mercredi 18 septembre 2024

Fabriquer les masculinités

Fabriquer les masculinités. Professions médicales et hiérarchies corporelles

Histoire, médecine, santé, 25 (été 2024)


Sous la direction de Francesca Arena, Camille Bajeux, Aude Fauvel et Joëlle Schwarz


Ce numéro prolonge et complète le dossier « Folies et masculinités » paru dans le numéro 23 d’Histoire, médecine et santé. Il souhaite interroger le rôle des médecins dans le processus de façonnage des corps masculins. En effet, en comparaison de l'abondante littérature sur la façon dont la médecine a pensé les corps féminins, l'historiographie s’est encore peu penchée sur la fabrique médicale des corps masculins. Les articles réunis ici montrent comment les médecins ont contribué à définir les masculinités et à fabriquer les corps, en imposant dans les savoirs et dans les pratiques de santé leurs définitions de ce que devaient être les attributs physiques et moraux « normaux » d’un homme. Ces travaux soulignent que cette normalisation corporelle n’a pas seulement touché les patients, mais qu’elle a aussi concerné les médecins eux-mêmes, qui se sont trouvés pris dans leurs propres grilles de lecture hiérarchisantes.  

Camille Bajeux et Aude Fauvel
Professions médicales et hiérarchies corporelles 

Ainhoa Gilarranz, Darina Martykánová et Víctor M. Núñez-García
A Priest of Humankind or a Respectable Gentleman? The Self-Representation of Physicians in Neo-Imperial Spain (1820s–1880s) 

Maria Björkman
“Educated, Cultured Men”. Features of Urological Masculinity 

Nahema Hanafi
Testicules, masculinités et normes de genre. Les récits scientifiques français sur les castrats italiens au siècle des Lumières 

Aude-Marie Lalanne Berdouticq
« L’absence ou la perte totale du pénis nécessitent l’exemption ». Virilité et conformité génitale dans l’examen médical d’aptitude au service militaire (fin xixe-début xxe siècle) 

Thomas Ramonda
Masculinités honorées ou brisées. L’expertise médicale des blessures de guerre comme révélateur des luttes entre masculinités au cours de l’Empire napoléonien  

Cécile Thomé et Joëlle Schwarz
Interroger les masculinités pour étudier la contraception. Entre France et Burundi, regards croisés sur un défi théorique et méthodologique 


Sources et documents
Radu Suciu
Champignons de Vénus 


Varia
Anne-Lydie Dubois
L’amour fou est le propre de l’homme. La folie masculine dans le discours des médecins et des clercs aux derniers siècles du Moyen Âge 

Stefano Tomassetti
Lire, écrire, soigner. La circulation des remèdes dans une communauté religieuse urbaine (Rome, xvie-xviie siècles) 


Sources et documents
Ikrame Moucharik
Le dispositif gynécologique : un panoptique entre technologie de contrôle et technologie de genre Étude de catalogues contemporains de fabricants de fauteuils gynécologiques


Entretien « Médecine à l'échelle du monde »
Martin Robert, Guillaume Linte et Shiori Nosaka
“Medicine on a global scale”: Interview with Nina Studer [Texte intégral]
« Médecine à l’échelle du monde » : Entretien avec Nina Studer [Texte intégral | traduction | fr]

Comptes rendus
Claire Barillé
Bruno Valat (dir.), Les marchés de la santé en France et en Europe au xxe siècle

 
Catherine Baroin
Anne Gangloff et Gilles Gorre (dir.), Le corps des souverains dans les mondes hellénistique et romain 

 
Laurence Talairach
Clare Hickman, The Doctor’s Garden. Medicine, Science, and Horticulture in Britain

 
François Zanetti
Isabelle Coquillard, Corps au temps des Lumières. Les docteurs régents de la Faculté de médecine en l’Université de Paris au xviiie siècle

Peuples, lieux, échanges et circulations dans l'histoire des instruments scientifiques

Peoples, Places, Exchanges, and Circulation


Call for papers



XLIV Scientific Instrument Symposium

29 June – 5 July 2025

Part of the 27th International Congress of History of Science and Technology

Hybrid online and in-person, University of Otago, Dunedin, New Zealand


We invite you to submit abstracts proposals (up to 250 words) for the XLIV Scientific Instrument Symposium, using the following online form before 1 November 2024:

https://form.jotform.com/242524026415044


Please email us at scinstcom@gmail.com if you experience any problems with submitting your abstract using the online form.



The theme of the XLIV Scientific Instrument Symposium is ‘Peoples, Places, Exchanges, and Circulation’ in accordance with the theme of the International Congress of History of Science and Technology. See also the website of the 27th International Congress of History of Science and Technology at https://www.ichst2025.org/



At SIC 2025, we invite you to reflect on these topics and other issues related to scientific instrument studies. As is customary at SIC symposia, we welcome all proposals for papers on any topic dealing with the history of scientific instruments. We particularly encourage scholars from diverse disciplinary and geographical backgrounds to explore and enrich the study of scientific instruments.



The Congress will be held as a hybrid in-person and online event at the University of Otago’s Dunedin campus on 29 June - 5 July 2025. Please indicate in the online form whether you will participate online or in person. The rates for online and in-person registration can be found here:



https://www.ichst2025.org/registration



Delegates registered for virtual participation will be able to both present and attend online. Oral presentations will be 15 minutes followed by 5 minutes discussion. Deadline for the submission of abstracts is 1 November 2024. Presenters will be informed in January 2025 whether their proposal has been accepted.



Registration to attend the Congress is open at https://www.ichst2025.org/registration. Information around those needing invitation letters to support a visa application can be found at https://www.ichst2025.org/travel-visa-information. The Congress organizers will not be issuing any invitation letters until after abstracts within Symposia and stand-alone papers have been reviewed and authors notified of acceptance in January 2025.



In case of questions about the XLIV SIC Symposium, please email us at scinstcom@gmail.com



We look forward to receiving your abstracts in due course!



