou aux études de cas
relatifs aux thématiques suivantes :
-
L’importance des communautés, des
collectivités et des réseaux de personnes dans la construction des discours et
pratiques de santé.
- L’influence des échanges inter-culturels et
inter-nationaux dans la constitution et l’évolution des savoirs et pratiques de
santé.
- Les transferts de concepts ou de
méthodologies d’autres disciplines et domaines de connaissances vers la
médecine.
-
Les objets, artefacts, et institutions
soutenant matériellement les réseaux : les correspondances, les revues,
les sociétés savantes, les associations d’usagers, etc.
- La fonction historiographique de la notion de
réseau et de ses notions connexes de transmission, de parcours, d’échanges, de
transferts, de glissements, etc.
- La fonction épistémologique des réseaux de
chercheurs dans l’affirmation du statut particulier de l’histoire de la santé.
Les chercheur(e)s intéressé(e)s sont invité(e)s à
soumettre une proposition contenant :
-
Un résumé
en français d’un
maximum de 250 mots comprenant une courte mise en contexte du
sujet, une problématique claire ainsi qu’une présentation du corpus étudié.
-
Une
courte biographie de 100 mots incluant votre nom complet,
votre statut universitaire, votre rattachement institutionnel, vos coordonnées,
vos champs de recherche ou d’intérêts, précédents travaux
et principales publications, s’il y a lieu.
Avant le 31 janvier 2014
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