Histoire de l’alimentation en Lorraine : de la production à la consommation
Appel à communications
Le comité d'histoire régionale, service du Conseil régional de Lorraine, organise les 27 et 28 novembre 2015 un colloque consacré à l'histoire de l'alimentation en Lorraine. Cette manifestation scientifique a pour vocation d'étudier les interactions liées à la production, le stockage, la transformation et la consommation des aliments ainsi que les représentations liées aux pratiques alimentaires. Les propositions de communication devront s'appuyer sur des données relatives à la Lorraine.
Se nourrir, cet enjeu crucial de l’humanité est au cœur de pratiques en perpétuelle évolution. De la révolution néolithique qui a vu la sédentarisation des hommes aux questionnements actuels sur le modèle d’agriculture productiviste, chaque société a été confrontée à la problématique de l’alimentation et à ses multiples facettes : production, conservation, consommation mais aussi représentations.
Le renouveau historiographique autour de ce thème est important. Le 138e Congrès du C.T.H.S. de Rennes, Se nourrir. Pratiques et stratégies alimentaires, en a offert en 2013 un riche panorama et les colloques et publications explorant en détail tel ou tel aspect sont bien trop nombreux pour être cités ici. Les contributions des disciplines voisines telle que l’archéologie, la sociologie, l’anthropologie sont également importantes. Dans cette dynamique, le Comité d’Histoire régionale propose d’examiner de façon diachronique les recherches en cours et les résultats récents portant sur la Lorraine.
L’alimentation peut s’envisager comme un processus, de la production des denrées alimentaires à leur consommation, dont chaque étape peut être regardée à la fois sous l’angle des procédés mais également des implications sociales. Des représentations liées à la nourriture et à la boisson émergent de chaque société et sont un corollaire incontournable de ce processus. Les propositions de communications devront concerner l’espace lorrain et une attention particulière sera réservée pour les études s’appuyant sur des sources inédites. Les propositions peuvent s’inscrire dans ces différents angles d’approches :
1. La production alimentaire
Tout débute avec la production des denrées alimentaires. Celle-ci revêt des modalités qui ont fortement évolué dans le temps et dans l’espace, au gré de contraintes physiques et biologiques mais également sous l’effet de facteurs sociaux. Depuis la sédentarisation et le passage d’une économie de prédation à une économie de production, l’agriculture et l’élevage occupent la place essentielle pour pouvoir aux besoins en nourriture. Néanmoins, la chasse et la pêche, ainsi que la cueillette, conservent un rôle plus ou moins prononcées selon les périodes et les couches sociales étudiées. Secteur économique dominant dans les sociétés anciennes, la production agricole est en relation étroite avec d’autres activités économiques, parfois en association par exemple pour la production de matières premières animales destinées à l’artisanat et à l’industrie, parfois en concurrence, notamment avec la sylviculture. L’agriculture et l’élevage marquent très fortement les paysages ; ainsi, les grands mouvements de défrichements ont fait reculer le couvert forestier avant que celui-ci ne subisse la pression des activités proto-industrielles ou au contraire ne regagne du terrain, souvent lors de crises démographiques. À l’inverse, les paysages agricoles subissent aujourd’hui la pression des activités commerciales, notamment dans les périphéries urbaines.
Les modes de production, de l’autosubsistance à la production intensive, trouvent leur place ici. Il peut s’agir de productions destinées à la vente mais également de production domestique qui ont longtemps constitué un complément notable pour les populations. La filière agro-alimentaire en Lorraine mais également les « nouveaux » modes de production privilégiant les filières courtes témoignent de l’actualité de ce thème dans notre société.
L’évolution des produits cultivés (céréales, légumes, fruits, vignes, …) est également un angle d’approche pertinent. De nouveaux produits ont marqué leur époque et témoignent, outre la découverte de nouvelles plantes, d’une adaptation sociale. Les produits cultivés deviennent également sources d’informations sur les sociétés anciennes et les travaux archéologiques, en palynologie et carpologie notamment, permettent ainsi de qualifier l’occupation des sols à partir des indices végétaux.
2. Stockage, transformation et approvisionnement
Après la production, la conservation des denrées constitue un second défi. Les solutions peuvent revêtir la forme de lieux de conservation (silos, granges, greniers, chalots, glaciaires, …) mais également de processus (salage, séchage, conserve, …). La transformation des denrées (mouture, brasserie, vinification, charcuterie, …) pour arriver à des productions abouties répond également, outre les enjeux gustatifs, à ce souci de conservation.
La cohésion d’une société dépend de sa capacité à nourrir les hommes. Le climat mais également les conflits peuvent être sources de crises frumentaires importantes qui mettent en cause les capacités de résilience des sociétés. Les milieux urbains notamment, par leur incapacité à s’autosuffire, développent des stratégies d’approvisionnement et de stockage plus ou moins efficaces. Les œuvres sociales visant à nourrir les plus démunis caractérisent, sous des formes variables, la plupart des époques en participant au contrat social.
3. Préparation et consommation
La préparation des repas est l’ultime étape avant leur consommation. Elle peut être appréhendée à travers les lieux dédiés (foyers, cuisines, …) mais également la vaisselle et les ustensiles de préparation, dès lors que ceux-ci nous renseignent sur les modes d’alimentation et de consommation (les approches purement typologiques sont à exclure). La manière de cuisiner ou d’apprêter les aliments peut également témoigner de zones pratiques géographiques distinctes comme l’ont montré les travaux ethnographiques dans notre région. Les préparations à des fins non alimentaires, notamment médicales ou rituelles, peuvent également être évoquées.