Best wishes, Louise Devoy, Tacye Phillipson and Roland Wittje (SIC Board)

mardi 17 septembre 2024

Cultures audiovisuelles et savoirs sur la folie

Médiatiser la psychiatrie en Suisse au XXe siècle. Cultures audiovisuelles et savoirs sur la folie



Journée d’étude 

3 octobre 2024
UNIL


Organisation : Mireille Berton (Section de cinéma, faculté des lettres, UNIL) & Aude Fauvel (Institut des humanités en médecine, CHUV-UNIL)

Comment la psychiatrie en Suisse a-t-elle médiatisé ses pratiques et ses savoirs (savants ou profanes) ? Quels images et sons a-t-elle fait circuler, dans quels buts et avec quels résultats ? En quoi les spécificités professionnelles, institutionnelles et culturelles de cette branche de la médecine ont-elles infléchi ces productions audiovisuelles ? Et dans quelle mesure la psychiatrie suisse s’est-elle distinguée (ou non) des pays voisins du point de vue de la fabrication d’une archive audiovisuelle ?

La visualité a toujours joué un rôle capital en psychiatrie, comme l’illustre l’exemple bien connu de la photographie, qui a contribué — entre autres — au processus de professionnalisation de cette spécialité. Essentielle dans la formation et la recherche, employée pour véhiculer une image moderne de l’institution, elle a aussi induit la stigmatisation des personnes atteintes de troubles mentaux. Dans le sillage de la photographie, le film, la télévision, la radio et la vidéo ont également participé à construire des savoirs sur la folie, de sorte à les (ré)affirmer, les rationaliser, les promouvoir, les renouveler, etc. Et à chaque fois, selon les époques et contextes de production, de diffusion et de réception, l’audiovisuel a généré différents usages, niveaux de lecture, effets, récits et contre-récits.

Cette journée d’étude vise à explorer comment la psychiatrie en Suisse au XXe siècle s’est emparée des médias audiovisuels pour donner forme à la folie, mais aussi façonner une certaine image d’elle-même, que ces représentations émanent du corps médical et paramédical, des patient·e·s ou de leur entourage. L’objectif de cette rencontre est double : d’une part, rassembler des chercheurs·euses travaillant sur des questions communes et stimuler les échanges entre eux ; d’autre part, favoriser un dialogue transdisciplinaire entre humanités médicales, histoire de l’art et histoire des médias autour d’objets qui gagnent à être éclairés par leurs regards croisés.

Connue pour avoir laissé quelques figures marquantes à l’histoire de la psychiatrie, de la psychologie et de la psychanalyse, on peut se demander si la Suisse a fait des médias audiovisuels des usages singuliers ou originaux. La question peut en effet se poser au regard de ses particularités. Née au sein des grands centres universitaires, la psychiatrie suisse se définit par la pluralité de ses pratiques, son réseau très dense d’établissements privés et publics, l’émulation entre Suisse romande et Suisse allemande ou encore un intérêt pour la psychanalyse et pour le développement de nouvelles méthodes thérapeutiques (cure par le sommeil, insulinothérapie, thérapie par le travail, art thérapie, etc.). La souveraineté des cantons sur le plan des politiques de soins et la situation géographique de la Suisse au centre de l’Europe (qui font d’elle un lieu ouvert aux courants — centripètes et centrifuges — d’idées, de personnes, de savoir-faire) achèvent de dessiner le profil idiosyncrasique de la psychiatrie suisse.

Si l’implication dans l’étude de la psychopathologie de l’expression (connue aussi sous le nom d’« art brut ») a reçu l’attention soutenue des chercheurs·euses, notamment en histoire de l’art et de la littérature, il reste encore bien des pistes et des corpus à explorer du côté des médias comme la radio, le film, la télévision ou la vidéo. Rattachées encore trop souvent au monde de l’art, critiquées pour être des instruments de pouvoir aux mains des psychiatres, minorées car jugées non scientifiques, les sources audiovisuelles méritent pourtant qu’on s’y attarde afin de recueillir en elles des informations absentes des textes écrits.

De fait, les documents audiovisuels constituent des formes de communication en partie non narratives et non verbales, qui invitent à prêter attention aux corps des patients, médecins, etc., à la manière dont ils interagissent et dont la maladie s’incarne. Dans les cas des films de recherche, les images animées montrent autre chose que le savoir médical, révélant l’éthos des médecins, la résistance des patient·e·s ou les limites d’un projet (scientifique, thérapeutique, institutionnel, etc.). Si ces objets sont emblématiques des normes dictées par les protagonistes de la psychiatrie, ils constituent également des sources plurivoques, éloquentes à plusieurs points de vue, y compris dans leurs silences.

Contexte : cette journée d’étude est organisée dans le cadre de deux recherches financées par le FNS :Cinéma et (neuro)psychiatrie en Suisse : autour des collections Waldau, 1920-1990 (2021-2025), dir. Mireille Berton (UNIL). Site : https://waldau.hypotheses.org/.
MEDIF (2023-2027), dir. Aude Fauvel (IHM-CHUV-UNIL) et Rémy Amouroux (Institut de psychologie, UNIL). Le projet étudie l’histoire des premières femmes médecins en Suisse romande et en France, des années 1870 à l’entre-deux-guerres, ainsi que leurs contributions aux savoirs médicaux.

Comité scientifique : Dr Mireille Berton (Section d’Histoire et esthétique du cinéma, UNIL) ; Dr Aude Fauvel (Institut des Humanités en médecine-CHUV-UNIL) ; Dr Marianna Scarfone (Faculté des sciences sociales, Université de Strasbourg) ; Dr Félix Rietmann (Section de médecine, Université de Fribourg).


Programme de la journée

8h30-9h00 : Introduction

Panel 1 : Promouvoir l’institution psychiatrique

Modération : Dr Mireille Berton

9h00-9h30 : Mikhaël Moreau (IHM-CHUV/UNIL) – Comment faire de la publicité pour la psychiatrie ? L’exemple des campagnes de « propagande » pour l’hôpital de Cery dans les années 1960

9h30-10h00 : Dr Elodie Murtas (UNIL) – De l’Abeitstherapie à l’ergothérapie : quand le film s’empare de la thérapeutique psychiatrique occupationnelle

10h00-10h30 : Discussion

10h30-11h00 : Pause



Panel 2 : Représenter le monde des patient·e·s

Modération : Dr Félix Rietmann (Université de Fribourg)

11h00-11h30 : Dr Jessica Schupbach (UNIL) – Au fil et au cœur des films de la collection Waldau… les patient·e·s.

