Naissance et petite enfance à la cour de France
(Moyen Âge – XIXe siècle)
Journée d’étude internationale organisée par Cour de France.fr en
collaboration avec la Maison des Sciences de l’Homme Paris Nord et le
programme interuniversitaire « Formes du savoir de 1400 à 1750 » (Maison
des Sciences de l’Homme Aquitaine).
Lieu : Maison des Sciences de l’Homme Paris Nord
Date : 27-28 février 2014
Direction scientifique :
Jacques Gélis (université Paris VIII)
Pascale Mormiche (université de Cergy Pontoise)
Stanis Perez (université Paris 13/CRESC, MSH Paris Nord)
Jacqueline Vons (université François Rabelais, Tours)
Responsables : Stanis Perez (MSH Paris Nord), Caroline zum Kolk (Cour de France.fr)
Adressez votre proposition par mail avant le 1er septembre 2013 à : event@cour-de-france.fr
Appel à communication
Cette journée d’étude interdisciplinaire est consacrée au thème de la
naissance et à la petite enfance à la cour de France, du Moyen Âge au
XIXe siècle. Elle est l’occasion de s’interroger sur la
portée symbolique et réelle de la naissance dans le monde curial ainsi
que sur les pratiques et le personnel qui l’entourent.
Les stratégies dynastiques et familiales occidentales reposent sur la
présence d’enfants, seuls garants de la transmission de l’héritage
familial (composé de biens, de titres et de privilèges) et de la
formation d’alliances grâce aux mariages.
La fécondité, la grossesse, l’accouchement et les premières années
des enfants suscitent ainsi un vif intérêt non seulement de la part des
membres de la famille royale, mais aussi de la part des courtisans, du
peuple et des familles princières européennes qui suivent avec attention
les nouvelles relatives à ces sujets. Tous les aspects de la
procréation sont chargés d’une signification symbolique et politique. On
retrouve cette spécificité dans le cérémonial et les pratiques
concernant la grossesse, l’accouchement et les relevailles. La publicité
donnée à l’accouchement et les annonces et les festivités qui le
suivent invitent à une lecture politique de cet événement et de sa
représentation. La diversité des formes de communication
(correspondances, journaux, récits, compliments de courtisans, rapports
médicaux, etc.) et leur réception constituent une autre facette de cette
question.
Les règles observées par les femmes enceintes à la cour et par leur
entourage ainsi que les pratiques religieuses et populaires qui visent à
combattre l’infécondité ou à minimiser la mortalité enfantine et
maternelle constituent un autre volet de la thématique. La question du corps sacré de la reine,
confronté à son humanité et à la fragilité de l’existence, apparaît en
filigrane et permet de questionner la théorie des deux corps du roi et
sa possible ou impossible application à l’épouse royale. Reines et
princesses, sont-elles d’un statut qui les différencie sur ce point des
autres parturientes ?
De l’histoire du genre viennent d’autres approches et interrogations.
L’infécondité, la mortalité maternelle, la question du sexe de l’enfant
et les jugements et réactions des contemporains confrontés aux
problèmes qui peuvent apparaître dans ces domaines, apportent des
éclairages précieux à propos de la place des hommes et des femmes dans
la procréation et la fonction de celle-ci pour leur statut social.
La contraception et le refus de procréer (avant ou après avoir donné
la vie) constituent un sujet annexe à cette thématique. Il implique
autant les hommes que les femmes (Louis XIII, Marie Leszczynska…) et
mérite de faire l’objet de recherches, autant en ce qui concerne sa
réalité historique que les réactions que suscite un tel refus de la
procréation.
Peu étudiées et peu documentées sont aussi les premières années des
enfants royaux et princiers qui grandissent souvent séparés de la cour,
entourés d’un personnel féminin et masculin nombreux. Au cours des
siècles, la lente professionnalisation des métiers de la médecine et du
personnel curial transforme cette « Maison des enfants » et son
quotidien. Son fonctionnement, les soins apportés aux jeunes enfants
ainsi que le personnel masculin et féminin qui entoure la femme
enceinte, l’accouchée et le nouveau-né constituent un autre volet de la
thématique que nous proposons d’étudier. La place des différents
médecins, sages-femmes, accoucheurs et autres intervenants, à titre de
témoins ou d’acteurs directs, mérite d’être précisée.
La grossesse est souvent assimilée à une maladie. La médecine curiale
se mobilise-t-elle autant que lors d’une maladie grave du souverain ? À
quel type de discours médical fait-on appel pour délivrer les femmes
éminentes de la cour ? Quelle stratification sociale peut-on lire dans
les différences de protocoles d’assistance à l’accouchement en fonction
des rangs ?
Au-delà de ces questions, on pourra aussi s’interroger sur le statut
du regard porté sur le corps féminin par les instances médicales, mais
aussi sur l’imaginaire médical entourant les naissances, le corps du
nouveau-né faisant l’objet d’un examen méticuleux sur ses aptitudes à
régner.
Enfin, il serait intéressant de se pencher sur la question de la
réception des progrès de l’obstétrique dans le milieu curial et les
précautions particulières qui entourent la naissance des enfants royaux.
Volets thématiques proposésLa procréation : enjeux et problématiques
La place de la procréation dans la vie quotidienne à la cour
Le problème de la stérilité masculine ou féminine
Le refus de la procréation
Les pratiques de contraception
Le déroulement de la grossesse et de l’accouchement
La détection de la grossesse et son annonce
Le quotidien des femmes enceintes à la cour
L’accouchement : déroulement, descriptions, personnel (médecin, chirurgien-accoucheur, sage-femme…)
Les relevailles : représentations
Du corps sacré au corps humain
Les accidents lors de la grossesse et des accouchements
Les naissances prématurées
Les enfants malformés et mort-nés
Les reines et princesses mortes en couches
Conjurer le sort : pratiques religieuses et populaires
La prise en charge du nourrisson et de l’enfant
La maison des enfants : une structure curiale (formation, évolution)
Le personnel féminin : gouvernantes, nourrices, remueuses…
Le personnel masculin : médecins, domestiques, gardes…
La mortalité enfantine et les stratégies la concernant
La représentation de la naissance et sa fonction dans les stratégies dynastiques
La naissance d’un enfant royal : stratégies d’information et enjeux dynastiques
Le genre de l’enfant et les réactions des contemporains face à cette question
Festivités et réjouissances données à la cour, à la ville et à la campagne
Les formes de témoignages et leurs caractéristiques
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