Manger, aboutissement du processus, est un acte fortement marqué par son époque. Plus ou moins influencées par le contexte géographique et surtout social, les modes et pratiques alimentaires évoluent constamment dans le temps et l’espace. Elles sont également diverses au sein d’une société où les pratiques alimentaires sont fréquemment une source de distinction sociale. L’impact de la consommation alimentaire sur les Hommes, et notamment sur leur santé, peut s’appuyer sur les données historiques mais aussi sur les recherches récentes en paléo-anthropologie. La contrainte volontaire de la consommation (régimes médicaux ou de « confort », jeûne, …) et les spécificités de la restauration collective, en milieu professionnel ou notamment, entre également dans le champ d’étude de ce colloque.
4. De la représentation aux représentations
Le repas est un temps social incontournable, souvent source de distinction sociale, tant par le nombre de convives, les mets servis que la mise en scène qui peut l’accompagner. Cela est particulièrement net dans les milieux privilégiés de la société où le repas peut donner lieu au déploiement d’une véritable scénographie. Le faste du repas n’est toutefois pas réservé aux élites et recevoir à manger constitue toujours l’occasion pour un hôte de marquer ses invités.
Cette force symbolique du repas tient à ce que celui-ci est source de représentations. Celles-ci s’illustrent particulièrement par l’existence de tabous et interdits alimentaires ou au contraire par la recherche de mets prestigieux. Par convention, certains menus s’imposent également comme éléments indissociables de temps de fêtes, religieuses ou laïques.
L’alimentation est enfin un marqueur identitaire important. Les spécialités régionales, tant pour la culture de certains produits que la réalisation de recettes particulières, en sont une expression particulièrement forte aujourd’hui.
Soumission des propositions
Les propositions de communications comportant un titre et un résumé d’environ 2000 signes, les coordonnées complètes de l’intervenant (nom, prénom, fonction et rattachement institutionnel, courriel, adresse postale du domicile, téléphone) doivent être envoyées en français (fichier attaché en format word (.doc ou .docx), .rtf ou .pdf) aux adresses suivantes :
chr@lorraine.eu ou par courrier à Vianney Muller, Comité d’Histoire Régionale, Conseil Régional de Lorraine, Place Gabriel Hocquard, B.P. 81004, 57036 Metz cedex 01 (tél. 03.87.54.32.62.),
Date limite d’envoi : 15 avril 2015
Les propositions seront examinées par le Conseil scientifique du Comité d’Histoire Régionale.
Conditions particulières : Le colloque devrait faire l’objet d’une captation vidéo pour une retransmission sur le web ; les intervenants s’engagent donc à concéder au Conseil Régional de Lorraine le droit d’exploitation de leur image pour la mise à disposition des interventions du colloque en ligne.
Calendrier
15 avril 2015 Date limite d’envoi des propositions
15 mai 2015 Choix définitif des propositions par le Comité scientifique et choix du titre définitif
27-28 novembre 2015 Déroulement du colloque
1er février 2016 Réception des textes définitifs pour publication
Lieu
Le colloque se déroulera à Pont-à-Mousson, à l’abbaye des Prémontrés.
Frais
Les frais de voyage, d’hôtel et de restauration sont pris en charge par les institutions organisatrices du colloque. L’organisation sera précisée aux intervenants retenus au mois de mai 2015.
Comité scientifique
Cette mission est assurée par le conseil scientifique du Comité d’Histoire régionale :
Claire BEN LAKHDAR (Conservatrice en chef, Bibliothèque de Verdun)
Mireille-Bénédicte BOUVET (Conservateur en chef, Service régional de l’inventaire du patrimoine culturel)
Philippe BRUNELLA (Conservateur en chef, Musée de la Cour d’Or, Metz)
François COCHET (Professeur des Universités, Université de Lorraine)
Laurent COMMAILLE (Maître de conférences, Université de Lorraine)
Jeanne-Marie DEMAROLLE (Professeur des Universités honoraire, Université de Lorraine)
Léon ENGELBERT (Professeur certifié)
Gérard GIULIATO (Professeur des Universités, Université de Lorraine)
Catherine GUYON (Maître de conférences, Université de Lorraine)
Claire HAQUET (Conservatrice, Bibliothèque de Nancy)
Jean-Pierre HUSSON (Professeur des Universités, Université de Lorraine)
Laurent JALABERT (Maître de conférences, Université de Lorraine)
Annette LAUMON (Conservateur en chef, Conseil général de Meurthe-et-Moselle)
Nicolas LEMMER (Responsable, Archives municipales de Stenay)
Julien LEONARD (Maître de conférences, Université de Lorraine)
Hugues MARSAT (professeur agrégé)
Gérard MICHAUX (Maître de conférences honoraire, Université de Lorraine)
François PETRAZOLLER (Conservateur en chef, Archives départementales des Vosges)
Pascal RAGGI (Maître de conférences, Université de Lorraine)
Martine SADION (Conservatrice en chef, Musée de l’Image, Épinal)
Comité d’organisation
Laurent Jalabert (Université de Lorraine)
Vianney Muller (Comité d’Histoire Régionale)
Sophie Dalla-Guarda (Comité d’Histoire Régionale)
Elisabeth Pacary (Comité d’Histoire Régionale)
LIEUX
Abbaye des Prémontrés - 9, rue saint Martin
Pont-à-Mousson, France (54)
CONTACT
Vianney MULLER chr@lorraine.eu