11h30-12h00 : Chiara Sartor (Université Humboldt de Berlin) – Médiatiser l’écriture « brute », 1979–2021. De la critique sociale post-soixante-huitarde à l’esthétisation actuelle

12h00-12h30 : Discussion

12h30-13h45 : Pause de midi



Panel 3 : Médiatiser la psychanalyse

Modération : Dr Aude Fauvel

13h45-14h15 : Dr Camille Jaccard (UNIL) – Inconscient et prophylaxie des troubles mentaux sur les ondes de Radio-Lausanne dans l’après-guerre : Les chroniques du psychanalyste Georges Favez (1901-1981)

14h15-14h45 : David Bucheli (UNIBAS) — “Tell me what you see”. Looking at Rorschach’s Inkblots through the Cinema of Robert Siodmak and Ken Jacobs

14h45-15h15 : Discussion

15h15-15h45 : Pause




Panel 4 – Mettre en perspective les archives audiovisuelles aujourd’hui


Modération : Prof. Anne-Katrin Weber (UNIL)

15h45-16h15 : Paola Juan (IHM-CHUV/UNIL) – Éthique et productions audiovisuelles (2019-2024) : regards croisés

16h15-16h45 : Alexandra Tilman (CIRCEC) – Retour sur les archives RTS de la psychiatrie des années 1960. Un travail de recherche-documentaire multimédias réalisé à l’Université de Lausanne

16h45-17h15 : Discussion

17h15-17h35 : Conclusion – Dr Marianna Scarfone (Université de Strasbourg)


Contact : mireille.berton@unil.ch

Panels de Medica pour AAHM 2025

Medica's panels at AAHM 2025


Call for Papers

Medica: the Society for the Study of Healing in the Middle Ages  invites the submission of paper abstracts for sponsored panels at the centennial meeting of the

American Association for the History of Medicine,

Boston 2025: May 1-4


Medica is soliciting paper abstracts for two panels:


Pre-Modern Pharmacy & Recipes: From Dioscorides and Galen to Paracelsus and Culpepper, this panel explores the role of all manner of materia medica in premodern health and healing. Papers exploring ancient, medieval, and early modern healing welcomed as are global and comparative perspectives.


Women’s Heath and Healing: This panel explores topics related to the health and healing of women throughout their life cycle. Papers exploring medical concerns from general female health, fertility, childbirth, and abortion practices into perimenopause and menopause.


Please submit abstracts of approximately 300 words for 20-minute papers to medievalmedica@gmail.com by Friday, October 4, 2024. The proposal should also include your contact information, academic affiliation, and a short biography. Please do not hesitate to reach out if you have any questions.

lundi 16 septembre 2024

Une histoire de l'absinthe en France

The Hour of Absinthe. A Cultural History of France's Most Notorious Drink
 

Nina Studer



McGill-Queen's University Press
Part of the Intoxicating Histories (number 11 in series)
264 Pages, 6 x 9
21 photos
ISBN 9780228022206
September 2024

At the height of its popularity in the late nineteenth century, absinthe reigned in the bars, cafés, and restaurants of France and its colonial empire. Yet by the time it was banned in 1915, the famous green fairy had become the green peril, feared for its connection with declining birth rates and its apparent capacity to induce degeneration, madness, and murderous rage in its consumers.

As one of history’s most notorious drinks, absinthe has been the subject of myth, scandal, and controversy. The Hour of Absinthe explores how this mythologizing led to the creation and fabrication of a vast modern folklore while key historical events, crucial to understanding the story of absinthe, have been neglected or unreported. Mystique and moralizing both arose from the spirit’s relationship with empire. Some claim that French soldiers were given daily absinthe rations during France’s military conquest of Algeria to protect them against heat, diseases, and contaminated water. In fact, the overenthusiastic adoption of the drink by these soldiers, and subsequently by French settlers, was perceived as a threat to France’s colonial ambitions - an anxiety that migrated into French medicine.

Providing keen insight into how local cultural narratives about absinthe shaped what quickly became a global reputation, Nina Studer provides a panoptic view of the French Empire’s influence on absinthe’s spectacular fall from grace.


dimanche 15 septembre 2024

Le Dr De Clérambault

Dr De Clérambault : le regard d'un psychiatre enseignant aux Beaux-arts. À la recherche de la «Beauté idéale»
 

Emmanuel Drouin
 


Préface de Serge Tisseron

L'Harmattan
Collection : Histoires et idées des Arts
Broché - format : 13,5 x 21,5 cm • 210 pages 

Date de publication : 4 juillet 2024
ISBN : 978-2-336-46145-8

Le Dr GG de Clérambault est un psychiatre français, auteur d'une œuvre psychiatrique majeure. Nommé en 1898 à l'internat des Asiles de la Seine, il consacre près de trente ans de sa carrière à l'Infirmerie spéciale de la Préfecture de police de Paris. De ce poste d'observation unique, il précise les manifestations cliniques de plusieurs entités morbides. Par ses descriptions minutieuses et subtiles de l'automatisme mental, de Clérambault a marqué durablement l'école française de psychiatrie : l'un de ses plus éminents représentants, Jacques Lacan, a reconnu qu'il en était le seul maître.
De Clérambault enseigna aussi à l'Ecole Nationale des Beaux-Arts de Paris. Son cours avait pour thème le costume drapé arabe au point de vue artistique et anthropologique.
Notre objectif était de rechercher un lien entre les photographies du drapé marocain, son travail de psychiatre et ses cours aux Beaux-Arts de Paris. Les regards cliniques, artistiques, anthropologiques et technologiques de Clérambault se sont rencontrés et croisés sur la question de la forme psychique et du drapé.

Prix ​​IUHPST en histoire et philosophie des sciences

IUHPST Essay Prize in History and Philosophy of Science

Call for Entries


Submission deadline: 15 January 2025

The International Union of History and Philosophy of Science and Technology (IUHPST) invites submissions for the 2025 IUHPST Essay Prize in History and Philosophy of Science. This biennial prize competition seeks to encourage fresh methodological thinking on the history and philosophy of science and related areas.

For this round of the competition, we invite entries, in the form of an essay of 5,000–10,000 words written in English, addressing persistent methodological challenges in integrated history and philosophy of science. Examples of questions that entries may address include:

· What is the role of case studies?

· Is current science so different from old science that history is irrelevant to philosophy?

· How does philosophical pluralism/monism affect the historiography of science?

· Is “scientific revolution” dead as a framing device for the history of science?

Entries may answer one of these questions or a variation thereof; they may also address another persistent methodological challenge in integrated HPS.

All entries should consist of original work that has not previously been published. Entries written originally in another language should be submitted in English translation, along with the name and contact details of the translator. Entries will be judged on the following criteria, in addition to general academic quality: direct engagement with the prize topic, effective integration of historical and philosophical perspectives, and potential to provide methodological guidance for other researchers in the field.

The author of the winning entry will be invited to present the work at the 27th International Congress of History of Science and Technology in Dunedin, New Zealand, June 29 to July 5, 2025. Presenting at the Congress will be a condition of the award.

The award will carry a cash prize of 1,000 US dollars and a waiver of the Congress registration fee.

Other strong entries will also be considered for presentation at the Congress. In order to ensure this consideration, entrants should submit the entry also as a standalone paper abstract for the Congress by the deadline for that (December 1, 2024), following the standard instructions indicated on the Congress website: https://www.ichst2025.org/call-for-stand-alone-papers

Entries are invited from anyone, without restriction of age, nationality, or academic status. Co-authored work will be considered; if the winning entry is a co-authored work the cash prize will be shared among the authors. This prize is administered by the Joint Commission of the IUHPST, whose remit is to make links between the work of the two Divisions of the IUHPST: the DHST (Division of History of Science and Technology) and the DLMPST (Division of Logic, Methodology and Philosophy of Science and Technology). For further information about the Joint Commission, including previous prize winners, see https://iuhpst.org/pages/inter-division-commissions/joint-commission.php

Entries for the prize competition should be anonymized and submitted in PDF format by e-mail to the Chair of the Joint Commission, Dr. Agnes Bolinska, Department of Philosophy, University of South Carolina (bolinska [at] mailbox [dot] sc [dot] edu). Any queries should also be directed to her. The deadline for submission is 15 January 2025.

samedi 14 septembre 2024

Histoire(s) juridique(e) de la folie en Afrique

L’Autre aliéné. Histoire(s) juridique(e) de la folie en Afrique (XIXe-XXe)

Colloque

Ce colloque clôture le programme de recherche AMIAF - Aliéné mentale et indigène. Histoire d'une double discrimination de statut en Afrique française -, financé par l’ANR, qui a réuni une équipe pluridisciplinaire autour de l’étude du traitement juridique et administratif de la folie durant la période coloniale en Afrique. Lors de ces journées, il s’agira d'en présenter et discuter les résultats les plus marquant, ainsi que de dessiner des nouvelles pistes et perspectives dans ce milieu de recherche en plein essor.

 

Lieux Salle 0.015, Bâtiment de recherche sud, Campus Condorcet - 5 Cours des Humanités
Aubervilliers, France (93)


Jeudi 19 septembre 

9h15 Accueil des participants
 

9h30 Présentation des journées et de l’ANR AMIAF, par Silvia Falconieri (CNRS, IMAF) 

Session 1 - Politicisation de la folie : La justice pénale face au mysticisme et aux pratiques rituelles
Discutante : Thaïs Gendry (Scuola superiore meridionale de Naples) 9h45 René Collignon (ancien CR en retraite, CNRS, LASC), Implications psychiques des procès pour anthropophagie en Casamance (Sénégal). Fin des années 1920

10h15 Sandra Fancello (CNRS, IMAF), Résistance ou destinée prophétique ? La « folie » de Benoit Ogoula

10h45 Pause-café 

11h Discussion

12h30 Présentation de la bibliothèque numérique AMIAF, par Silvia Falconieri (CNRS, IMAF)

12h45 Déjeuner 

Session 2 - Discours médical et juridique autour des « aliénés » au Maroc
Discutant : Fouzi Rherrousse (Univ. d’Oujda) 14h Silvia Falconieri (CNRS, IMAF), Régime des habous et soins psychiatriques au Maroc durant la période du protectora

14h30 Stefano Stanca (Univ. de Naples « Federico II », EHESS, IMAF), Politique sanitaire et construction du Protectorat français au Maroc dans les dossiers médicaux de l’Hôpital Neuropsychiatrique de Berrechid

15h Discussion

15h30 Pause-café 

Session 3 : Pratiques administratives de maintien de l’ordre public en Afrique de l’Ouest
Discutante : Kadya Tall (IRD, IMAF) 16h Moussa Zabsonre (Univ. Yembila Abdoulaye Toguyeni » de Fada N’Gourma), Problématique de la prise en charge des aliénés en Haute-Volta de la période coloniale à 1987

16h30 Romain Tiquet (CNRS, Centre Marc Bloch), La politique d’expulsions des « marginaux » ouest-africains du Ghana vers le Burkina Faso, à partir de 1957

17h Discussion 


Vendredi 20 septembre

Session 4 - Perspectives politiques et médicales de la prise en charge des « aliénés » au moment des indépendances
Discutante : Élise Pestre (Université Paris Cité, IHSS) 9h30 Raphaël Gallien (Univ. Paris Cité, CESSMA/CNRS, IMAF), Entre psychiatrie, psychanalyse et anthropologie : quel avenir clinique à la veille de l’indépendance malgache ?

10h Paul Marquis (CNRS, IMAF), Le rapatriement des patients psychiatriques européens au moment de l'indépendance de l'Algérie (années 1960-1990)

10h30 Marianna Scarfone (Univ. de Strasbourg, SAGE), Patients psychiatriques d’origine algérienne : le cas des harkis

11h Pause-café 11h15 Discussion

11h45 Lucas Iannuzzi (Univ. d’Urbino, ISMEO), Silvia Falconieri (CNRS, IMAF), Sandra Fancello (CNRS, IMAF) et Florence Renucci (CNRS, IMAF), Présentation de l’exposition virtuelle réalisée avec Criminocorpus

12h45 Clôture des travaux
 





vendredi 13 septembre 2024

Production et circulation internationales des savoirs quantitatifs

Production et circulation internationales des savoirs quantitatifs
 

Appel à communications

 

Journées d'études pluridisciplinaires CircuStat organisées par l’axe Données, Conduites, Savoirs (DoCSa) du Centre Maurice Halbwachs (EHESS/ENS-PSL/INRAE/CNRS)
 

Dans le cadre des activités de l'axe Données, Conduites, Savoirs (DoCSa)* du Centre Maurice Halbwachs (CMH), nous organisons un cycle de demi-journées d'études sur la production et la circulation internationales de savoirs dits quantitatifs, désignant par cette expression un large éventail de mises en chiffres (statistiques, indicateurs, mesures, ...) partageant comme caractéristique commune de reposer, pour exister, sur la mise en place de « conventions d'équivalence » (Desrosières, 2001).

Si de nombreuses recherches ont été menées sur le lien privilégié entre la production de ces savoirs et la construction de l’État (Hacking, 1990; Desrosières, 1997; Scott, 1998; Foucault, 2004), de plus en plus de travaux s'intéressent à leur production, diffusion et utilisation au-delà des frontières étatiques (Brian, 1989; Cussó, 2012; De Siqueira, Leite, Beerli, 2017; Randeraad, 2020; Martin, 2023), qu'il s'agisse de classements et audits internationaux (Shore, Wright, 2015), de mesures d'indicateurs de droits humains (Merry, 2016), de statistiques produites et diffusées en contexte colonial ou postcolonial (ANR COCOLE; Rousset, Sessego, 2020) ou encore d'outils d'expertise circulant au-delà des frontières nationales (Samuel, Nubukpo, 2020; Doğan, 2023). Dans cette lignée, nous souhaitons nous concentrer sur les modalités de production mais aussi de circulation de ces savoirs (Krige, 2019) et ainsi faire dialoguer les travaux de la socio-histoire de la quantification avec la sociologie politique de l'international ou encore l'histoire et la sociologie des sciences et des techniques.

Nous proposons de nous focaliser sur l'analyse des productions et échanges internationaux des dispositifs de quantifications, mais aussi et surtout d'explorer les réseaux transnationaux d'acteurs qui permettent, encouragent voire subissent ces échanges. Il s'agit également de comprendre comment les produits quantifiés de certaines institutions supranationales deviennent des points de passage obligés dans les politiques nationales (Brissaud, 2021), et d'explorer les dynamiques de pouvoir et les enjeux politiques liés à ces processus. Nous souhaitons enfin examiner les mécanismes par lesquels des politiques nationales sont converties et conformées à des logiques marchandes (Valiergue, 2021; Vincensini, 2024).

Ce niveau d'observation ouvre de fructueuses questions de recherche, dont les ramifications concernent aussi bien la singularité des savoirs quantitatifs non-nationaux, que leur réception et appropriation, sans oublier leurs instances de production et les enjeux de pouvoir qui sous-tendent leur circulation. Si les travaux de sociologie politique de l'international tendent à souligner l'absence de spécificité ontologique des phénomènes internationaux, ils nous encouragent toutefois à saisir les effets des fortes amplitudes et différences de degré entre le local, le national et l'international (Siméant, 2015). Ces amplitudes sont notamment problématisées par les acteurs du chiffre sous la forme de débats autour de l'harmonisation des productions quantitatives. En d'autres termes, comment s'organisent les activités de quantification des organisations internationales, ONG et experts transnationaux ? Comment les savoirs nationaux sont-ils traduits ou transformés dans ces arènes internationales, et réciproquement ? Quels sont les rapports de pouvoir et les enjeux organisationnels et politiques qu'impliquent ces activités de quantification ?
Ces demi-journées ont l'ambition de créer un espace de dialogue et de réflexion sur des recherches en cours. En pratique, ces réflexions s'organiseront sous la forme d'un cycle d'au moins trois demi-journées d'études, pour permettre un échange approfondi sur les travaux présentés. Ces discussions impliqueront notamment des chercheur·ses appartenant ou non au CMH, invité·es compte tenu de la pertinence de leurs sujets de recherche au regard des présentations. Nous étudierons les différentes propositions reçues pour aménager ces demi-journées en fonction des disponibilités de chacun·e, mais nous proposons dès à présent les dates provisoires suivantes : les matinées du jeudi 28 novembre 2024, du vendredi 24 janvier et du jeudi 20 mars 2025. Les présentations seront suivies d'un déjeuner convivial.

Les propositions de participation sont attendues pour le 16 septembre 2024 à l’adresse suivante : participation@circustat.info. Les personnes intéressées sont priées de nous faire parvenir une intention de participation de quelques lignes (500 mots) sur la base d'une recherche n'ayant pas encore été publiée, indiquant le sujet de leur recherche ainsi que l'angle de réflexion proposé dans le cadre de leur présentation. 

Le comité d'organisation : Aude-Marie Lalanne Berdouticq (CMH, ENS), Camille Beaurepaire (CMH, Insee), Dorian Groll (CMH, EHESS), Pauline Adam (CMH, ENS/REPI, ULB).
 

*L'axe Données, Conduites, Savoirs (DoCSa) du CMH, coordonné par Emmanuel Didier et Thomas Depecker, explore les conditions sociales de production des savoirs et des discours d’autorité, leur mobilisation dans divers espaces et leur influence sur les conduites et les comportements individuels ou collectifs.
 

Bibliographie
ANR COCOLE (ANR-21-CE41-0012), Compter en situation coloniale, Chiffrer et déchiffrer les empires XIX-XXe siècle. https://chiffrempire.hypotheses.org/2445.
Brian, Eric. 1989. « Y a-t-il un objet Congrès? Le cas du Congrès international de statistique (1853-1876) ». Mil neuf cent 7(1) : 9-22. https://doi.org/10.3406/mcm.1989.975.
Brissaud, Constantin. 2021. « Des prophètes aux « data slaves ». Une analyse des signataires des rapports de l’OCDE sur la santé (1990-2018) ». Politix 133(1) : 111-148. https://doi.org/10.3917/pox.133.0111
Cussó, Roser. 2012. Comparer pour mieux régner. Histoire et sociologie de la quantification internationale, HDR dissertation, Paris: IEP.
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jeudi 12 septembre 2024

Technologies numériques, recherche biomédicale et santé publique

Technologies numériques, recherche biomédicale et santé publique : origines et développements, 20e-21e siècle
 

Colloque organisé par le comité pour l'histoire de l'Inserm

24 et 25 septembre 2024


Avant-propos

Les technologies numériques et la recherche biomédicale sont liées depuis les temps pionniers du traitement des données ou encore de la télémédecine. Le « numérique » a provoqué une transformation radicale du rapport à la distance et au temps qui affecte aujourd’hui l’ensemble de la recherche biomédicale et en santé publique.

L’Organisation mondiale de la santé dénomme désormais cet ensemble sous le vocable de « santé numérique ». Celle-ci est définie comme le domaine des connaissances et des pratiques associées au développement et à l’utilisation des technologies numériques pour améliorer la santé : cybersanté, informatique de pointe, mégadonnées en génomique, intelligence artificielle... (OMS, stratégie mondiale pour la santé numérique 2020–2025). Cet ensemble ouvre des questions d’organisation du système de santé, de surveillance sanitaire, de production et de partage de l’information, de télécommunications appliqués aux systèmes sanitaires. Tous les pans de la santé semblent désormais liés au numérique.

L’approche ne néglige pas les origines profondes de nombre de pratiques contemporaines (premiers réseaux internationaux de collecte, diffusion de l’information sanitaire, tournant assurantiel, statistiques, etc.). Elle prend également en compte l’ancienneté de certaines technologies qui ont impacté, avant la numérisation, les pratiques (télégraphie, téléphone, mécanographie…). Le colloque s’inscrit cependant spécifiquement dans une évolution s’amorçant après la Seconde Guerre mondiale. La numérisation entre visiblement dans le champ de la santé avec le lancement de l’IBM 360 qui marque le développement à partir du milieu des années 1960 de l’informatique dans les administrations – dans les milieux hospitaliers, puis avec l’informatisation des cabinets. L’ordinateur est perçu par certains comme l’outil capable d’aider le médecin à établir son diagnostic. Des projets sont ainsi développés à l’IRIA, dirigé par un médecin Michel Laudet, dès ses premières années d’existence. Les difficultés sont cependant importantes et le dialogue entre médecins et informaticiens est « complexe ».

Ces années 1960 correspondent également au début de numérisation des réseaux de télécommunications. Ils permettent de formuler des projets d’élargissement de la téléconsultation à l’échelle locale et régionale par les réseaux téléphoniques (réseau commuté). L’intervention de praticiens se limitait jusqu’alors à des domaines spécifiques comme la marine militaire ou marchande grâce aux ondes hertziennes. Cette montée en puissance des réseaux, bien qu’encore limitée, permet d’envisager d’intégrer l’image au processus. Dès 1969, Kenneth Bird et son équipe du Massachussetts General Hospital, pionnier dans le domaine, propose de développer la téléconsultation reposant sur des échanges interpersonnels en temps réel via un système de télévision interactive et bidirectionnel. Les déclinaisons pourraient être multiples : enseignement, accès aux télésoins pour les populations isolées, voire diffusion de l’éducation à l’hygiène. Selon le médecin, cela allait de pair avec les transformations majeures engendrées par l’irruption du téléviseur dans les foyers américains, prêts à accueillir ce nouveau type de médecine.

Les nouveaux réseaux des années 1980-1990 changent encore la donne. En France, le Minitel permet d’accéder à des informations et de transmettre des mesures. Il permet par exemple de suivre à distance des patients cardiaques. Les réseaux professionnels comme Transpac, puis les premiers développements d’internet en France facilitent les échanges de données entre acteurs du système de santé. La mise en place de la fibre optique sur les grandes artères accroît de manière gigantesque la capacité des réseaux.

L’informatique évolue aussi considérablement à mesure que la puissance de calcul et les mémoires disponibles augmentent pour des prix qui décroissent. Les Big Data et le retour, après une longue éclipse, du concept d’intelligence artificielle font renaître l’idée de voir la médecine « assistée » par l’ordinateur. Diagnostic, geste thérapeutique et chirurgical, robots, interventions à distance… au croisement de la robotique, de l’informatique et des réseaux, le numérique devient indissociable de l’évolution de la médecine.

Un autre volet s’ouvre à partir du milieu des années 1990 avec le développement du world wide web. L’ordinateur personnel entre dans les foyers. Il devient un outil de diffusion de l’information ouvert à l’ensemble des acteurs du monde de la santé et notamment aux patients qui ne sont plus seulement consommateurs de l’information médicale, mais aussi discutants, voire producteurs, ce qui ne va pas sans nourrir une forte inquiétude chez les professionnels de santé… Une santé 2.0 émerge avec le développement des réseaux sociaux ; les données relatives aux usagers deviennent une ressource essentielle pour les géants du web. La crise liée à la Covid a rendu particulièrement visible non seulement l’importance des solutions numériques avec le développement par exemple des consultations à distance, permettant d’assurer le lien avec le médecin généraliste en temps de confinement, mais aussi l’impossible canalisation de l’information sanitaire par les autorités ainsi que le développement des « fake med ». La surveillance d’Ebola a également montré la pertinence de développement de réseaux low-tech.

Invisibles, les dispositifs numériques se miniaturisent ou bien se déploient au sein de discrets dispositifs industriels. Les analyses médicales sont ainsi réalisées de manière robotisée et les résultats transmis directement par un e-mail. L’imagerie médicale, dont l’histoire a été étudiée lors de l’un de nos derniers colloques, est au cœur de cette numérisation des processus tant pour la production d’images de plus en plus précises que pour leur analyse assistée par l’intelligence artificielle.

Ce texte ne fait qu’effleurer la richesse du sujet. L’histoire de la relation des technologies numériques à la recherche biomédicale et à la santé publique est intrinsèquement liée aux évolutions d’une société transformée par les supports de télécommunications et les médias. Il est nécessaire de diversifier les approches en privilégiant la question de la relation entre Recherche, Soignants et Patients. Autrement dit : un nouveau regard sur le « colloque singulier » entre le médecin et son patient qui a vu la place des professionnels de santé tout comme la figure du patient bouleversées par ce qu’il est convenu d’appeler les « révolutions numériques ».

Dans cette perspective, le colloque aura pour priorité la rencontre interdisciplinaire par les échanges entre historiens, spécialistes en sciences humaines, grands témoins et acteurs des technologies numériques en recherche biomédicale et en santé. À travers les thématiques ciblées, Ie programme développera les liens entre les dynamiques historiennes et les questions du temps présent : les enjeux économiques et sociaux (recherche et développement, politique industrielle, inégalité territoriale et sociale), professionnels (quelles relations entre les corps professionnels, médecins, ingénieurs, informaticiens), éthiques (secret et accès aux données), culturels et scientifiques (place des hautes technologies dans le quotidien, banalisation et résistance).
 

Organisateurs et comité scientifique 

Marcel Goldberg, Professeur émérite, d'épidémiologie, Université Paris Cité, docteur en médecine, en biologie humaine et en mathématiques appliquées
Pascal Griset, Professeur d’histoire contemporaine, Sorbonne Université, UMR SIRICE, Président du comité pour l’histoire de l’Inserm
Cécile Méadel, Professeure des universités, IFP, Université Paris-Panthéon-Assas, chercheuse associée au centre de sociologie de l'innovation Mines ParisTech - CNRS – PLS, membre du Comité pour l’histoire de l’Inserm
Benjamin Thierry, maître de conférences, UMR SIRICE, Sorbonne Université

Programme
Mardi 24 septembre 2024

9h15 Accueil et inscription des participants

9h30 Ouverture du colloque

10h Introduction par Pascal Griset, Sorbonne Université, Président du Comité pour l’histoire de l’Inserm


Pierre Musso, Université Rennes II, Télécom Paris Tech : « Perceptions du numérique dans la société »
Mathilde Lancelot, Nantes Université : « Des soins, des technologies et des médiations »
 

11h45 - Session 1 : Surveillance de la maladie et soins à distance
Présidence : Thomas Lombes, directeur général délégué stratégie, Inserm (sous réserve) 

Alain-Jacques Valleron, Sorbonne Université, Académie des Sciences : « Le réseau sentinelles, 1984 : histoire de sa naissance »
Alexandre Mathieu-Fritz, Université Gustave Eiffel : « Le lent développement de la télémédecine française. Retour sur quarante ans d’histoire »
Cristina Lindenmeyer, UTRPP, Université Sorbonne Paris Nord : « Rôle de l’intelligence artificielle et évolution du monitoring, à partir d’une recherche interdisciplinaire réalisée en 2021 sur l’Apnée du sommeil »

13h DEJEUNER
14h - Session 2 : L’informatique médicale (1) : temps pionniers et premiers développements
Présidence : Antoine Tesnière, PariSanté Campus 

 Patrice Degoulet, Université Paris Cité : « François Grémy et la naissance de l’informatique médicale, des années 1960 aux années 1980 »
Benjamin Thierry, Sorbonne Université, « ‘L’informatique au secours de la médecine’ à l’Iria, de la fin des années 1960 aux années 1970 » Marius Fieschi, Aix-Marseille Université : « Témoignage sur l’avènement de l’informatique médicale : la naissance de l’intelligence artificielle en médecine »
Jacques Demongeot, Université Grenoble-Alpes : « Fondation et développement à Grenoble du premier Système d’Information Hospitalier Intégré français, les années 1980 »
 

16h - Session 3 : Robotique et interface homme/machine
Présidence : Francesca Musiani, Chargée de recherche HDR au CNRS, Directrice adjointe du Centre Internet et Société 

Pascal Griset, Sorbonne Université, président du Comité pour l’histoire de l’Inserm : « Spartacus : les premiers pas de la robotique médicale dans la seconde moitié des années 1970 » Jocelyne Troccaz, CNRS, Académie nationale de chirurgie, Académie des Sciences : « Carrière et recherche en robotique médicale, des années 1990 à nos jours »
Guillaume Charvet, CEA, Clinatec : « Interface Cerveau-Machine pour la compensation du handicap moteur : de la conception aux preuves de concept cliniques, des années 2000 à nos jours »

17h30 fin de la première journée


Mercredi 25 septembre 2024

9h15 Accueil et inscription des participants
9h30 - Session 4 : l’informatique médicale (2)
Présidence : Marcel Goldberg, Inserm 

 Joël Ménard, Université Paris Cité : « Le dossier médical informatisé, rétrospective des années 1970 aux années 2010 »
Ségolène Aymé, Inserm, ICM : « Témoignage sur cinquante ans d’usage de l’informatique au service de la recherche pour améliorer les connaissances et les pratiques médicales dans le domaine des maladies rares »
Marie Zins, Université de Paris Cité, Inserm UMS 11 : « De Gazel à Constances : la révolution numérique et les cohortes en population depuis la fin des années 1980 »
Brigitte Séroussi, LIMICS, UMR S1142, Sorbonne Université : « Des approches à base de connaissances aux approches à base de données, panorama des intelligences artificielles pour l’aide à la décision en médecine des années 1990 à nos jours »
 

11h - Session 5 : Transformations des laboratoires
Présidence : Catherine Jessus, CNRS, membre du Comité pour l’histoire du CNRS  

Joseph November, University of South Carolina, USA, “’Problem-solving might be a throwaway:’ Dendral and the Human’s New Role in Biomedical Discovery in the 1960s and 1970s”
Philippe Dessen, DR CNRS Honoraire, Institut Gustave Roussy, Villejuif : « Les débuts de la bio-informatique génomique dans les années 1980-2000 »
Jacques Beckmann, Université de Lausanne : « Témoignage : du code génétique à la médecine personnalisée »
Dominique Collard, CNRS, Université de Tokyo : « De l’initiative d’un laboratoire à Tokyo à l’émergence des BioMEMS et organes sur puce pour la recherche contre le cancer en France, des années 1990 aux années 2000 »
Xavier Gidrol, CEA, BIOMICS, UA 13 (INSERM/CEA/UGA) IRIG : « Les organoïdes sur puce : une brève histoire du futur des biopuces »

13h DEJEUNER
14h - Session 6 : Modélisation et jumeaux numériques
Présidence : Michel Dojat, Inria 

Nicholas Ayache, Inria, 3IA Côte d’Azur : « Des images médicales au jumeau numérique : un témoignage à travers mon parcours Inria de 1981 à 2024 »
Dominique Chapelle, Inria : « Du couplage modèles-données au jumeau numérique du coeur: 20 ans de modélisation pour la médecine à l’Inria»
Richard Frackowiak, Professeur émérite, University College London, École Polytechnique Fédérale de Lausanne : « The Human Brain Project, 2013-2023 : une rétrospective»
Pauline Elie, EHESS (UMR 8131), Hôpital Lariboisière : « Éthique des jumeaux numériques : de la simulation d’artéfacts à celle de personnes humaines »
 

15h45 - Session 7 : Table ronde
Technologies numériques pour la recherche biomédicale et en santé publique, maintenant et demain

Présidence : Cécile Méadel, Paris-Panthéon-Assas, Carism, membre du Comité pour l’histoire de l’Inserm Marie-Christine Jaulent, Inserm
Sébastien Massart, Dassault Systèmes
Bernard Nordlinger, Académie nationale de médecine
Valérie Peugeot, Sciences Po

17h Fin du colloque

mercredi 11 septembre 2024

L’évolution du lit comme objet symbolique en psychiatrie

Entre surveillance et thérapie : histoire du lit en psychiatrie


Table-ronde

MA 24 SEPTEMBRE 2024
18h30-19h30
Palais de Rumine, Salle du Sénat
Gratuit, sur inscription

Témoin de l’évolution des dispositifs thérapeutiques en psychiatrie, le lit reflète la manière dont on perçoit les rapports entre sommeil et santé mentale à travers les époques. Les documents d’archives rendent compte des usages multiples du lit, d’un instrument de surveillance à un lieu de repos et d’intimité en passant par une unité de mesure quantifiant l’activité d’un hôpital.

Alors que, du XIXe siècle aux années 1950, le sommeil prolongé est utilisé pour « calmer les esprits », à l’image de la cure de Sakel, certain·es soignant·es recommandent de réduire le temps de sommeil dans des cas de crise psychotique au tournant des années 1990-2000.

Mobilier a priori ordinaire, le lit permet en réalité d’aborder l’histoire de la psychiatrie sous un autre jour et d’éclairer certains de ses angles morts—la place de la sexualité dans les hôpitaux, par exemple.

Avec la participation de Payot-Lausanne



INTERVENANTES
Émilie Bovet, chercheuse et maitre d’enseignement à la Haute École de Santé Vaud (HESAV)
Aude Fauvel, maître d’enseignement et de recherche en histoire de la médecine à l’Institut des humanités en médecine (CHUV-UNIL)



Les médecins éducateurs

 « Les médecins éducateurs » (XXe-XXIe siècles)

Appel à propositions


Séminaire de recherche interdisciplinaire

Responsables : Johann-Günther Egginger (jgunther.egginger@univ.artois.fr) et Laurent Gutierrez (lgutierrez76@aol.com).


Séminaire organisé par le CREHS (Centre de Recherche et d’Études « Histoire et Sociétés » – UR 4027) de l’université d’Artois.


Argumentaire
Qu’il s’agisse de protéger le « capital santé », de penser la prise en charge des enfants anormaux ou d’assurer à l’enfance inadaptée une rééducation qui lui est nécessaire, les médecins se sont souvent fait « éducateurs » pour que la portée sociale de leur action soit plus importante. Ce séminaire souhaite interroger cette intention à travers ses différentes formes (prophylactique, thérapeutique notamment) tout en questionnant les époques et les milieux où elle s’est manifestée. Centré sur l’éducation des enfants et des adolescents, ce séminaire mettra aussi à l’étude les effets escomptés par ces médecins sur ces deux catégories d’âges dont les bornes ont varié depuis le début du XXe siècle. Il s’agira, en outre, de montrer comment la santé, ce bien le plus précieux sur lequel reposent les espoirs de la guérison, a servi d’argument dans le cadre d’une propagande dans et hors l’école à l’époque où elle fut menée. Les sociabilités de ces « médecins éducateurs » seront également travaillées afin de faire la lumière sur les moyens à partir desquels ils ont pu diffuser à plus ou moins grandes échelles leurs propositions.


Calendrier :
Ce séminaire se déroulera en mode hybride, dans les locaux du CUIP (Comité universitaire d'information pédagogique) à Paris et online, aux dates suivantes :
Séance 1 : Jeudi 10 octobre 2024 (9h15-11h45)
Séance 2 : Jeudi 05 décembre 2024 (9h15-11h45)
Séance 3 : Jeudi 30 janvier 2025 (9h15-11h45)
Séance 4 : Jeudi 09 avril 2025 (9h15-11h45)


Informations diverses :
Ce séminaire est ouvert aux chercheur.e.s, enseignant.e.s-chercheur.e.s, aux docteur.e.s, aux doctorant.e.s, aux étudiant.e.s de Master et aux professionnels de l’éducation et de la formation.
Les personnes qui en feront la demande se verront délivrer une attestation de présence.
Ce séminaire accueillera des communications de doctorant.e.s, docteur.e.s, de chercheur.e.s et d’ensseignant.e.s-chercheur.e.s francophones.
Les textes envoyés par les intervenants seront réunis, après expertise, dans un ouvrage universitaire.
 

Proposition de communication à faire parvenir à Johann-Günther Egginger (jgunther.egginger@univ.artois.fr) et à Laurent Gutierrez (lgutierrez76@aol.com)

mardi 10 septembre 2024

L’histoire de la santé du point de vue des femmes

L’histoire de la santé du point de vue des femmes



Cycle de conférences du réseau Historien.nes de la santé en partenariat avec l’Unité de recherche sur l’histoire du nursing


Automne 2024

Un jeudi par mois de 12h30 à 13h30 (heure de Montréal) en ligne


26 septembre 2024
Camille Jaccard (Université de Lausanne) : Paroles (de) folles dans la psychiatrie du XIXe siècle


24 octobre 2024
Juliette Ferry-Danini (Université de Namur) : L’histoire pas toute rose du Spasfon et ses conséquences pour la santé des femmes


14 novembre 2024
Nicolas Sueur (LARHRA), Augustine Debaralle: une guérisseuse/soignante en quête de légitimité dans la France du début du XIXe siècle


12 décembre 2024
Lucile Ruault (CNRS), La fabrique d’un “acte médical comme un autre”, un enjeu de lutte au sein du mouvement pour l'avortement libre (les MLAC, 1972-84)


Inscription gratuite mais obligatoire à : aklein@uottawa.ca